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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 20:49

« Redde Caesari quae sunt Caesaris »… aurait pu dire l’historien Bart De Wever en réponse aux réactions (assez excessives comme tout ce qui touche à cet homme) suscitées à ses propos à la VRT.

 

Ce terme (wallonisering) est pourtant largement utilisé en Flandre depuis fin 2009, moment où les Flamands se sont rendus compte que suite à la crise, le chômage y a grimpé de plus de 20% alors que la Wallonie s’en tirait avec une hausse plus modérée de 3.4 %.

 

Et l’inventeur de cette expression est l’économiste vedette de Flandre, le gourou des marchés, le juke-box à opinions, le spécialiste en tout, le chouchou des petits écrans, surtout la RTB(f). Vous l’aurez reconnu, c’est GEERT NOELS ! (une simple recherche sur Internet vous le confirmera). Début 2010, il avait précisé sa « pensée » à l’émission « Matin première »,  soulignant que « dans les mêmes circonstances traversées à l’époque du déclin (organisé par la Belgique, mais ça, il ne l’a pas dit) de la Wallonie, la Flandre réagit de la même manière ».

La presse s’est empressée d’utiliser ce concept comme le Standaard du 2 février 2010 qui titrait : « la Flandre se wallonise-t-elle ? ».

 

Mais si ce terme est aussi populaire, que mettent-ils vraiment dans ce vocable douteux ? Douteux parce qu’il intègre tous les clichés sur la Wallonie qu’ont les Flamands). Leur patronat (Thomas Leysen (FEB), Herman Daems (Société flamande d’investissement GIMV)) comme les politiques (Herman et Eric Van Vompuy, Alexander De Croo…) n’ont depuis plus cessé de l’utiliser dans le sens que frappée par la crise économique (fermetures de grandes entreprises comme Opel, Ford. Et demain Volvo et Audi ?) la Flandre se mettrait à ressembler à la vision qu’ils ont de la Wallonie.

A noter que deux versions du terme circulent.

Une première : la Flandre se met à ressembler à la Wallonie avec un chômage élevé, une emprise suffocante des pouvoirs publics, une morosité économique générale, des syndicats « agressifs » et des routes qui se dégradent…

L’autre – plus discrètement évoquée et pour cause – veut que : « ce que les Wallons font, ils le font mieux »…

Et c’est vrai, toute proportion gardée, on peut observer que le chômage augmente en Flandre plus sensible au retournement de conjoncture, le nombre de fonctionnaires flamands croit (50% des fonctionnaires sont flamands d’après une étude publiée en 2010 par Dexia), la décision économique s’éparpille, le taux d’activité est bas (le nombre de chômeurs de plus de 50 ans augmente et 70% des travailleurs qui ont choisi un crédit-temps sont flamands. 

Certes, l’économie flamande conserve de solides atouts, les finances publiques y semblent plus saines et le taux de chômage y est plus bas. Mais, le doute s’est bien installé.

 

Quoi d’étonnant à ce que le président du plus grand parti - de droite - se fasse le relais de ce doute en proposant des mesures conformes à ses vues. Il vise bien évidemment les politiques qui auraient conduit la Wallonie où elle est, ces partis qui, sauf pour de brèves périodes, sont au pouvoir au fédéral depuis la dernière guerre. Il vise le PS(B !) et le PSC-CDH. Ces derniers se sont d’ailleurs empressés de botter en touche en disant que De Wever s’en prenait aux Wallons… Et le tour est joué, on le diabolise ainsi à bon compte. Un indépendantiste flamand, même démocrate, ne peut être qu’un nazi, évidemment. Les militants wallons pourtant issus de la Résistance ont eux été traités d’inciviques lorsqu’ils ont mis en cause l’unité factice de la Belgique en prônant une régionalisation. Alors qu’un nationaliste belge est paré de toutes les vertus. Rien de nouveau sous le ciel belge…

 

Ceci dit, la métaphore est péjorative, j’en conviens. Mais, il s’agit là d’un procédé courant. L’écolo Marcel Cheron n’a-t-il pas parlé un jour « d’ hennuyèrisation » pour critiquer la politique choisie pour le développement de Nivelles ? Ne parle-t-on pas - mais là, ce n’est pas péjoratif - de « bruxellisation », puisque c’est un terme utilisé par les urbanistes pour désigner les bouleversements urbanistiques d'une ville livrée aux promoteurs au détriment du cadre de vie de ses habitants ?

 

J’ai pour ma part une toute autre définition du terme « wallonisation ».

 

C’est la stratégie belge de pillage systématique d’une région, la Wallonie, au profit de la capitale d’un pays et d’une autre région sous couvert de solidarité nationale.

 

C’est ainsi que depuis 1830, on a considéré que ce qui était bon pour la Flandre et Bruxelles était bon pour la Wallonie, et vice versa. Cette phase de « solidarité nationale » visant à développer un axe économique puissant Bruxelles-Anvers ( la belgicisation ?) a duré jusqu’à la crise de la sidérurgie wallonne. Et quand ce fut au tour de la Flandre d’assumer le rôle de région contributrice, les élites flamandes ont très rapidement entamé une campagne - toujours en cours - de dénonciation des « transferts » vers la Wallonie. « La Flandre a refusé de venir au secours de la sidérurgie wallonne », explique Michel Quévit dans son livre « Flandre-Wallonie, Quelle solidarité ? ». Le ton a été donné par l’ACV, l’aile flamande de la CSC (le syndicat chrétien) – « plus un franc flamand à la sidérurgie wallonne » – et, côté politique, par Eric Van Rompuy, qui, en 1979 – il est président des CVP Jongeren –, déclarait : « J’en ai assez du poids wallon ! La Flandre en a marre de supporter le poids économique de la Wallonie. »

 

Quand il s’est agi d’aider la sidérurgie wallonne, on a décidé d’aider aussi d’autres secteurs, regroupés dans ce que l’on a appelé les « secteurs nationaux » (sidérurgie, textile, fabrications métalliques, automobile, construction navale, verre, charbonnages…qui, ceux-là, intéressent tout spécialement la Flandre). De 1977 à 1980, la Flandre a ainsi capté 77 % des aides de l’État (La sidérurgie, sur la même période, reçoit 22 % des aides, dont une partie profite à Sidmar, qui n’en a pas besoin, étant notamment déjà aidée par les lois d’expansion économique).

Pourtant, il aurait été logique que la Wallonie, qui était en déclin, reçoive la plus grande part de ces fonds. C’est à ce moment-là qu’a sonné le glas de la solidarité économique et à partir des années 90, c’est la solidarité sociale qui est remise en cause.

 

Mais qui le sait aujourd’hui ? Qui en est conscient, ou plutôt qui osera la dire dans une presse aux ordres des politiques qui se gargarisent d’avoir « sauvé le pays » ? Quand cessera-t-on de mentir au peuple wallon ?

 

Et une petite réflexion pour terminer. On peut s'étonner du succès de certaines formules et de leur persistence dans le temps. Parfois malgré leur grande bêtise. Il y a la légende (fausse !) des Wallons qui auraient refusé le bilinguisme dans les années '30, par exemple dont l'origine est inconnue mais qui est encore aujourd'hui répercuté dans la presse.

Mais il y en a d'autres dont l'origine est connue : "Les francophones ne sont demandeurs de rien" (Maingain) ou encore : "le confédéralisme est le fédéralisme des cons" (Delperée) et qui sont tout à fait idiotes, mais ont beaucoup de succès.

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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 23:35

Depuis le W.E. et la double intervention d'un Picqué en fin de carrière (moment propice pour enfin dire la vérité) et celle de Bart De Wever on ne parle plus que du "retour du Plan B"..

 

Un "plan B" unissant dans une même fiction Bruxelles (bilingue - où donc les Flamands sont aussi chez eux -  et même multiculturelle si pas multicommunautaire ! ) à la Wallonie (de langue française) ne serait évidemment qu'un pis-aller.

 

C'est, dès le départ, un machin voué à l'échec.

Les différences sociologiques, culturelles et économiques sont telles que ça ne pourra jamais fonctionner.

 

Bart De Wever parle d'un confédéralisme par la révison (application) de l'article 35 de la constitution. Il est suivi par une majorité de Flamands. Soit ! C'est un fait.

 

La Wallonie qui a été la deuxième puisance économique du monde par tête d'habitant au début de siècle dernier a beaucoup souffert de la Belgique et du pillage en règle de ses richesses. Pillage de type colonial... au profit de Bruxelles et de la Flandre. (Lire Quévit à ce propos). C'est un autre fait.

 

La bonne proposition à faire, c'est d'accepter et négocier le confédéralisme, mais un confédéralisme à quatre.

 

Quatre Etats-Régions démocratiques, économiquement développés, libres et égaux en droits, capable de passer des accords de coopération sans contrainte et sur pied d'égalité sur les sujets les intéressants avec les nouveaux Etats isssus de l'ancien royaume de Belgique, ainsi que des alliances avec les pays voisins dont certains sont loin de nous être hostiles, d'autant plus qu'ils ont compris l'intérêt - pour eux comme pour nous - de la position géostratégique exceptionnelle de la Wallonie sur ce continent. Nous ne sommes plus au XIXème siècle.

Cette proposition de confédéralisme à quatre, c'est pas nouveau, le Rassemblement wallon, depuis 2007, suivi ensuite par d'autres comme Van de Lanotte par exemple, défend ce projet qui aurait le mérite d'assurer une transition (une fin ?) en douceur.

 

Les Wallons ne doivent pas avoir peur de l'autonomie. Les transferts sud-Nord" se sont poursuivi jusqu'au milieu des années '80 alors que le PIB de la Flandre a dépassé celui de la Wallonie en 1956 !

L'exemple du Brabant wallon, (ci-devant arrondissement de Nivelles de la province unitaire du Brabant) dont le redressement éa été spectaculaire depuis la scission de la province unitaire du Brabant est là pour montrer qu'autonomes, ce qu'ils font eux-mêmes, les Wallons le font mieux.

Enfin, la régionalisation, certes trop tardive, complétée partiellement par le fédéralisme, malgré ses insuffisances (et sa complexité, à quoi bon garder cette Communauté dite française sans territoire, ni moyens, ni identité, ni vision d'avenir ?) a permis à la Wallonie d'éviter la catastrophe économique. Allons plus loin !

 

Et Bruxelles ? (Certains m'accusant de ne pas aimer cette ville région... Alors qu'il ne s'agit dans mon esprit que d'une volonté de non ingérence que je souhaiterais partagée. De quel droit, moi, Wallon, pourrais-je dire ce qui serait bon pour ses habitants ?)

Les Bruxellois tiennent évidemment fortement à leur spécificité et un statut d'Etat « ville libre internationale » n’est donc pas à exclure et n’a absolument rien de fantaisiste (à condition que ce ne soit pas un "district européen, zone de non-droits). Après tout, Berlin est bien enclavée dans un Länder... ce qui ne pose aucun problème.  Et l'Europe, ou ce qui en tiendra lieu demain, veillera  comme aujourd'hui à l'application des traités sur la libre circulation des homme et des marchandises. Il n'y a donc aucune crainte à avoir là non plus. Mais c'est à eux à faire leur choix.

 

Un plan B est synonyme d'échec, de solution de rechange quand quelque chose n'a vraiment pas marché. Et si on réfléchissait une bonne fois pour toute à une véritable "réingéniérié institutionnelle". Tournons-nous vers l'avenir !

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29 juillet 2012 7 29 /07 /juillet /2012 13:33

Saison creuse sur le front des déclarations politiques… Ceux qui ne sont pas en vacances préparent les communales et tous sont dans leurs petits souliers en attendant le résultat électoral de la N-VA.

 

C’est donc - pour les journalistes - le moment de chercher de quoi attirer l’attention des lecteurs. Le monstre du Loch Ness et E.T. étant aux abonnés absents, il reste a chercher du côté des farfelus, genre Laurent louis ou Michaël Modrikamen. Les « Laurel et Hardy » de la droite extrême. Sauf qu’eux, ne font pas vraiment rire.

 

Ce samedi, c’est ce Modrikamen  - oui, celui qui a dit à la RTB(f) que « Le FN n'est pas un parti d'extrême-droite » - qui a fait le bonheur de David Coppi du « Soir » de Bruxelles.

Il se voit en allié … de la N-VA ! Et se donne jusqu’à 2014 pour réussir son pari…

 

Evolution impressionnante pour ce belgicain unitariste forcené (ex ?) ami de Rudy Aernoudt, ce Flamand - licencié par le Gouvernement flamand de son poste de secrétaire-général du département Economie, Science et Innovation de l'administration flamande - grand partisan de la fumeuse « circonscription électorale unique.

 

J’imagine mal ce parti devenir confédéraliste, lui qui il y a encore peu ne souhaitait plus que deux niveaux, le fédéral (prépondérant)  et les Régions.

 

Certes, la V-VA a un programme économique que dans certains de ses aspecte on peut qualifier de droite, proche de celui du MR, mais il s’agit là d’une droite démocratique. Alors que, loin de là, les positions du P.P. se situerait plutôt à la droite de la droite.

 

Le seul point où je partage l’opinion de Modrikamen c’est quant il dit : « Les structures belges actuelles sont dépassées dans les faits, la dernière réforme de l’Etat n’y changera rien : nous allons droit vers le basculement dans un autre monde en 2014, à l’issue des élections législatives et régionales. » Mais, ce n’est évidemment pas un scoop ! N’importe quel observateur, même porteur d’œillères, de la vie politique vous dira la même chose.

 

J’avoue avoir du mal à comprendre pourquoi des journalistes acceptent de se faire le relai de ce genre de propos.  J’imagine mal une telle alliance contre-nature. Tellement de choses séparent la N-VA (diabolisée par la « presse francophone » qui n’accepte pas le combat pourtant honorable de ce parti pour l’indépendance flamande et qui par cette attitude veulent absolument conserver une Belgique unie et devraient pourtant petit à petit se faire à l'idée que ce sera une Belgique à forte coloration flamande) du P.P. que je verrais beaucoup plus proche du Vlaams Belang.

On ne peut donc évidemment pas comparer avec le passé où à l'époque où le nationalisme flamand était incarné par la Volksunie, certains partis wallons discutaient avec ses représentants. L'acquis du fédéralisme belge, c'est cette tradition du dialogue, en amont de la réforme de l'Etat. Le Rassemblement wallon y a beaucoup aidé. Un peu comme la Volksunie, ce parti comprenait des personnalités très diverses, des gens qu'on a retrouvés ensuite dans d'autres partis, comme Jean Gol, Etienne Knoops, François Perin chez les libéraux, Yves de Wasseige au PS, Paul Lannoye chez Ecolo, ou encore Paul-Henry Gendebien au PSC...

Les responsables du Rassemblement wallon et de la Volksunie se parlaient. En 1975, le sénateur Lode Claes (VU) et le ministre Robert Moreau (RW) ont élaboré ensemble un projet complet pour régler le contentieux communautaire. Ces discussions ont préparé le terrain pour les autres partis, et ont permis d'aboutir à des accords sur les principes du fédéralisme.

 

Il y a eu pourtant déjà eu un précédent à l'extrême droite, mais comme d’habitude, oublier l’Histoire, c’est se condamner à la répéter.

 

Voici le texte de l’accord de ce précédent entre deux partis ouvertement d’extrême droite :

 

Le 10 avril 1937, le journal rexiste 'Le Pays réel' publia le texte de l'accord conclu entre Léon Degrelle et Staf Declercq, président du V.N.V. :

 

Tusschen Rex, vertegenwoordigd door Léon Degrelle en het V.N.V., vertegenwoordigd door Staf De Clercq, wordt volgende overeenkomst gesloten:

I.  - REX VERDEDIGT VOLGEND PROGRAMMA

a) Ten opzichte van het nationale vraagstuk, de omvorming van den huidigen Belgischen eenheidsstaat in een federalen staat, zoals hij bepaald geworden is in de voordracht uitgesproken door Paul De Mont den 4en 0ktober te Luik, goedgekeurd door den Leider van Rex en door 25.000 Waalsche Rexisten.

Deze voordracht wordt gevoegd bijl deze overeenkomst als een keure, ten titel van inlichting.

Groot Brussel (nader te bepalen) zal geregeerd en bestuurd worden zoodat er een einde zal gesteld worden aan de huidige verfranschingspolitiek en dat aan de Vlamingen de volledige ontplooiing van hun nationaal bestaan zal worden gewaarborgd-.

b) Ten opzichte van de politieke en sociall-economische vraagstukken, een staatsordening waar bij waarborg van de volkskontrool en volksmedezeggenschap door het voortbestaan van het politiek parlement op grondslag van het algemeen stemrecht, de levende en natuurlijke stemrecht  tot uiting komen in een korporatieve volksordening.

II. - HET V.N.V. AANVAARDT :

a Ten opzichte van het nationaal probleem, de belgische federale staat, hetgeen niet insluit het opgeven zijner dietsche opvatting.

Met  het oog op deze opstelling, wordt de strijd gevoerd binnen den Belgischen Staat, onder de kroon van Saksen-Koburg.

 b) Zoals hierboven. (1b).

III. - Met het oog op de uitwerking van dit programma en tot strijd en verweer in Vlaanderen tegen het communisme, duiden de leiding van Rex en V.N.V. ieder 3 afgevaardigden aan die den Staf vormen van de gelijkloopende actie van Rex en V.N.V.

IV. - Het doel dezer overeenkomst is de mogelijkheid voor te bereiden van de versmelting van V.N.V. en Rex-Vlaanderen in eene Vlaamsch Nationale organisatie.

Rex zal met het oog hierop een aanhoudende kampagne voeren tot reintegratie van de taalvervreemden van Vlaanderen in de nationale gemeenschap.

Rex verbindt zich zijn organisatie van het Volksfront te behouden in zijn huidigen vorm en geest.

Rex zal onmiddellijk de middelen overwegen ten einde de syndikalisten en mutualisten in Vlaanderen aan te sluiten bij de bestaande organisatie “lk Dien”.

Al de uilingen van Rex in Vlaanderen, behoudens de redevoeringen van den Leider, van Rex. zullen in het Nederlandsch geschieden.

V. - Deze overeenkomst is afgesloten door den Leider van Rex.  Deze verbindt zich het onderhavig accoord uit le breiden tot en te doen naleven door de heele Rex-beveging.

VI. - Deze overeenkomst Rex Vlaanderen-V.N.V. zal slechts met toestemming van beide partijen tot andere groeperingen worden uitgebreid.

VII. - Rex Vlaanderen en V.N.V. zullen gemmesnchappelijk overleggen mits welke hervormingen hun vertgenwoordigers in het parlement een regeering zouden kunnen steunen.

VIII. - Dit accoord zal geheim blijven tot de gemeenschappelijke Leiding oordeelt dat het noodig of gewenscht is dit openbaar te maken in gemeenschappelijk overleg.

 

S. DECLERCQ                                                                                       L. DEGRELLE

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 20:48

La guerre froide - de tranchées - que se livrent la Wallonie et la Flandre depuis les années ’30 est évidemment loin d’être terminée. Le « gaz de combat » ou plutôt « l’agent biologique » le plus toxique s’appelle – j’en ai souvent parlé ici même « Communautés ». Tout serait effectivement plus simple si on parlait en termes de territoires.

 

Dans le texte fondateur de Jules Destrée : «la célèbre « Lettre au roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre » sur laquelle j’aurai bientôt l’occasion de revenir, s’il se revendique internationaliste, en tant que socialiste (ce qui est bien dans l’esprit de l’époque), il considère que s’il y a internationalisme, cela suppose l’existence de nations, Destrée conclut ainsi : « Une Belgique faite de l’union de deux peuples indépendants et libres, accordés précisément à cause de cette indépendance réciproque, ne serait-elle pas un Etat infiniment plus robuste qu’une Belgique dont une moitié se croirait opprimée par l’autre moitié? » J’aime bien qu’il précise comme s’il avait eu une vision prémonitoire des cent ans qui viennent de s’écouler n’avoir: « pour la solution de cet inquiétant problème, qu’un espoir limité dans notre monde politique »…

 

Quoiqu’il en soit, si la situation économique a changé, le contexte politique, lui a évolué très (trop !) lentement. Mais les choses bougent et je ne me range pas dans le camp des pessimistes qui augurent d’un avenir sombre pour la Wallonie. Celle-ci se débarrasse progressivement des virus de pensée qui ont été implantés au cours des 60 dernières années par des médias qui ont repris sans vérification des propos alarmistes et défaitistes quand ils n’étaient pas inventés de toute pièce pour servir la propagande flamande ou belgiciste. Leur objectif ? : « Tout faire pour nier l’existence de la Wallonie, ce vague « sud du pays »…

 

J’ai parlé précédemment de la fable qui veut que les Wallons auraient refusé le bilinguisme dans les années ’30… Il y en a un autre encore plus grand. Celui, fondateur du nationalisme flamand : « les Wallons ont dominé la Belgique depuis sa création et opprimé les Flamands »…

Or c’est évidemment absolument faux. Voici, depuis la montée en force du Mouvement flamand, la répartition de l’origine (« pré »- régionales) des ministres jusqu’au moment de la publication de la « Lettre au roi » :

Ministères et périodes

Flamands

Bruxellois

Wallons

A. Beernaert : 26 octobre 1884/ 17 mars 1894

60%

14 %

26 %

J.de Burlet  : 26 mars/1894/25 juin 1896

75 %

9 %

16 %

P.de Smet de Naeye : 26 juin 1896/ 23 janvier 1899

87 %

-

13 %

J.Vanden Peereboom : 24 janvier 1899/ 31 juillet 1899

84%

-

16 %

P. de Smet de Naeyer : 5 août 1899/ 12 avril 1907

76 %

-

24 %

J. de Trooz : 1er mai 1907/ 31 décembre 1907

67 %

11 %

22 %

F.Schollaert : 9 janvier 1908/ 8 juin 1911

57%

22 %

21 %

Ch. de Broqueville : 18 juin 1911/ 4 août 1914

42%

22 %

36 %

Les Wallons y ont toujours été minoritaires (*). Il est difficile de préciser les préférences des ministres bruxellois, mais on peut supposer que, même si le système électoral n’était pas universel, ils devaient privilégier les intérêts de leur communauté (pour utiliser un terme moderne) or, celle –ci était majoritairement flamande comme le montre les résultats du recensement de 1848 :

Bruxelles et sa périphérie (ancien B-HV avec facilités)

Nl – Fr.

Anderlecht

90% - 10%

Auderghem (Ouderghem)

Wat.-Boitsf.

Bruxelles (Brussel)

60% - 39%

Haren

100% - 0%

Laeken (Laken)

79% - 21%

Neder-over-Heembeek

99% - 1%

Etterbeek

97% - 3%

Forest (Vorst)

93% - 7%

Ixelles (Elsene)

54% - 46%

Jette

87% - 13%

Koekelberg

98% - 2%

Molenbeek-Saint-Jean (Sint-Jans-Molenbeek)

85% - 15%

Schaerbeek

72% - 28%

Saint-Gilles (Sint-Gillis)

83% - 17%

Saint-Josse-ten-Noode (Sint-Joost-ten-Noode)

49% - 51%

Uccle (Ukkel)

95% - 5%

Watermael-Boitsfort (Watermaal-Bosvoorde)

98% - 2%

Woluwe-Saint-Lambert (Sint-Lambrechts-Woluwe)

100% - 0%

Woluwe-Saint-Pierre (Sint-Pieters-Woluwe)

99% - 1%

Berchem-Sainte-Agathe (Sint-Agatha-Berchem)

100% - 0%

Evere

100% - 0%

Ganshoren

100% - 0%

Woluwe-Saint-Étienne (Sint-Stevens Woluwe)

99% - 1%

Kraainem

100% - 0%

Drogenbos

89% - 11%

Linkebeek

100% - 0%

Rhode-Saint-Genèse (Sint-Genesius-Rode)

94% - 6%

Wemmel

99% - 1%

Wezembeek-Oppem

99% - 1%

 

Difficile de croire que les ministres bruxellois aient été tellement altruistes qu’ils en auraient oublié leurs intérêts…  Citons Destrée à ce propos, il les a bien connus : « « Une seconde espèce de Belges s’est formée dans le pays, et principalement à Bruxelles. Mais elle est vraiment peu intéressante. Elle semble avoir additionné les défauts des deux races (terme utilisé à l’époque pour « communautés » et n’ayant pas le côté péjoratif actuel.

Il faut toujours être attentif à l'histoire et à l'usage des mots, surtout quand ils sont aussi chargés - de sens, de passions -, à la fois surdéterminés et indéterminés. Tout débat devrait s'ouvrir par la question: quel sens précis donner aux mots dont on convient de se servir? C'est rarement le cas. Et effectivement, il est anachronique de reporter sur ce terme la charge affective qu'il a depuis l'époque du nazisme), en perdant leurs qualités. Elle a pour moyen d’expression, un jargon innommable dont les familles Beulemans et Kakebroek ont popularisé la drôlerie imprévue. Elle est ignorante et sceptique. Elle a pour idéal un confortable médiocre. Elle ne croit à rien, est incapable de générosité ou d’enthousiasme, soupçonne toujours chez autrui le mobile bas et intéressé, abaisse par la « zwanze » toute idée qui la dépasse. Certains laudateurs de cette platitude en ont voulu faire une vertu: le « middelmatisme », mot aussi laid que l’état d’esprit signifié. Le patriotisme de ces middelmates est nul, ils accepteraient bénévolement toute domination qui ne dérangeait point leurs aises coutumières. Cette population de la capitale, dont quelques échantillons épars existent en province, n’est point un peuple: c’est un agglomérat de métis ». (**)    

 

Hélas, depuis, depuis leur position centrale ces « middelmates »,  ont pris  le contrôle des puissants moyens de propagande que sont l'enseignement orienté de l'Histoire tel qu'il est encore dispensé aujourd'hui dans les « écoles de la Communauté française », la radio et la télévision d’abord, de la presse écrite ensuite, le «middelmatisme », s’est largement répandu chez nous également et n’est plus seulement circonscrit à Bruxelles…

 

Michel Quévit a donc raison de faire remonter les causes du déclin wallon aux premières années de l’existence de la Belgique.  Mais je vous ai déjà entretenu de tout ça !

La raison de ce billet tient à la publication, fin juin, dans « Le Vif » d’une interview de Bart De Wever qui fait une comparaison entre l’Allemagne et la Flandre à propos de la dette grecque…

Il y dit, en substance : « Les pays en difficulté et du sud ont besoin d’une transfusion », pour lui, en échange de cette « transfusion », ces pays et régions doivent faire des efforts, « ils doivent accepter des réformes et continuer leurs mesures d’économies » Pour le leader flamand, il existe ainsi, en Europe, une ligne qui sépare le sud du nord. « Et malheureusement, cette ligne passe par la Belgique »”. Surtout, il ajoute que pour lui, l’Allemagne, comme la Flandre « doit payer et n’a pas voix au chapitre ». « "L'idée que l'Europe devient un peu un modèle belge en plus grand prend de l'ampleur. Personne ne peut reprocher aux Allemands de ne pas avoir envie de devenir les Flamands de l'Europe ».

Je trouve la comparaison assez malheureuse, mais significative d’un certain esprit… dont De Wever ne se fait que le porte parole.

Commençons par l’Allemagne…

Nous sommes en 1941. Le 6 avril, la Wehrmacht envahit la Grèce. Elle y restera jusqu'en 1944. Dans son ouvrage « Dans la Grèce d'Hitler », l'historien Mark Mazower estime que la Grèce est le pays qui a le plus souffert du joug nazi – derrière la Russie et la Pologne – et qu'elle a subi un « pillage systématique de ses ressource ». En 1941, les nazis imposeront en outre à la Banque centrale grecque, comme ils l'ont fait dans d'autres pays, un prêt de 476 millions de reichsmarks au titre des contributions à l'effort de guerre.

 

Cet « emprunt » ne sera évidemment jamais remboursé, pour la simple raison qu'il ne figure pas dans l'accord de Londres de 1953 qui fixe le montant des dettes extérieures contractées par l'Allemagne entre 1919 et 1945. Afin de ne pas répéter les erreurs du traité de Versailles et de ménager ce nouvel allié de l'Ouest face à la menace communiste, les Etats-Unis consentent à réduire la dette de l'Allemagne de moitié. Les victimes de l'Occupation sont priées d'oublier leurs demandes de réparation. L'objectif stratégique des alliés est d'édifier une Allemagne forte et sereine, plutôt que ruinée par les dettes et humiliée.

 

Washington obtient surtout des pays bénéficiaires du plan Marshall qu'ils renoncent à exiger immédiatement leur dû, repoussant d'éventuelles réparations à une réunification de l'Allemagne dans le cadre d'un « traité de paix ». « A partir de là, l'Allemagne s'est portée comme un charme pendant que le reste de l'Europe se saignait aux quatre veines pour panser les plaies laissées par la guerre et l'occupation allemande », a résumé l'historien de l'économie allemand Albrecht Ritschl, professeur à la London School of Economics, dans un entretien à Der Spiegel (vous trouverez une version française dans le Courrier international).

 

Ce sursis permettra à la RFA de connaître un véritable « miracle économique », le fameux Wirtschaftswunder pendant quatre décennies. Et au moment de passer à la caisse, Bonn s'arrangera pour ne pas honorer ses engagements. Le chancelier Helmut Kohl obtient en effet que le traité de Moscou de 1990 entérinant la réunification ne porte pas la mention « traité de paix », une des conditions figurant dans l'accord de 1953 pour d'éventuels remboursements. « C'était un moyen de continuer à fuir les réparations », souligne le Süddeutsche Zeitung (article traduit en français). En approuvant ce traité, la Grèce a perdu, aux yeux de Berlin, toute légitimité à réclamer des réparations. « Dans la pratique, l'accord de Londres de 1953 libéra les Allemands de leur obligation de rembourser leurs dettes de guerre ».

 

Si on suit bien, l'actuel champion économique de la zone euro a fait trois fois défaut au cours du XXe siècle : dans les années 1930, en 1953 et en 1990, L'Allemagne n'a pas réglé ses réparations après 1990 - à l'exception des indemnités versées aux travailleurs forcé (et encore, ils ont pourtant essayé récemment encore…). Les crédits prélevés de force dans les pays occupés pendant la Seconde Guerre mondiale et les frais liés à l'Occupation n'ont pas non plus été remboursés. A la Grèce non plus. Or personne en Grèce n'a oublié que la République fédérale devait sa bonne forme économique aux faveurs consenties par d'autres nations.

 

Le parallèle est facile à faire avec la Wallonie. Quévit avait parlé de « pillage économique de type colonial », pour parler des transferts économiques de Wallonie vers la Flandre et Bruxelles. Sans parler du détournement des milliards fonds européens usurpés, les Wallons, comme les Flamands ne devraient pas oublier que la bonne forme économique de la Flandre vient du transfert (de la captation ne pourrait-on pas parler d’occupation par la Belgique) sous couvert de « solidarité nationale » de notre richesse et du fruit de leur labeur. Sans rappeler le retard causé à la Wallonie - et dont à bien profité - la Flandre par le maintien dessoixante-cinq mille Wallons pendant les cinq ans de guerre dans des camps allemands, simplement parce qu'ils étaient... wallons. 

 

De Wever a raison, la Flandre et l’Allemagne partagent évidemment la même mauvaise foi quand il s’agit de rembourser ses dettes.

 

En conclusion, il n'y a pas que les grecs de l'antiquité qui ont un certain goût pour la mythologie... (Mythologie étant pris ici dans le sens où le comprend Anne Morelli, celui de légende).

 

 

(*)

Faut-il rappeler qu’en 1893 aux premières élections législatives au suffrage universel masculin, des parlementaires socialistes flamands (POB) n’ont été élus que dans les circonscriptions wallonnes ? Anseele, leader gantois, est élu à Liège, Vandervelde, leader bruxellois, est élu à Charleroi. C’est l'unité du mouvement ouvrier qui a permis à ces leaders ouvriers flamands d’être élus en Wallonie et de pouvoir participer à la vie parlementaire...

 

(**) Ces propos n'ont pas le caractère définitif que certains veulent lui donner...

On le sait très peu, mais en 1923, Jules Destrée écrivit dans « Wallons et Flamands » que (Bruxelles) « la Cité des métis »  devient « l'ardent foyer d'une civilisation européenne; c'est un rôle assez beau pour que nous puissions beaucoup lui pardonner ».  Et le 12 février 1930 il demandera au gouvernement, en échange de son vote, que l'on reconnaisse le caractère bilingue de la région bruxelloise, que l'on s'engage à ne recourir à aucune contrainte pour atténuer ce caractère bilingue, que l'on fixe la frontière linguistique « en rectifiant la limite des arrondissements selon la volonté de la population des communes égarées »…

On l’a oublié à Bruxelles, y compris dans les rangs de ceux qui comme à la « Ligue wallonne de la Région de Bruxelles », sans doute parce qu’elle est inféodée au FDF, le vouent aux gémonies sans l'avoir vraiment lu... Être Wallon restera toujours suspect tants que la Belgique existera.

  

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 18:50

Dans son éditorial : « Imprévisibles, nos amis flamands ? » Monsieur V.d.W., rédacteur en Chef, écrit ceci : « Ce mercredi 11 juillet, ce sera donc le 710e anniversaire de la bataille des Eperons d’or. Il y a 710 ans, les milices flamandes aidées par des troupes namuroises et zélandaises, remportaient, à Courtrai (Kortrijk) une victoire décisive sur les troupes de Roi de France et gagnaient ainsi leur indépendance ».

 

Si Henri Pirenne a voulu voir dans la «bataille des éperons d'or» la première manifestation de « l'unité belge » par le fait que des gens du comté de Namur combattirent aux côtés des Flamands. Il s’est bien gardé de dire que les Comtes de Flandre et de Namur était une seule et même personne.

 

Cette interprétation qui a la vie dure relève de l'idéologie davantage que de l'Histoire, les consciences nationales étant évidemment encore inexistantes au début du XIVe siècle, avec des combattants de toutes origines dans les deux camps.

  

Une victoire décisive ? Gagnant ainsi leur indépendance ? Ah bon ?  

 

Il est vrai que les médias « francophones » qui méritent le label « national » ont tous leur siège à Bruxelles. Ils opèrent à proximité des « grands » lieux de pouvoir décisionnel, en matière politique comme en matière culturelle. Et comme ceux-ci sont encore imprégnés de propagande nationaliste belge... Ils continuent la stratégie dénoncée par de Gaulle dans un billet précédent.

Décidément Pirenne n’est pas mort et la bourgeoisie francophone pense encore et toujours en flamand.

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 18:30

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les propos de Jean-Claude Marcourt, pourtant mesurés ont eu le mérite de susciter le débat… Un débat qu’avec d’autres nous souhaitions depuis des années.

 

La réalité

 

Qu’a-t-il dit concrètement sinon ceci : « il faut  déconstruire  la fédération Wallonie-Bruxelles pour la reconstruire ensuite »… Rien de bien dramatique. Au contraire, un raisonnement logique pour quelqu’un qui a dans ses compétences l’enseignement supérieur du commerce extérieur, des PME et l’Economie et qui se rend bien compte des dysfonctionnements induits par cette institution qui empêche les deux Régions de mener à bien les politiques qui les concernent. Il n’a pas tort, « cette fédération ne correspond plus à rien. »

 

Marcourt a évidemment pris la mesure du Mouvement bruxellois (une réalité, même si peu osent l’appeler comme ça) puisque même le CdH bruxellois a, à l’occasion d’un déjeuner de Nouvel An (10 janvier), également insisté pour que le monde politique bruxellois se montre proactif afin de consolider l’autonomie de la Région… Le PS était intervenu récemment dans le même sens lors du budget de la « COCOF » et une députée libérale avait même estimé en même temps que la Fédération Wallonie-Bruxelles était plutôt une fédération Wallonie-Wallonie (ainsi que d’autres… Belle unanimité !). Je ne remontrerai pas à l’époque où Fadila Lanaan, fraîchement désignée Ministre en charge de la culture annonçait qu’elle allait rééquilibrer les subsides en faveur de Bruxelles qui comme chacun le sait est « une sorte de désert en matière d’institutions culturelles »....

 

Et si, simplement, Marcourt avait voulu rappeler aux Bruxellois que s’ils existent c’est parce que la Wallonie les a défendu et les défend encore face à la Flandre ? Après tout, depuis 1830, la Wallonie a transféré des moyens financiers et humains (1) considérables pour favoriser le développement de Bruxelles et de toute la Flandre (Sans compter les Fourons qui ont été sacrifiés (abandonnés) pour permettre la reconnaissance de la Région bilingue de Bruxelles-Capitale).

 

Difficile dans ces conditions - sans être de mauvaise foi -  de critiquer la solidarité des Wallons envers Bruxelles. Solidarité qui a été sans faille jusqu’ici.

 

La 6ème réforme de l’Etat oblige évidemment à réfléchir – et très vite – aux moyens à mettre en œuvre et aux outils nécessaires pour accélérer le redressement socio-économique de la Wallonie. Quoi de plus normal ? Et ce qui est valable pour la Wallonie l’est également pour Bruxelles qui –peu touchée grâce à la réforme de la loi de financement - s’en sort bien alors que la Flandre et surtout la Wallonie et y perdront suivant des économistes de la KUL (2).

 

Le Rassemblement Wallon depuis qu’il existe a toujours plaidé pour une plus grande responsabilisation des Régions et la prise en main de leur destin. Ce qui n’exclut nullement – et nous ne pouvons nous réjouir de lire qu’un des principaux ministres du gouvernement wallon nous rejoigne sur ce point - des accords de coopération équilibrés entre Régions voisines. Chacun étant maître chez soi. La seule nuance concerne le nombre. Marcourt n’en voit que trois. Faut-il lui rappeler que là aussi, c’est comme les Mousquetaires… qui étaient quatre ?

 

J’aime assez cette opinion de Michel Quévit à « La Libre » dans laquelle il montre une belle évolution et remet les pendules à l’heure : « La Wallonie est viable seule, oui. Vous savez, tout est relatif : la Flandre est la 45e région d’Europe et Bruxelles est 3e ! Tandis que la Wallonie se classe 70e en termes de PIB/habitant (3). Dans ce débat, on est dans une logique de stigmatisation. Or, la Wallonie peut s’en sortir seule : elle n’est pas la dernière région d’Europe, elle est juste en dessous de la moyenne. Mais c’est le rôle de la politique que de lui permettre de passer au-dessus de cette moyenne. Il n’y a pas de fatalité au sujet du redressement économique. Le Pays Basque était comme la Wallonie avant de revenir dans la moyenne européenne. Et ils n’ont pas besoin de la Catalogne pour s’en sortir ».

Il a raison, nous sommes bels et bien là dans une logique de stigmatisation. Tout le monde, à commencer par les Flamands a peur de la prise d’autonomie de la Wallonie.

Le bêtisier

 

Sans parler des éditorialistes des journaux de la capitale, à tout seigneur tout honneur ; à ce jour, ceux qui ont hurlé le plus fort sont Flamands (Grouwels) et Bruxellois comme Maingain ou Moureaux. (entre autres…)

 

Morceaux choisis :

Grouwels :

« Pourquoi Marcourt voit-il Bruxelles comme un frein ou un handicap plutôt que comme un atout ? Pourquoi veut-il que la Communauté française se retire de facto de Bruxelles et se replie sur la Wallonie ? Bruxelles ne s'en portera pas mieux et la Wallonie, non plus. Ce n'est pas en se désinvestissant de Bruxelles (par exemple dans le domaine de l'enseignement) que la Communauté française investira plus en Wallonie. C'est une situation lose-lose plutôt que win-win ».

Maingain :

« Jean-Claude Marcourt fait de l'isolationnisme qui va à l'encontre des intérêts des Bruxellois et des Wallons. Désormais, il apparaît que c'est également le cas coté wallon. Il y a une complicité implicite entre les régionalistes wallons et les nationalistes flamands. »

« Bruxelles et la Wallonie, pris séparément, n'ont aucun avenir économique ! Il n'y a pas un économiste sérieux (sic ! Voir ci-dessus) qui prône un repli sur soi de ces deux Régions

Moureaux :

« Il faut envisager des scénarios déchirants »

« Si la Wallonie ne veut plus de nous, nous devrons en tirer les conséquences. Les Bruxellois ne doivent pas rester au balcon ! »

 

J’aurais pu ajouter Borsus ou Miller pour le MR. Mais leur position est difficile puisqu’ils doivent donner des gages « d’unité indéfectible » suite à leur rupture avec leur aile bruxellissime. Ne tirons pas sur l’ambulance.

 

On le voit, la perspective de voir la Wallonie oser se prendre en main et veiller – enfin – elle-même à ses intérêts va à l’encontre de la pensée unique (propagande belgo-flamande) de ceux qui ont compris que l’autonomie wallonne servira d’abord l’intérêt des Wallons. On comprend dès lors la stigmatisation immédiate que fait naître toute remarque ou propos concernant une possible réflexion autonomiste ou simplement d’identité… Faut-il rappeler cette jolie définition de l’écrivain liégeois Pierre-René Mélon qui n’a pas pris une ride  : « Repli wallon » : affirmation d'identité émise à plus de 20 kilomètres de la capitale ?

 

 

(1)    Michel Quévit - Flandre - Wallonie Quelle solidarité ? (Editions Couleur-livres 2010

(2)    La nouvelle loi sur le financement ferait gagner à terme 272 euros par habitant à Bruxelles et 207 euros/habitant au Fédéral, tandis que la Wallonie en perdrait 210 et la Flandre 289. http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/article/713673/loi-de-financement-flandre-et-wallonie-et-y-perdront.html

(3)    Sachant que le PIB est le plus mauvais moyen d’estimer la richesse produite par une Région… si on compare les rentrées de l’impôt des personnes physiques (IPP) : Wallonie et Bruxelles représentent autant que la Flandre pour les rentrées fiscales. Ce qui est encore plus frappant, c’est lorsqu’on regarde les rentrées de l’Isoc (impôt des sociétés) : c’est la Wallonie qui reçoit le plus de l’impôt des sociétés… mais qui en parle ?

(4)    « Petit glossaire de la sous-France », Ed. talus d'approche

 

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25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 19:00

Nous regardons - presque tous les jours - et de plus en plus avec stupéfaction, sur les écrans de nos télévisions, les visages graves des négociateurs gouvernementaux qui, sous couvert de « prendre les mesures qui s'imposent », font en réalité assaut de stratégies partisanes. Prenons du recul...

Leur première erreur majeure est la véritable idolâtrie du PIB. Les vrais économistes, ceux qui ne sont pas payés par les gouvernements, savent que le PIB est une quantité tout à fait artificielle où se mélangent joyeusement la
carpe et le lapin. Bien mieux, elle est trafiquée au hasard des caprices des politiques, ces trafics se produisent dans tous les pays ; or l'on prétend faire les calculs de PIB à l'échelle des Régions ou de l'Europe et forcément les ajustements obligatoires sont livrés à l'arbitraire. Bien pire, certains économistes font même des calculs à l'échelle mondiale, comme si un PIB mondial satisfaisant pouvait fournir du travail aux Américains mis au chômage par Barak Obama ou à nos sidérurgistes qui le sont par Mittal...

Au demeurant, il n'y a pas de véritable indice pour mesurer la richesse des nations qui, par définition, ne peut pas être mesurée.

Une autre idole universelle est à mettre aussi en question : la « sainte croissance », qui résoudrait tous les problèmes. Le malheur est que cette sainte croissance n'obéit pas vraiment - ou alors si peu - aux ordres des gouvernements, même les plus interventionnistes.

L'idée un peu folle est que cette dernière pourrait aider à supprimer les déficits budgétaires. Nos journaux se remplissent de pourcentages qui ne veulent pas dire grand-chose. Si le PIB est faux par nature, les réflexions sur la croissance - en pourcentage du PIB - le sont aussi. D'autant que pour résoudre les problèmes grâce à la croissance, il faudrait des taux
absolument déraisonnables étant donné les chiffres tels qu'ils sont réellement (mais sont-ils vraiment réels ?) malgré les manipulations du PIB. La controverse, alimentée par les sociétés de notation, bat alors son plein entre les chiffres annoncés par les gouvernements et, par exemple, ceux que prévoit l'Europe ou d'autres : c'est un festival. Chacun s'appuie sur des
moyennes et/ou sur des comparaisons avec les années précédentes. C'est ainsi qu'à la Banque nationale de Belgique, on « balaie sous les tapis » pour voir si un 0,1 % ne se serait pas caché là !

Enfin, le dérapage se poursuit avec l'énoncé d'un seul objectif : « la diminution du déficit budgétaire ».

Un surplus public a existé, il y a fort longtemps, et il existe encore dans certains pays. Ce devrait être l'objectif essentiel d'une bonne gouvernance et ce n'est pas le cas puisqu'il n'est seulement question de diminuer le déficit dans un avenir incertain à savoir : 2012, 2013, 2015, 2050 (?) etc. Ceux qui occupent le pouvoir ont, au demeurant, tellement peur de leur propre incapacité à l'atteindre, cet objectif, qu'ils militent pour l'inscription dans la constitution d'une « règle d'or » : un « déficit
acceptable ». Pour n'importe quel observateur de l'actualité récente, ce projet ne serait évidemment qu'une barrière de papier incantatoire, inopérante et contournée à la première occasion.

En outre, l'action sur le déficit budgétaire fédéral, évidemment utile et nécessaire, est un peu l'arbre qui cache la forêt. Puisque le point essentiel est l'importance de l'endettement public global. A supposer que le déficit budgétaire soit réduit, cela n'aurait pas de conséquence si par ailleurs l'endettement global de tous les pouvoirs publics et de toutes les institutions para publiques augmentent par le transfert ou la création de nouvelles dettes.

Nous avons aussi vu récemment sur les écrans les visages graves des membres du G20 avec en figure de proue Sarkozy et Merkel engagés dans une course poursuite vers un accord qui sera forcément ruineux pour tous. Ce vrai spectacle s'accompagne d'une dramatisation : « L'avenir de la zone euro va se jouer ». Le prétexte immédiat est de « sauver » la Grèce ce qui serait nécessaire pour éviter la propagation de l'incendie ailleurs. Ce prétexte est erroné, car les actions engagées - on le voit par les réactions des Marchés financiers - diffusent les inquiétudes sur des pays bien plus importants. Pour prétendument « sauver » la Grèce, il est déversé des tonnes d'argent, or personne n'ignore que ce sera un trou sans fond avec en prime le terrible malheur de la population victime des prétendus remèdes. La valse des sommes à emprunter à cette fin va de 440 milliards d'euros à 1000 milliards d'euros. Un fonds européen ainsi que d'autres moyens seront utilisés à cet effet. La planche à billets tourne à plein régime à la grande inquiétude des Allemands. (*)

Enfin, ce qui ne serait - en temps normal qu'un bête dérapage vite maîtrisé devient un véritable toboggan lorsque l'on évoque le remède qui va être utilisé : de nouveaux impôts. Ces manipulateurs au sommet de l'Etat se rendent bien compte que leurs objectifs ne seront pas atteints sans pourtant vouloir expliciter les raisons véritables énoncées ci-dessus. C'est ainsi
que sont évoquées des mesures correctives urgentes ; elles se réduiront à des aggravations fiscales et des pertes de pouvoir d'achat. Or, nous sommes déjà noyés sous les différentes formes d'impôts. Les médias, et donc les citoyens, sont tellement imprégnés par cette pensée unique (inique ?) qu'ils n'imaginent pas qu'il puisse exister un autre chemin.

Tout impôt quel qu'il soit est destructeur de la richesse nationale et en conséquence contraire aux objectifs officiellement annoncés. Certes, parmi ces mesures, nous entendons parfois évoquer la nécessaire et massive diminution des dépenses en commençant par les plus inutiles, voire les plus stupides. Mais la culture de la dépense publique est fortement ancrée dans
la sphère des partis traditionnels... et s'adosse à la richesse personnelle qu'en tirent ces mêmes acteurs publics ! On n'évoque pas - par exemple et puisque tout le monde - dit-on - « est invité à participer... » - la réduction ou même la suppression des dotations publiques aux partis politiques...

A examiner les faux théorèmes, on comprend que personne parmi ces derniers n'ait envie de prendre courageusement le chemin de la vérité qui serait aussi rigueur pour eux.

En toile de fond de toute cette tragédie se trouve l'objectif fondamental de sauver l'euro. Or cette monnaie n'est qu'un appendice inutile de la construction européenne, l'objectif final étant en fait de sauver l'Europe. Cet objectif qui est pourtant très clair se manifeste par le projet de renforcer la gouvernance économique de l'Europe. Or, l'Europe qui est acquise à la mondialisation « par le bas » sous l'influence des marchands et des financiers incontrôlables (en fait, le néo-libéralisme) inonde le continent, sous prétexte d'uniformité destructrice d'identités, de directives superfétatoires, socialement et économiquement couteuses.


Dans ce contexte, la crise a encore de beaux jours devant elle.

 

(*) Michel Henrion signale la publication par le Standaard des inquiétudes d'un économiste allemand, Gernot Brähler, professeur à l'Université d'Ilmenau,qui affirme - sur base d'un module mathématique- que "les données belges ont fait trembler ses chercheurs."
Les chiffres belges, de 1999 à 2009, seraient d'après dans les tests seulement "légèrement mieux" que les grecs.
Il y aurait une indication que "les chiffres de ce pays avec son endettement élevé ne correspondent pas à la situation réelle". L'équipe de recherche allemanderecommande donc que l'on vérifie les chiffres belges pour complément d'enquête.
http://www.standaard.be/artike l/detail.aspx?artikelid=DMF20111025_113

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 18:56

«L'armée sera flamande ou elle ne sera pas.»
(Dans l'hebdomadaire catholique flamand Elckerlyc, du 22 mars 1936)

 

Ce que le Mouvement wallon dénonce depuis plus d’un siècle et demi, et a été redécouvert après les « révélations » médiatisées du Colonel Gennart, c'est-à-dire la « flamandisation » des forces armées et la possible fermeture de la base de Florennes doublée d'une concentration des principaux systèmes d'armes de l'armée belge en Flandre n’est qu’un secret de polichinelle.  Mais Gennart n’a pas tout dit…

 

On en a beaucoup parlé, un des nombreux tabous belgicain semble être tombé. Tout à coup, certains journalistes et hommes politiques « francophones » semblent vouloirs montrer qu’ils ont pris la mesure des intentions d'une Flandre qui semble faire main basse sur un corps d'Etat encore provisoirement fédéral.

 

Or, la question linguistique à l’armée est un vieux sujet de conflit larvé. Voici quelques détails assez anciens, mais significatifs d’un projet à long terme.

 

Certes, après la création de la Belgique, historiquement et humainement, il convenait de tenir compte des justes revendications flamandes en matière linguistique et de leurs incidences sur le plan militaire. Jusqu'à la première guerre mondiale, l'armée belge comprenait des unités mixtes commandées le plus souvent en français (et en plus par des Flamands francophones qui n’étaient d’ailleurs pas toujours mieux compris par les soldats wallons non plus…). Il aura fallu attendre la loi de 1913 qui a généralisé l'emploi du néerlandais.

  

Quelques arrangements mineurs dans l’immédiat après-guerre et, en 1923, un projet du ministre Devèze visant au bilinguisme des cadres ont suscité des réactions de l'Assemblée wallonne, soucieuse - à l’époque - de maintenir l'unité belge par la langue française. Il fallu pourtant attendre 1928 et la mise sur pied d'une commission mixte pour voir les mouvements wallons réagir face aux nouvelles orientations de la politique militaire. C’est à ce moment que « l'Assemblée wallonne » entame sa campagne en faveur de la défense de la Wallonie, donc à la frontière allemande, en publiant une carte montrant comment la défense de la Wallonie avait été négligée en 1914.

 

Cette même année, une commission mixte réexamine la question et propose de donner au recrutement régional sur une base linguistique réelle, ce qui se traduit par la loi du 7 novembre, laquelle consacre le principe de l'instruction dans la langue maternelle du soldat. L'Assemblée wallonne s’est élevée contre cette mesure « qui priverait les soldats bilingues du choix de la langue de l'instruction » voyant dans la nouvelle loi un danger de flamandisation de l'École militaire et de l'armée en général alors que la Ligue d'action wallonne de Liège qui se réjouit de cette mesure parce qu'elle y voit un espoir d'échapper à un bilinguisme généralisé. (*)

Mais ce recrutement régional allait avoir une autre conséquence avec la montée du Mouvement flamand: la contamination atteint bientôt les garnisons et les recrues n'y échappent pas. En raison de l'intense propagande extrémiste de certains milieux flamands, bon nombre d'unités seront touchées par le caractère nationaliste flamand, ce qui aura des répercussions sur la cohésion de l'armée, des officiers de réserve notamment et sur leur attitude lors de l'invasion allemande. (**)

 

Détail peu connu : L'année 1936 marquera un tournant dans la politique militaire belge. En février, un projet du ministre Devèze est rejeté à la Chambre; il nécessitait une augmentation des effectifs à laquelle les Flamands déclaraient ne pouvoir consentir que si l'on renonçait à l'accord militaire franco-belge de septembre 1920. Le projet est alors revu par une sous-commission de trois membres dont aucun n'était wallon et il n'est dès lors pas étonnant qu'elle ait conclu en consacrant le chantage flamand…

 

La loi du 30 juillet 1938 consacrera l'égalité complète des langues française et néerlandaise ainsi que le principe des divisions unilingues et fixe en outre le degré de connaissance linguistique des officiers mais la situation internationale éclipse les réactions des mouvements wallons, essentiellement préoccupés à ce moment-là du danger de guerre toute proche.

 

Le 20 juillet 1936, Paul-Henry Spaak annonçait une politique étrangère «exclusivement et intégralement belge» et, le 14 octobre, Léopold III expose au Conseil des ministres sa vision en matière de politique étrangère et de défense: «entretenir un appareil militaire de taille à dissuader un quelconque de nos voisins d'emprunter notre territoire pour attaquer un autre État». Alors que la Flandre se félicite ; Le journal « l'Action wallonne » considère le discours royal comme une carte dans le jeu de l'Allemagne: «c'est plus qu'une faute», lit-on dans le numéro de novembre, «c'est une trahison». On constate que la « neutralité » va nous obliger à nous garder au sud, ce qui dispersera nos efforts et compromettra le sort dela Wallonie. Eneffet, selon l'hebdomadaire de l'abbé Mahieu, la Belgique est dans l'impossibilité financière et technique d'avoir la politique militaire voulue par Bruxelles; c'est donc une situation qui risque d'attirer la guerre, dont la Wallonie fera les frais. Au début de 1938, certains Flamands réclament des mesures contrela France. Ledéputé nationaliste flamand et futur collaborateur Staf De Clercq presse le ministre de la Défense nationale à ce sujet. L'État-Major général lui donne suite en établissant une ligne de défense face à la France, ce que dénonceront des députés wallons àla Chambre. En vain; des manœuvres seront organisées contre des attaques censées venir… du sud et des troupes y seront déployées, tout cela au détriment de la défense à l'est où il était difficile de ne pas percevoir de bruits de bottes… (***)

La politique officielle de neutralité sera toutefois appliquée jusqu'au bout et le dispositif militaire restera inchangé, à tel point que le général Van den Bergen, chef de l'EMG qui, en janvier 1940, avait fait enlever des barricades à la frontière française, sera démis de ses fonctions…

 

Ce court résumé montre que les relations entre camps linguistiques n’ont jamais été un long fleuve tranquille.

 

A l’époque actuelle, comme dans d’autres secteurs demeurés fédéraux, on sait qu’au-delà des recommandations de la  charte intitulée : « Les Dix commandements du nationalisme flamand» , la politique d’occupation des plus hautes fonctions de l’Etat, la favorisation des investissements et le transfert des activités rentables en Flandre reste la règle (les transferts des unités militaires basées jusqu’ici en Wallonie comme les activités ferroviaires (Ronnet !) ou autres qui procèdent d’une même logique). Mais à de très rares exceptions, ça reste un tabou pour la presse et les parlementaires « belges francophones » pour qui la Wallonie reste un arrière pays.

 

Mais, ça ne s’arrête pas là…

 

L'armée sera flamande et catholique ou elle ne sera pas ?

 

Hérité des chocs du vote de la « Loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 » en France et de la « question scolaire », un autre tabou est loin d’être mort. La Belgique n’étant pas un Etat laïque, se disant en principe neutre philosophiquement.

 

Voici ce qui est loin d’être une anecdote :

On le sait, un certain nombre d’universitaires peuvent s’ils remplissent les conditions effectuer leur formation en qualité de candidats officiers de carrière. Tous les cours étant à charge de l'Etat, le candidat signe un engagement (statut) avant de pouvoir commencer sa formation. Les cours sont gratuits. Celui qui réussit doit néanmoins servir l'armée pendant une période au moins égale à une fois et demie la durée de la formation. Les médecins, pharmaciens, dentistes ou vétérinaires en particulier choisissent de suivre leur cursus dans l’université belge de leur choix sous la responsabilité de "l'Ecole Royale du Service Médical" à Gand. Pour la plupart de ces universitaires, le choix d’une université plutôt que d’une autre est rarement séparé d’un choix philosophique, la Belgique étant ce qu’elle est…

 

Il me revient de bonne source (vérifiable) qu’un médecin diplômé récemment de l’ULB et souhaitant poursuivre sa spécialisation en chirurgie (promotion 2011-2012) dans le même réseau vient de se voir imposer par sa hiérarchie - à quelques heures du début et alors que tout était organisé - de la suivre en Néerlandais à la K.U.L...

 

S’il peut sembler pertinent d'imaginer que d’éventuelles fonctions au sein de la défense obligent à pratiquer dans les deux régimes linguistiques (encore que… On sait que le fait de ne pas être « né Flamand » est un obstacle de taille  à toute évolution de carrière, peut-on encore être vraiment naïf ?) on ne peut que s’étonner de l'imposition de l’endroit choisi par les « autorités supérieures hiérarchiques et fonctionnelles » pour la poursuite des études.

Admettons même que l’argument de l’usage potentiel du flamand soit recevable. (Qu’en est-il pour les vétérinaires ?) Pourquoi ne pas proposer comme lieu de formation une autre université, si pas adogmatique (comme la VUB), tout au moins en principe philosophiquement neutre comme l’UGent ?

 

Pour qui a observé les évolutions du nationalisme flamand ou du mouvement flamand (dont personne ne contestera l’aspect démocratique hors quelques dérapages…), celles-ci doivent toujours être décrites et comprises dans leurs relations avec les autres acteurs dans le contexte belge où le rôle de l’Eglise catholique n’est pas toujours très clair. Si l’Eglise officielle belge était - au début de l’Etat- tout naturellement francophone, cette même Eglise très influente au nord a toujours défendu le « non français », parce que le français (la langue française) véhiculerait (encore visiblement dans l’esprit de certains) des idées de révolution, de liberté, de laïcité et de franc-maçonnerie qui pourraient pervertir les âmes...

 

On aurait pu croire cette époque révolue… Et, on le sait, dans les milieux militaires, on doit se considérer comme militaire avant d’être citoyen et l’obéissance - en silence - est et reste la règle. Sous peine de sanctions.

 

Décidément, le difficile chemin du libre arbitre entre les « dragons de la science et les démons de l’Eden » semble bien être une notion volontairement ignorée dans le domaine militaire qui a choisi une autre voie qui rappelle plutôt l’époque de l’inquisition. L’armée belge a fait son choix. Et on peut légitimement se poser la question suivante :  pourquoi diable, l'ex-colonel Gennart n'a-t-il jamais évoqué cet aspect des choses qu'il ne pouvait pas ne pas connaître, lui qui n'avait plus rien à perdre  ? Parce que ça ne le concernait pas personnellement après ses études au Collège Saint Michel à Bruxelles ?

 

Qui défendra encore la laïcité des institutions et par là l'égalité des citoyens dans ce pays ?   

 

 ---------------------------------------------------------------

 

 (*) On le voit, il y a eu au cours de l’histoire plus que des nuances. L’adjectif  « francophone » n’ayant pas encore été « adoubé » en nom propre, le terme « wallon » regroupait en plus des Wallons, tout qui s’exprimait dans une langue aux consonances françaises d’Ostende à Bruxelles.

Premier organisme wallon unifié et sorte de Parlement créé en 1912, « l’Assemblée wallonne » étudie toutes les questions touchant à la Wallonie et agit par le biais de revendications et de propositions au niveau des Chambres et du gouvernement. L’Assemblée wallonne a une grande influence jusque dans les années vingt mais perdra peu à peu sa représentativité et sa crédibilité dans les années trente par son aspect académique. Ses thèses, très modérées, n’évoluant pas : elle défendra alors toujours une union belge corrigée par une séparation administrative, et le maintien de la langue française en Flandre. Son organe de presse s’intitule La Défense wallonne. (Voir : http://www.wallonie-en-ligne.net/encyclopedie/congres/notices/assemblee-wallonne.htm)

Plus en phase avec la réalité, la «  Ligue d’Action wallonne » a élaboré un programme qui reste d’une criante actualité et est résolument autonomiste, une autonomie conçue dans un cadre belge. Persuadé que l’unité nationale, fondée sur la domination d’une race sur l’autre, serait impossible à conserver et à défendre, la nouvelle Ligue affirme que la Belgique ne peut poursuivre ses destinées que par l’union des deux peuples qui la composent, union basée sur une indépendance réciproque et faite d’une entente loyale et cordiale, position déjà développée par Jules Destrée dans sa Lettre au roi et que l’on retrouvait, mot pour mot, dans le programme de l’Assemblée wallonne, lors de la réunion constitutive d’octobre 1912. Le nouveau groupement s’oppose à l’obligation d’un quelconque bilinguisme pour les Wallons, réclame l’adaptation des structures de la Belgique en fonction de la frontière linguistique, et partant la rectification des divisions administratives, judiciaires et militaires de la Belgique en tenant compte de la frontière linguistique, l’élargissement considérable de la compétence des pouvoirs communaux, provinciaux et éventuellement régionaux, soit l’autonomie de la Flandre et de la Wallonie dans la Belgique. Cette autonomie, prônée dans un rapport rédigé par Auguste Buisseret, trouve à la fois son assise dans le principe wilsonien du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et dans une ébauche de fédéralisme régional, voire européen.

(voir : http://www.wallonie-en-ligne.net/encyclopedie/congres/notices/ligue-action-wallonne-liege.htm)

 

 

(**) Par une campagne de presse intense et la voix de ses parlementaires, à quelque bord qu'ils appartiennent, la Flandre s’est élevée contre cette politique de coopération franco-belge. Quelques exemples suffiront à illustrer cette attitude : Toujours en 1928, le catholique De Bruyne réclame une protection contre le Sud, le socialiste Eeckelers refuse, quant à lui, de voir dans l'Allemagne un danger (il dira plus tard: «nous irons au devant de l'Allemand avec le pain et le sel de la fraternité») tandis que le nationaliste (VNV) De Backer déclare que «la Flandre ne veut plus saigner à côté des Sénégalais», exprimant bien ainsi la politique du «los van Frankrijk» que veulent les Flamands dans leur grande majorité…

 

(***) A noter – pour la petite histoire – qu’au lendemain de la chute du mur de Berlin, l’armée belge a repris ses habitudes et organisé des manœuvres simulant une attaque venant de la botte de Givet !

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 06:30

« Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'opinion ». (Paul Valery)

 

Voilà des sujets dont je n’aurais pas parlé si la presse n’en avait fait écho avec enthousiasme… mais, décidément, certains ne savent plus à quel saint se vouer pour sauver ce qui ne peut plus l’être.

 

Il faut leur reconnaître de belles qualités d’imagination.

 

Revenons sur la journée d’hier, 1er septembre, jour traditionnel de rentrée dans les classes maternelles, ceci expliquant peut-être cela.

 

Le matin, tout d’abord, « Le Soir », grand quotidien de la capitale (*) titre à la une : « L'Europe veut un gouvernement belge, et vite ».  Annonçant que la Commission européenne a perdu patience et va très prochainement lancer une mise en garde officielle à la Belgique : « Cette intervention dans les affaires politiques belges trouverait sa justification dans la détérioration de la croissance économique en zone euro, et en particulier en Allemagne, qui contraindra la Belgique à décider d'importantes réformes structurelles ». Pour faire bonne mesure, ils y ajoutent les déclarations de Mark Eyskens – réputé bon Flamand pour les « francophones » (lisez les belgicains aux abois) - qui précise « qu’en cas d'échec des négociations, ce serait l'abîme. La spirale diabolique pour la Belgique ».

 

Patatras ! Quelques heures plus tard la Commission européenne a jugé « infondées » les informations diffusées le matin même par le quotidien bruxellois réfutant toute "démarche spécifique" prévue au sujet de la Belgique…

 

Qu’à cela ne tienne, ce quotidien en rajoute une couche ce matin montrant qu’on passe du stade d’une l'information orientée (compréhensible s’il s’agit alors d’un journal d’opinion ce qui est tout à fait honorable à condition qu’il se présente comme tel), à la désinformation pure et simple, organisée et sans scrupules. D’ailleurs, « l’éditorialiste en chef » ne revient-elle pas ce matin sur le sujet jugeant « ridicules » le démenti pourtant formel de la Commission européenne au nom d’un prétendu « Devoir d’assistance à pays en danger ».  Reprenant l’antienne éculée : « la Belgique, laboratoire du vivre ensemble est essentielle à la crédibilité du projet européen ». Or, quand on se penche sur les succès de ce « vivre ensemble », décidément,  l’avenir de l’Europe semble bien sombre…

 

Ensuite, lors de la rentrée judiciaire, on apprend que Jean-François Leclercq, procureur général près la Cour de cassation, sortant du principe de séparation des pouvoirs a lancé « un avertissement » au monde politique belge. A ceux qui rêvent d'un démembrement de l'Etat belge (certains – toujours dans la presse – ont imaginé qu’il visait sans doute la N-VA ?), le procureur a tenu à souligner combien les conséquences sur le plan international peuvent être imprévisibles. Si je suis d’accord sur ce mot, je pourrais lui faire remarquer que la poursuite de l’existence de l’Etat belge aura aussi des conséquences imprévisibles.

 

Là où ça devient quasi comique, c’est quand le magistrat fait notamment référence au port autonome de Liège, « actuellement le premier port intérieur belge et le troisième port intérieur d'Europe (exact !), et à ses relations avec le port d'Anvers via le canal Albert. « L'espace maritime est traditionnellement pensé en termes de liberté, rarement en termes d'appropriation, pratiquement jamais en termes d'exclusion. Les peuples libres veulent avoir accès à la mer et il ne faut pas sous-estimer l'obsession maritime d'un Etat enclavé »… a-t-il prévenu. Cherchant pour illustrer son propos des situations particulières et clairement conflictuelles. La Bolivie où, jusqu'à un accord récent entre les présidents péruviens et boliviens, l'accès à la mer a fait figure de véritable cause nationale depuis la perte par la Bolivie de sa façade sur le Pacifique  à la suite de la guerre de 1879-1883 et l’l'extrême étroitesse du littoral irakien a été une des raisons qui a poussé le régime de Saddam Hussein à annexer le Koweit en 1990 ! Bref pour lui : « Les peuples veulent avoir accès à la Mer et il ne faut pas sous-estimer l'obsession maritime d'un Etat enclavé ». Faisant fi de tous les autres nombreuses situations comme la Suisse, le Luxembourg, la Tchéquie, pour ne citer que ces pays  qui – si je ne m’abuse - n'ont pas agressé leurs voisins pour autant. Tout cela est réglé par des conventions que ce juriste devrait connaître.

 

Il faudrait peut-être informer ce monsieur qu’en cas d’indépendance de la Flandre, la liberté de circulation des hommes et des biens serait garantie par l’Union Européenne. L’enclavement de la Wallonie – et donc ses accès à la mer est donc uniquement théorique : c’est bien le cas sur une carte, mais il n’y a en réalité aucune entrave à la liberté de mouvement.  S'il est possible que l'intégration de la Flandre dans l’UE ne suive pas immédiatement l’indépendance durant cette période transitoire, le nouvel Etat n’aurait - théoriquement - pas à respecter ces libertés de circulation. Mais l’objectif prioritaire de la Flandre étant d’intégrer l’Union, de ce point de vue, couper ou simplement restreindre de quelque manière que ce soit l’accès à la mer serait une erreur tellement grossière que l’on peut douter qu’elle soit jamais commise. Bien au contraire puisqu’aujourd’hui comme hier,  la Flandre met en priorité l’accent sur la réalisation de ses infrastructures et de ses équipements ferroviaires avec l’arrière pensée de contourner et de vassaliser la Wallonie (« Diabolo », « axe Cobra Anvers-Ruhr »...).

 

C’est ce jeu stratégique qui trame au niveau des voies navigables avec le raccordement à Anvers par Gand du canal Seine Rotterdam Nord-Europe mis à grand gabarit. Avec pour objectif de contourner la Wallonie. C’est qu’Anvers doit rester pour la Flandre le débouché « naturel » des produits finis wallons. Or, avec ses limitations (tirant d’eau insuffisant), ce ne sera bientôt plus possible.

 

Pour des raisons économiques, les bateaux doivent être de plus en plus gros, donc de plus en plus profonds. Seuls les ports français peuvent et pourront toujours le faire. Et les Flamands le savent.

La France termine sa liaison Seine-Nord. Liège et la dorsale par voie d'eau wallonne sont donc un enjeu de transport durable évident. Cette dorsale passant par Liège, Charleroi et Lille pour aboutir à Dunkerque viendra compléter celle venant de Barcelone et de Marseille. La connexion entre les deux flux se réalisant  le long d'une ligne Charleroi Valenciennes rejoindra celui venant de Rotterdam. Les néerlandais ont compris qu'ils auront du mal à recevoir les immenses porte-conteneurs de l'avenir. Le port de Rotterdam, comme celui d'Anvers n'offre qu'un tirant d'eau de 13/14 m, alors que celui de Dunkerque offre 25m. Anvers, en plus est soumis à ensablement et manquent d'espace. Liège et Charleroi-Valenciennes deviennent donc 2 nœuds de convergence et d'éclatement des trafics. Une situation géostratégique formidable. Ce projet exige, pour sa finalisation, que la Wallonie et l’espace bruxellois fonctionnent de manière intégrée avec le Nord Pas de Calais.

 

Les intérêts sont convergents entre la France, la Wallonie, Bruxelles, et les Pays bas. Il ne faut pas oublier que la Manche est la première route maritime mondiale en termes de trafic de marchandise : c'est là qu'est le gisement de croissance et d'emplois. C'est par rapport à ce flux que doivent être imaginées les politiques économiques de relance dont la Wallonie a besoin.

 

La France développe actuellement le port de Dunkerque, idéalement situé en eaux profondes, relié à l'est par l'autoroute de Wallonie (qu'on met à trois bandes de bout en bout). Et de tout le continent, la France est le seul Etat qui a accès à la mer libre, avec la pointe de Bretagne et le golfe de Gascogne.

 

Les Français qui ont une vision géostratégique construisent actuellement le canal de liaison entre Paris et l'Escaut, seule raison de l'existence de Strépy-Thieu.

 

Dans une Europe où les flux économiques et humains se sont réorientés d’Ouest en Est (et vice-versa) depuis la chute du Mur, l'importance stratégique du carrefour wallon est indéniable… Il est donc de l’intérêt de l’axe Bruxelles-Anvers de garder la haute main sur les exportations et importations wallonnes.

 

Ceci dit, et fort heureusement, depuis des décennies, la Wallonie investit pour garder des accès à la mer quelles que soient les avatars institutionnels.

Trois voies sont privilégiées: Rotterdam par la Meuse, Anvers par le canal Albert, et Dunkerke par le canal du Centre. Le quatrième pôle, je le cite plus haut c’est la connexion du canal du Centre au Canal Seine - Escaut, qui donne un accès navigable de la Wallonie en général, et du Hainaut en particulier, à Paris, et permet de reprendre le traditionnel dialogue industriel entre le Hainaut et Paris dans des conditions intéressantes.

 

Bref, beaucoup de bruit pour rien.

 

Ces apprentis sorciers militants d’une cause perdue n’ont pas encore compris que le débat démocratique se nourrit de vérité et non de propagande. Et que cette dernière ne fait pas illusion très longtemps. Même Goebels a du s’en rendre compte. 

 

 

(*)-« premier site d'informations en Belgique francophone » d’après la pub de la même gazette…

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 12:15

J’ai été stupéfait d’entendre ce matin à la radio que le MR aurait - une fois de plus - pris position pour la recréation d’une province du Brabant unitaire.  Quel mépris pour les Wallons et la Wallonie !

 

Certes, il y a évidemment derrière cette annonce de très claires arrière-pensées purement électorales. Ce parti est actuellement assez bien positionné à Bruxelles et en Brabant wallon et il ne perd pas de vue que la scission de BHV acquise, il aura besoins des voix de la forte immigration bruxelloise en Brabant wallon à récupérer. Par ailleurs, le Brabant wallon est la seule province wallonne où ce parti fait des résultats. Nous sommes donc clairement dans des jeux de pouvoir. Plutôt être le premier chez soi que le dernier en Wallonie.

 

J’ai déjà eu l’occasion de dire tout le mal de cette très fausse bonne idée.

 

Brièvement : pour des raisons historique le Brabant wallon fait partie de l’aire linguistique latine depuis toujours. Recréer une province brabançonne unitaire reviendrait à imposer le néerlandais dans les services publics, puisque cette nouvelle entité ne pourrait être que bilingue. Par ailleurs, ceux qui ont connu la position de sujétion et d’abandon que l’arrondissement minoritaire de Nivelles a vécu jusqu’à la scission en 1995 ne peuvent que craindre un retour aux pratiques favorisant le développement des arrondissements du Nord, majoritaire, Bruxelles-Halle-Vilvoorde (*) et Louvain. Toutes choses que les partisans (essentiellement le MR et Ecolo) de ce machin semblent avoir joyeusement oubliées.

 

Les arguments classiquement utilisés mettent en avant des aspects économiques. Or, il est notoire et évident que les aspects économiques se jouent des frontières. Il n’y a plus de péages sur les routes… Combien d’entreprises fonctionnent sans problème avec des sièges situés dans plusieurs régions ou pays ?  Non, il n’y a là derrière que des calculs bassement électoraux. Ils jouent sur les émotions, surtout la peur de l’avenir. La presse à leur dévotion leur apporte son soutien en dramatisant à outrance le pseudo-manque de gouvernement depuis un an. Alors qu’au contraire, ce qui s’est passé a tendance à montrer qu’il serait plus que temps d’envisager de supprimer ce « niveau fédéral » en transférant les compétences résiduelles vers les Régions.

 

Certes, on va faire durer encore un peu. Une présidente de parti parlait (avec culot) du coup d’état permanent (elle a des lettres ou des bons conseillers) de la N-VA. Et c’est drôle dans la bouche d’une des personnes qui avec ses collègues présidents de parti a confisqué le pouvoir depuis très longtemps…

Ces présidents de parti continuent à jouer leurs jeux politiques, mais surtout  le jeu politique belge. Et dégagés de fait de toutes responsabilités sur l’ensemble du territoire encore « dit belge », puisque implantés dans une seule «communauté », ils en tirent les ficelles, sans jamais s’exposer, pour le plus grand mal de la démocratie. Leurs parlementaires ne sont plus que des voltigeurs dont les interventions ne consistent qu’à distraire de temps en temps le bon peuple en apportant à chacune des tendances les arguments prémâchés (*) que celle-ci, conditionnée par la pensée unique des médias ou des chapelles extrémistes attendent. Sans risque. La stabilité du corps électoral est (hélas!) à ce prix. En tous cas, en Wallonie et aussi à Bruxelles.

 

Ce n’est pas pour autant que le problème belge est simplement linguistique.

Le blocage actuel était quasiment inévitable même s’il n’est pas encore vraiment insurmontable. L’un des grands changements à observer, c’est le fait que le parti flamand (la NVA) a la majorité relative en Flandre depuis juin 2010, et ne l’y a pas de manière accidentelle. La NVA représente tant la Flandre rurale, se confiant jadis aux catholiques, que la Flandre moderne. La NVA joue maintenant, pour les Flamands, le rôle autrefois joué par les catholiques ou aujourd’hui les démocrates-chrétiens, mais ces derniers jouant à la fois la carte belge (du fait de la majorité flamande) et la carte flamande (en raison de la population auquel ce parti s’adresse). Ce n’est plus le cas.  Il semblerait donc bien que les « compromis à la belge » connus depuis près d’un siècle soient devenus impossibles. Et ça ne tient pas à je ne sais quelle incapacité des politiciens belges à s’arranger comme on l’entend généralement.

Cela tient au fait que le jeu a profondément changé, ce qui redonne du poids et de la force, côté wallon, à la défense de la Wallonie et de ses intérêts régionaux, chose qui  - et ça, c’est nouveau - s’allie à un sentiment identique dans la région de Bruxelles.

 

C’est pourquoi, vouloir recréer une Belgique miniature sous la forme d’une fédération Wallonie-Bruxelles (encore que là, j’attends de voir ce que ça va devenir puisqu’on semble vouloir individualiser les deux régions) ou cette chimère de « province du Brabant » sont des choses complètement dépassées.

 

Dans un cas comme dans l’autre, les Wallons et particulièrement les Brabançons wallons seraient perdants.

Je m’explique :

Je vous ai recommandé la lecture du livre de Michel Quévit qui a enquêté sur les transferts financiers nord-sud si souvent dénoncés par les partis flamands et leurs alliés belgo-bruxellois. Et si, en effet, depuis 1965, la région wallonne contribue moins aux recettes de l'Etat belge qu'elle ne reçoit. Cette situation résulte du déclin industriel de la sidérurgie et du charbon. Ces transferts existent aussi dans d'autres pays touchés par le même problème : Madrid et la Catalogne vers l'Estrémadure et la Galice (Espagne) ; l'Ile de France vers le Nord-Pas de Calais et le Limousin (France)…

On oublie volontairement que pendant plus d'un siècle, la sidérurgie wallonne a été un atout pour tout le pays, car jusqu'à la mise en exploitation des charbonnages de Campine en 1926, la Wallonie était la seule à disposer de charbon en Belgique. Pour exporter ce charbon, elle aurait pu tirer profit de sa proximité avec des ports étrangers (Dunkerque pour le Hainaut et Rotterdam pour Liège) mais elle est restée solidaire des projets portuaires de l'Etat belge : Anvers et Zeebrugge.

On oublie que plus de 2.000 km de voies navigables (canal Albert, canal de Willebroeck, canal de la Campine, p.ex.) ont été créés à partir d'Anvers vers la Wallonie, la France et l'Allemagne. Dans son étude sur l'histoire économique de la Belgique de 1957 à 1968, le professeur Baudhuin faisait remarquer que  les 10 milliards de dépenses du secteur public (Etat et ville d'Anvers) en faveur de l'infrastructure portuaire d'Anvers ont eu un effet multiplicateur de cinq, générant près de 50 milliards d'investissements privés ». C'est de là que vient le début de l'essor économique de la région anversoise et de la Campine dans l'acier et la sidérurgie, mais aussi dans la pétrochimie, le raffinage et le secteur automobile. De 1959 à 1973, la province d'Anvers comptabilise le plus d'investissements aidés (21%) par rapport à toutes les autres provinces belges. Au cours de la même période, elle reçoit 30% des investissements étrangers effectués en Belgique.

 

Si l'Etat belge est intervenu pour (faire semblant de) tenter de sauver la sidérurgie wallonne, il n'a cependant pas négligé le nord du pays. En 1934(déjà !), le Boerenbond, une caisse rurale de crédit active principalement en Flandre, est en faillite suite à des activités financières risquées, mais il est sauvé par l'Etat belge (un milliard 295 millions). L'électrification du réseau ferroviaire belge a débuté en 1935 par la ligne Bruxelles-Malines-Anvers, tandis que les autres lignes ferroviaires seront électrifiées de 1949 à 1956. La première autoroute créée par l'Etat belge sera l'E40 Bruxelles-Ostende en 1956 afin de développer le tourisme à la côte et faciliter l'accès à la mer pour le transport des marchandises. En 1970, le gouvernement donne 115 milliards de FB pour créer le port de Zeebrugge accessible à des navires de 250.000 tonnes, avec un hinterland industriel axé sur les technologies du futur. Pour mémoire, le gouvernement belge avait décidé à la fin des années 70, de donner un milliard d’investissement à la Wallonie pour un milliard dépensé pour Zeebruges, à condition que cette dernière n’en reçût pas plus que seize. 115 milliards de francs belges ont à l’époque été consacrés aux travaux de Zeebruges, en échange de quoi la Wallonie ne reçut que 16 milliards, ce qui a été, chacun en conviendra un sacré marché de dupes.

 

Mieux encore, alors que peu de temps auparavant, les Flamands avaient fait passer une loi de régionalisation des secteurs nationaux, dont la sidérurgie et les charbonnages, afin d’éviter que de l’argent flamand (traduisez belge) ne vienne renflouer les charbonnages wallon, sous l'impulsion du ministre limbourgeois Willy Claes, un plan de 210 milliards de FB est lancé de 1982 à 1991 pour améliorer la compétitivité des charbonnages de Campine qui ont cependant ensuite fermé leurs portes. On le voit, les « canards boiteux » chers aux politiciens et aux journaleux de la capitale ne sont pas tous wallons…

 

On oublie aussi, fort opportunément dans ce pays, que le traité de Rome (1957) impose une solidarité financière entre les régions afin de maintenir l’unité de l’État. Chacun des États membres de l’union est invité à appliquer ces principes de solidarité sur son propre territoire, et c’est ce qui se passe partout dans l’union européenne, sauf en Belgique. La Bavière, la région de Londres, celle de Madrid font partie des régions dites contributrices alors que le pays de Galles ou la Galice font partie des régions débitrices.

 

Michel Quévit  a pointé la responsabilité des groupes financiers (belges et flamands) dans les disparités économiques en Belgique. Si ces groupes financiers ont d'abord investi en Wallonie, c'est en raison de la richesse minière et houillère du territoire wallon. S'ils se sont ensuite délocalisés vers la Flandre (notamment lors de la création du complexe sidérurgique de Sidmar), c'est en raison des opportunités nouvelles qu'offraient les infrastructures maritimes et portuaires créées par l'Etat belge.

 

Et maintenant?

Bien que la faiblesse des séries statistiques comme les difficultés de comparaisons stables sur la longue durée - autre que la Belgique, et donc autre que la Flandre et Bruxelles- les discours positifs des gouvernants ou le catastrophisme des oppositions masquent une vision claire et saine de la réalité,

L'image « bipolaire » des disparités régionales peut être nuancée par une analyse de la Commission Européenne sur la croissance du PIB par province de 1995 à 2004 : Bruxelles, le Brabant flamand et le Brabant wallon atteignent un taux de 3% ; les provinces d'Anvers, Flandre orientale, Flandre occidentale, Limbourg, Namur et Luxembourg ont une croissance qui varie de 2 à 2,7% ; les provinces de Liège et du Hainaut stagnent entre 1 et 2%.

D'après les statistiques européennes qui se sont améliorées depuis, l'écart du PIB/hab restait significatif en 2005 entre le nord et le sud du pays : 87,5 pour la Wallonie et 120,1 pour la Flandre (moyenne au sein de l'UE : 100). La Flandre n'est cependant pas reprise dans la liste des 15 régions les plus prospères de l'UE et la Wallonie parmi les 15 régions les plus pauvres de l'UE (qui appartiennent à l'ancienne Europe de l'Est). On remarque aussi que le PIB/hab de la Wallonie est semblable à d'autres régions industrielles comme les Asturies (90,2) ou le Nord-Pas de Calais (88,6).

Je trouve que l'attitude qui consiste à se replier (tiens, un "repli bruxellois", on n'en parle jamais) en réclamant les territopires les plus développés des autres ressemble fort aux "replis égoïstes" tels ceux de la "Ligue de Nord" en Italie ou encore d'autres. Je vous invite à lire cet avis du Professeur Quévit : http://www.lalibre.be/actu /elections-2010/article/64 4259/quevit-une-region-brabant-ne-serait-pas-une-bonne-idee.html.

 

 

Les révisions successives de la Constitution ont eu pour effet de commencer à faire sortir  la Wallonie de la Belgique. Maintenant, qu’attendons-nous pour sortir la Belgique de la Wallonie ? Et refuser de continuer à vivre dans le mensonge des dirigeants des partis politiques traditionnels et de leurs affidés. Après tout, leur position favorite reste la... position démissionnaire. Il semblent bien incapable d'en imaginer d'autres !

 

 

(*) Je sais que d’aucuns vont encore réagir de manière épidermique à mes propos. Mais l’Histoire des 180 dernières années a bien montré que Bruxelles n’est pas du tout la mégalopole fécondante que certains se plaisent à décrire ou à imaginer. Il est évidemment difficile en quelques lignes de dépasser bien des antagonismes en les traitant avec nuance, en montrant qu'ils sont par bien des aspects quelque part obsolètes (largement les antagonismes entre Wallons et Flamands, mais aussi - surtout - entre Wallons et Bruxellois francophones, mais certainement pas dans le sens d'un unitarisme belge, ni dans le sens d'une réunification de la Belgique francophone).

 

(**) Un bel exemple, Francis Delperée  (hé oui…) déclarait  à un colloque du mouvement wallon le 26 février 1976 à Charleroi que la Wallonie est autre chose qu'une population, « une collectivité d'hommes, c'est-à-dire qu'elle regroupe un peuple qui peut se réclamer de traditions particulières et qui est à même de poursuivre des objectifs qui lui sont spécifiques »…

 

 

 

 

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*
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