Je n’ai pas réagi comme d’aucuns, fin de semaine dernière, en hurlant à la félonie suite aux propos de Didier Reynders à la VRT. Particulièrement les présidents des autres partis traditionnels qui ont bien compris ce qui se passait. C’est parce que je pense qu’il faut arrêter de comporter en politique comme dans les tribunes d’un match de football. En supporters ou en bons publics ou encore en dupes !
Quoi ? Reynders fait, sur un média flamand, une proposition d’apparence raisonnable qu’il sait parfaitement irréaliste, tout en disant – évidence et ça ne coûte rien – qu’il faudra bien un jour qu’on discute ?
C’est bien joué. Il caresse ainsi d’une main ses électeurs (réels et potentiels) dans le sens du poil. Electeurs qui entendent ce qu’ils veulent entendre : « Rassurez-vous, je comprends que vous soyez inquiets et je fais tout ce que je peux pour sauver la Belgique, mais en me montrant ferme dans la défense de vos intérêts. La preuve, je fais des propositions raisonnables comme celle de la circonscription fédérale et j’envoie mes élus de la périphérie faire un petit show » et de l’autre, il laisse entendre aux Flamands qu’on doit continuer à discuter, qu’il est de bonne volonté. Avec comme arrière pensée le message que si on n’arrive à rien, ce n’est pas sa faute, mais peut-être celle de… Leterme qui ne sait vraiment pas comment s’y prendre. L’art d’occuper le devant de la scène et de se rendre incontournable.
C’est de la bonne communication. Un style différent de celui de Bart De Wever et sa « cuillère de sucre » certes, mais c’est du même ordre.
Frustration de ne pas avoir été invité aux discussions par « l’Explorateur » ou plutôt preuves que celles-ci patinent méchamment ? Le Vice-président bruxellissime (*) du MR s’est fendu hier de propos bien dans l’air du temps. « Que personne ne s'y trompe, la Flandre s'est constituée en nation, et aujourd'hui elle a la prétention de s'ériger en Etat, dans la Belgique si elle en tire encore avantage, hors d'elle si ses intérêts le lui dictent. Les francophones auraient tort de croire qu'ils arrêteront la marche en avant de la Flandre nationaliste en payant toujours un prix plus élevé pour maintenir un semblant d'unité ». « Face à l'Etat flamand qui se construit, les francophones ne peuvent plus se contenter de raisonner en termes de Communauté ou de Région. Wallons et Bruxellois peuvent envisager de garder l'Etat belge sans la Flandre, en veillant au lien territorial entre Bruxelles et la Wallonie. »
« Face à l'Etat flamand qui se construit, Wallons et Bruxellois peuvent envisager de garder l'Etat belge sans la Flandre ». Voilà le message principal de cette sortie ultra-médiatisée et qui pourtant n’apporte rien de nouveau. Sauf que Maingain, se parant comme d’habitude de son rôle de « défenseur de la cause frankeupheune » aura bien mérité de la « patrie résiduelle belgo-wallo-bruxellienne » qu’on nous prépare. Sachant l’effet de ses propos en Flandre, il montre par là que quel que soit le résultat des négociations (en fait, je pense qu'il s’en tape !) : élargissement de Bruxelles à certaines communes de la périphérie ou maintien définitif de ces communes en Flandre, pour les politiciens (**) élus comme lui sur le message « il faut sauver Willy la Belgique unie », leur choix est fait. Et il est temps de préparer la population et donc les esprits à la phase suivante : l’Etat « Belgique-résidu ».
Contre la France. Il n’y a pas de surprise, finalement.
(*) Avez-vous remarqué qu'il ne prononce jamais (ou alors j'ai été distrait...) le mot « Wallon » ? C'est également lui aui est l'auteur de l'expression assez méprisante : « République des bords de Meuse »... pour qualifier laWallonie.
(**) Comparaison hasardeuse et n'ayant rien à voir avec la personne d'O. M. certes, mais voici une citation à méditer : « Après tout, ce sont les dirigeants d'un pays qui en déterminent les lignes d'action, et ce n'est jamais qu'une question simple que d'entraîner le peuple, que ce soit dans une démocratie, une dictature fasciste, un Parlement, ou une dictature communiste. (...) Le peuple peut toujours être converti à la cause des dirigeants. Cela est facile. Tout ce qu'il suffit de faire, c'est de leur dire qu'ils sont attaqués et dénoncer les pacifistes pour leur manque de patriotisme qui expose le pays au danger. Cela marche de la même manière dans tous les pays ».Elle est d'un certain... Hermann Goering, notable nazi au procès de Nuremberg en 1945.
Je ne vous apprendrai pas que c'est Carl von Clausewitz (si mes souvenirs sont bons...) qui a écrit qu'une guerre commence toujours comme la précédente a terminé et qu'une armée battue adopte les méthodes de son vainqueur.
Depuis 1945 (date du Congrès wallon de Liège) et plus particulièrement le referendum de 1950, dernière défaite de l'Etat unitaire, la propagande du régime a repris à son compte la recette de cet individu en l'amplifiant aux moyen de ce medium extraordinairement puissant qu'est la télévision.
Ceci n'a rien à voir, mais avez-vous remarqué qu'Olivier Maingain et José Happart s'expriment tous deux sur un ton assez monocorde ?
On le sait, faute d’atteindre le quota des 20 élèves fixé par la Communauté française pour l'octroi de subsides les enfants seront donc accueillis dans une des cinq autres implantations maternelles de Leval-Trahegnies et un service de transport scolaire sera mis gratuitement à la disposition des parents qui le souhaitent.
Le Nouvel’Observateur publie sous la plume de Claude Askolovitch un pensum assez pathétique : « Belgique : la déchirure ». Le sous-titre donne le ton et les limites de l’exercice. : « Pour conjurer le risque du divorce entre Flamands et Wallons, la Belgique avait choisi un Etat fédéral pesant, compliqué mais rassurant. Il ne marche plus. Et les solutions avancées pour le remplacer - indépendance ? Autonomie ? Confédération ? - donnent le vertige... ».
« Le courage. C'est de refuser la loi du mensonge triomphant, de
chercher la vérité et de la dire » (Jean Jaurès)
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« (…) il n'existe aucun accommodement durable entre ceux qui cherchent, pèsent, dissèquent, et s'honorent d'être capables de penser demain autrement
qu'aujourd'hui et ceux qui croient ou affirment de croire et obligent sous peine de mort leurs semblables a en faire autant. » (Marguerite
Yourcenar)
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« Ce qui nous intéresse ce n'est pas la prise de pouvoir mais la prise de conscience. » (Armand Gatti)
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