D’un point de vue plus macro…
Quel avenir pouvons-nous espérer en cas de réunion avec la France ?
Quid du vieillissement de la population ?
Soyons clairs ! Le vieillissement est et va devenir un problème aigu en Flandre où 68% des pré pensionnés (souvent Canada dry) se trouvent. Où il y aurait de l'emploi, mais pas assez de personnes compétentes pour les occuper. La situation est semblable, mais bien plus grave en Finlande et en Allemagne, ce qui explique là le report de l'âge de la pension. Est-ce un modèle ? Non ! Simplement parce que si on peut comparer la Flandre à ces pays, ce n’est pas le cas pour la Wallonie. Ni pour la France par exemple.
La Flandre va perdre 400.000 actifs (personnes entre 20 et 60 ans) d'ici 2015, la Wallonie n'en perdra que 10.000 connaissant une remarquable stabilité dans ce domaine, la population wallonne étant plus jeune que la population flamande.
C'est la raison pour laquelle la Flandre ne demande pas la régionalisation des pensions puisque dans ce domaine c'est la Wallonie qui va payer de plus en plus pour la Flandre... comme en témoigne le tableau suivant qui montre, en Flandre, une augmentation plus importante de la population de plus de 60 ans par rapport à la population active.
Perspectives de population 2000-2050 : |
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2010 |
2020 |
2030 |
2040 |
2050 |
Flandre |
24,75 |
28,76 |
32,63 |
33,89 |
34,29 |
Wallonie |
23,03 |
26,36 |
29,29 |
30,51 |
31,29 |
France |
22,8 |
26,5 |
29,6 |
31,1 |
31,9 |
J’y ai ajouté la France qui montre une évolution comparable à celle qu’on prévoit pour la Wallonie. A un point tel que les courbes d’évolution sont pratiquement superposables. Un petit dessin valant toujours mieux qu’un long discours, voici cette comparaison :
Et encore, les estimations pour la France sont pessimistes, puisqu’elles ne tiennent pas compte de la poursuite de l’augmentation du taux de fécondité annoncé il y a peu par l’INSEE de2,0 enfants par femme ! (1.64 en Belgie-que). La France qui, grâce à sa population jeune, reprendra logiquement la tête de pays européens en termes de croissance. C’est de bon augure pour la Wallonie dans le cadre d’une réunion.
La France voudra-t-elle de nous et accepterait-elle une « Wallonie sinistrée » ?
Les scénarii financiers catastrophes sur le séparatisme publiés ces derniers temps se basent sur une hypothèse des deux ou trois Etats distincts dans un cadre territorial d’une future ex-Belgique « isolée du reste du monde ». Cet exercice est limitant et orienté. Car enfin, soyons sérieux, la Wallonie sinistrée ? Ce n’est quand même pas le tiers monde ! Nous avons surtout un problème de gouvernance et ne sommes « pauvres » qu’en comparaison avec la Flandre qui est-elle, relativement riche. Par rapport à un PIB européen moyen de 100, la Flandre se situe à 123 (en 2004), tandis que la Wallonie est à 90. La Flandre est précédée d'autres, comme le Bade-Wurtemberg, le Pays basque espagnol, la Lombardie, la Bavière, la Catalogne ou l'Irlande. Michel Quévit dans l’Echo du 31/08/2007 se demandait « si la stratégie actuelle de la Flandre ne consiste pas à récupérer les moyens financiers qui lui permettraient d’intégrer le peloton de tête européen ? Ce qui expliquerait pourquoi la pression flamande porte surtout sur des compétences à incidence financière »…
Il faudrait aussi expliquer un jour, comment la Flandre en est arrivée là en détournant beaucoup de moyens à son profit depuis 1945… Y compris, comme le fait encore remarquer Quévit grâce à la rigidité du principe de péréquation financière. Cette péréquation qui fait qu’ailleurs, les entités fédérées riches contribuent au développement des entités plus pauvres. La clé de répartition (60/40) bétonnée dans les lois de financement est anormalement rigide à la différence du modèle allemand par exemple, où les Länder contribuent au pot commun en fonction de leur croissance économique respective. Dans tout Etat, les régions riches contribuent ainsi au développement des régions moins riches au prorata de la richesse qu'elles créent. C'est le fondement même de la solidarité. Sauf en Belgique. Ce contingentement de la solidarité « à la belge » est une des causes peu citée et donc peu connue, mais à mon sens essentielle du retard (qui est plutôt du «mal-développement») qu’on ne rattrape pas sur les autres régions européennes de vieilles industrialisations comparables.
Wallonie pauvre, vraiment ? Un certain… Di Rupo, alors ministre président de la Région wallonne en 2006 publiait ceci : « A l’échelle de la France, le PIB de la Wallonie la placerait au 8ème rang des 22 régions françaises et au 3ème en matière d’exportations, juste derrière l’Ile-de-France et la région Rhône-Alpes. En termes d’emplois, les groupes français occupent la 1ère place avec 34.000 postes, soit 32 % des 100 premières entreprises industrielles en Wallonie. La France est, de très loin notre 1er client avec quasi 35 % du total des exportations wallonnes. Notre intégration est du point de vue économique est très avancée... On ne le dit pas assez »
Et le plan Marshall ? Et la solidarité économique ?
On parle beaucoup des transferts entre la Flandre et la Wallonie. Ce sont les transferts en sécurité sociale qui sont visés. Il n’y a plus de solidarité économique en Belgique. Rappelons nous que la solidarité « à la belge » a permis de construire Sidmar avec les fonds de reconversion de la sidérurgie wallonne. Les régions françaises de vielle industrialisation comparables à la Wallonie ont bénéficié de la solidarité de toute la nation, sans que ça pose de problème. Aurait-on entendu un Breton dire : « pas un sous pour l’acier Lorrain ? » ou encore un méridional se plaindre de « payer une voiture tous les cinq ans à ces fainéants de Nordistes ?
En matière de solidarité économique, reprenons l’exemple Corse, il est parlant. Un des derniers plans de développement économique lancé en 2002, s'élève à deux milliards d'euros - soit deux fois le plan Marshall (et sur deux ans, pas quatre…) - pour une population de… 280000 personnes ! Ce serait, chez-nous, un investissement bien placé. Avec les équipements, les talents et la situation stratégique dont elle dispose, la Wallonie a tous les atouts pour être une des régions les plus performantes d'Europe.