« L'homme est né pour le bonheur et pour la liberté, et partout il est esclave et malheureux ! La société a pour but la conservation de ses droits et la perfection de son être, et partout la société le dégrade et l'opprime ! Le temps est arrivé de le rappeler à ses véritables destinées ; les progrès de la raison humaine ont préparé cette grande révolution, et c'est à vous qu'est spécialement imposé le devoir de l'accélérer. Pour remplir votre mission, il faut faire précisément tout le contraire de ce qui a existé avant vous ». (Robespierre)
Je ne vais pas vous parler de cette foutaise qui occupe certains esprits à propos d’une catastrophe planétaire. Soyons sérieux, ça occupe et permet d’occulter beaucoup de choses. Ainsi, la presse - concentrée à Bruxelles - a très peu parlé de la réunion de mercredi à l’Elysette, siège du gouvernement wallon d’une commission qui a pour tâche d’organiser les nouvelles compétences de la Wallonie. Compétences qui sont transférées du fédéral. Il était pourtant temps !
Il était temps, dans la mesure où les nouvelles compétences wallonnes concernent chacune et chacun d’entre nous, au quotidien. Maisons de repos, allocations familiales, sécurité routière, fiscalité (changement de mécanisme de la loi de financement), activation de l'emploi et d’autres domaines qui seront désormais traités par les gouvernements de la Wallonie et de Bruxelles.
Mais, il y a, en plus, un sentiment d'urgence à redéfinir un projet wallon, à remettre en place la dynamique wallonne. Je ne peux que me réjouir à ce sujet de lire que la principal parti de Wallonie retrouve des accents wallons par les déclarations de ses ministres Tillieux et Marcourt. De même des propos de milieux syndicaux et mutuelliste de la même mouvance qui vont dans le même sens. C’est un bon signe parce la population ne se sent guère concernée par ces réformes, certes encore trop timides pour ceux qui sont conscients de l'évolution de institutionnelle, conscient des échéances, des compétences à mettre en œuvre. Alors que la Flandre, dès 1999, a émis, par le biais de son parlement, des résolutions qui ont tracé le sillon de sa politique durant de nombreuses années, la population wallonne, confortée par les médias, vit, quelque part encore, dans l'image d'une Belgique protectrice et immuable. Or, il est du rôle de tout ce qui tourne autour du monde politique, de tout ce qui a de l'influence, des intellectuels, de prendre leurs responsabilités en avisant les citoyens avec méthodologie et pédagogie, de ce que, désormais, leur avenir et leur quotidien seront liés à davantage de Wallonie que d’État Fédéral.
C’est pourquoi, je me réjouis du débat « intra-francophone » qui s’est enfin ouvert à l’initiative de membres wallons et bruxellois d’un parti qui était pourtant devenu frileux sur ce sujet sous la très longue présidence de l’aventurier conservateur, royaliste et belgo-unitariste présidant actuellement aux destinées d’un gouvernement fédéral qui applique, le doigt sur la couture du pantalon, les ukases d’une Commission européenne inféodée aux agences de notation, aux « Marchés » et aux banquiers.
Je suis surtout heureux de lire les propos du nouveau président du PS bruxellois qui m’incitent à penser que là-bas aussi, l’idée régionaliste progresse. Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps, et dans les autres formations, la tiédeur (et je suis gentil en écrivant ça) domine encore quand ce ne sont pas des réactions hostiles et irrationnelles. Et pourtant, tant les Bruxellois francophones que les Wallons ont tout à gagner d’une redéfinition de leurs relations. Comment, en effet, peut-on encore être promoteur d’un communautarisme linguistique qui si on le maintien va, par exemple, forcer les Bruxellois à avoir un problème de sous-nationalité après 2014 ?
Il est temps de sortir de cette opposition stérile et néfaste, cette logique communautaire qui nous a été imposée par l’aveuglement de certains et qui si elle a fait le bonheur de la Flandre (et d’un parti communautaire bruxellois qui continue à en faire ses choux gras…) a contribué à retarder le redressement de la Wallonie. Alors que les recettes des régions qui se redéployent sont bien connues, pensons simplement à la pénalisation (c’est plus qu’un handicap) due à la non-maîtrise de l’enseignement un des principaux outils de redéploiement économique.
Mais ce n’est pas tout, là aussi, il faudra aussi sortir des tabous hérités des convultions et déchirements politiques du passé comme les conséquences du « pacte scolaire ». (A propos d'enseignement, relisez cette page).
Nous sommes à un de ces des moments où l'histoire s'accélère. Un de ces moments où se révèlent les vrais Hommes d’Etat.
Oui, nous sommes à la fin d’un monde. C’est le moment de dire de redéfinir un vrai projet wallon et de dire avec Danton : « De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace ! »