Le Pôle Interuniversitaire sur l’Opinion publique et la Politique de l’Université catholique de Louvain vient de publier une analyse sur la base de l’enquête post-électorale de 2007.
Les résultats ont été largement commentés dans la presse francophone qui se réjouit d’une évolution semblant très belgicaine : 44 % (37% en 2003) veulent le retour de l'Etat unitaire, 22 % renforcer les compétences du fédéral, 12 % de partisans du statu quo. Ce qui laisse 21 % de soutien aux forces centrifuges – 17 % veulent confier davantage de compétences aux Régions et Communautés, 4 % la scission. Ce qui est à mettre en rapport avec la même étude publiée par la KUL : 11 % seulement des sondés flamands veulent un retour à la Belgique unitaire, 11 % sont favorables au renforcement du fédéral, 20 % rêvent d'un statu quo, ce qui laisse la majorité (46 %) en faveur d'une régionalisation accrue et 9 % d'une scission. Intéressant, non ?
Mais pas étonnant. Je discutais récemment avec un journaliste parisien spécialiste des Balkans qui a passé les années de guerre civile dans cette région. Il me confirmait l’espèce de cécité et d’incompréhension, voire de détachement de la population par rapport aux réalités observables. Les gens (dans les différents états de la fédération) se déclaraient encore partisans encore à l’existence d’une Yougoslavie unitaire alors que la guerre faisait rage à moins de 50 km. Intéressant parallèle, non ?
Mais, entre les souhaits et la réalité, la réponse à la question suivante montre bien que les Wallons pensent à des solutions alternatives en cas de crise.
La question a été posée sous la forme suivante : « Imaginons que la Belgique vienne à disparaître. Pouvez-vous me dire dans quelle mesure vous êtes d’accord ou non avec chacune des propositions suivantes ? 1. Une Wallonie indépendante et Bruxelles indépendant ; 2.Une fédération indépendante comprenant la Wallonie et Bruxelles ; 3. Le rattachement de la Wallonie et de Bruxelles à la France ; 4. Bruxelles cogéré par une Wallonie indépendante et une Flandre indépendante ».
Pour chacune de ces propositions, le répondant est invité à marquer son accord ou son désaccord.
Pourcentage des électeurs wallons qui sont tout à fait d’accord et d’accord avec chacune des propositions (données pondérées par l’âge, le genre, l’éducation et le vote)
% des Wallons ayant marqué leur accord pour chacune des propositions |
Wallonie et Bruxelles indépendants | 20,5 |
Fédération Wallonie-Bruxelles | 56,5 |
Rattachement de la Wallonie et de Bruxelles à la France | 29 |
Bruxelles cogérée par la Flandre et la Wallonie | 16 |
« En cas d’éclatement de la Belgique, les Wallons se prononçaient donc en 2007 en majorité pour un scénario de « Fédération Wallonie-Bruxelles » (56,5 % des Wallons privilégient cette solution). Le choix de l’indépendance de la Wallonie et de Bruxelles ne comptait que 20,5% de partisans (…)
La solution flamande de cogestion de Bruxelles est l’alternative la moins souvent évoquée par les Wallons (16%). Cela devrait rassurer les Bruxellois, cette position politique reprenant de la vigueur du côté flamand. »
« Le choix rattachiste à la France en cas de crise (29%) n’est pas aussi minoritaire que les résultats électoraux actuels des partis qui s’en réclament le laisseraient penser ».
La partie importante de la phrase est : « en cas de crise ». A méditer...