Trente ans d’acquisition d’autonomie pour la Wallonie, ça se fête.
Partie de rien, ou presque, depuis l’expérience de régionalisation préparatoire, l’autonomie wallonne est montée en puissance au cours du temps. Et pourtant, que de résistances à cette évolution dont tous les observateurs objectifs reconnaissent aujourd’hui qu’elle a permis à la Wallonie d’enrayer le déclin dans lequel l’avait plongée la Belgique.
Cette institution jouera demain un rôle de plus en plus important. Je constate d’ailleurs un changement de ton et de propos très significatif.
Effet « Bart » ou prise de conscience ? L’avenir proche nous le dira. Serions-nous à un moment fondateur ?
Après avoir été étouffé sous « la francophonisation » qui a empilé dans les esprits une double dose de « belgicanisme » censée permettre la survie de la Belgique par l'écrasement du sentiment wallon et son remplacement par un « sentiment francophone » tout aussi artificiel.
Oui, la Wallonie a bien une identité et cette identité wallonne est une des multiples identités françaises.
Mais là n’est pas le thème de ce billet.
Parlons plutôt d’une évolution terriblement importante où certains politiciens, syndicalistes et intellectuels n’hésitent plus à oser dire tout haut ce que vous avez pu lire sur ce blog depuis quelques années en matière d’identité, de reconnaissance du fait wallon, de son indispensable prise en main d’outils de développement qui lui échappent encore. Sans enregistrer de sarcasmes ou de manifestations indignées. Tiens ! Comme si ce n’était plus tabou.
Sans remonter aux propos de Demotte sur l’identité wallonne, trois exemples récents :
L’excellente émission « Face à l’info » sur l’avenir de la Wallonie de ce jeudi 16 septembre 2010 (à écouter ou réécouter ici jusqu’au 23/09…) et particulièrement les interventions de Thierry Bodson de l'Interrégionale wallonne de la FGTB, Michel Quévit économiste et professeur émérite de l'UCL et aussi Vincent Reuter Administrateur délégué de l'Union wallonne des Entreprises. Vous y retrouverez des propos très semblables à ceux distillé ici au cours de ces dernières années.
Jean-Jacques Viseur, après avoir fait campagne sous le slogan belgicain éculé : « L'union fait la force » vient maintenant de déclarer : « La Wallonie doit oser la carte d’un nationalisme wallon ». Certains retournements sont décidément très rapides...
Le ministre Marcourt s’est exprimé il y a quelques jours en faveur de la régionalisation de l’enseignement. En toute logique ou cohérence dirais-je parce qu’il est clairement démontré depuis des années que les Régions de vieille industrialisation qui ont obtenu la maîtrise de leur enseignement et de leur culture sont aussi celles qui ont le mieux réussi leur reconversion et leur redéveloppement. (sud de l’Angleterre, nord de l’Espagne, etc..)
Une chose est certaine, c’est qu’on ne peut plus se contenter de parler uniquement en termes économiques. Surtout maintenant que les prémices (pour rester volontairement modeste) du redressement wallon sont là (exportations et investissements où la Wallonie a dépassé la Flandre… et autres domaines où la Wallonie fait jeu égal). Ce n’est pas suffisant, il faut y ajouter l’indispensable versant culturel.
C’est le moment de faire émerger un projet fédérateur wallon. L’identité se crée et se recrée tous les jours. Nous avons tous un rôle à jouer.
Si certains en parlent, nous, nous devons le faire !
PS. J’ajouterai pour ceux qui lisent rapidement, ou font une lecture manichéenne, que mes propos ne rejettent absolument pas Bruxelles. Simplement, Bruxelles n'est pas la Wallonie. Mon opinion reste celle que je défends depuis longtemps. Je suis partisan d’un maximum d’autonomie et d’acquisition de compétences pour chaque entité (Flandre y comprise !) tant que la Belgiqe existe. Des entités clairement distinctes. Ce qui n’empêche absolument pas de conclure - ensuite - des accords équilibrés de partenariat. D’égal à égal. Comme avec n'importe quelle autre entité politique.