Ceux qui suivent un peu l'actualité en Belgie-que savent qu'à la moindre occasion nos médias comme certains de nos concitoyens conditionnés aiment à tirer à boulet rouge sur la France, par bêtise parfois, par amnésie souvent. Mais, ce qui est compréhensible en Belgie-que, pays conçu contre la France l'est moins ailleurs.
Un correspondant vient de m'envoyer ce texte tiré d'un blog de réflexions.
Pourquoi la France fait-elle peur en Europe et pourquoi le français est-il systématiquement taxé d’arrogance dès qu’il exprime une opinion personnelle ce qui, dans un système démocratique, est pourtant fondamental ?
Si l’on excepte quelques périodes comme les soubresauts révolutionnaires et les conquêtes napoléoniennes qui résultent le plus souvent d’actes d’autodéfenses d’une nation à laquelle les monarchies européennes refusaient la liberté de se déterminer, la France c’est le plus souvent abstenue de toute tentation impériale du moins en Europe, à l’exception notable de Charlemagne. Les rois capétiens tentèrent d’offrir au pays des frontières naturelles, le fameux pré carré, sans voir au-delà à l’exception de François 1er qui voulut faire valoir ses droits en Italie, mais les anglais n’ont-ils pas tentés de faire valoir les leurs en France même. D’ailleurs, d’une façon générale, c’est plutôt la France qui, tout au long de son histoire, fut en permanence obligé de se garder des tentatives d’invasions de la Germanie comme de l’Angleterre, sans oublier la tentative d’invasion arabe terrestre et les innombrables raids vikings et sarrasins en Méditerranée au fin de pillages et d’esclavages.
Une nation en permanence sur la défensive et menacée dans son existence peut-elle être dangereuse ?
Cette permanence du danger extérieur a eut pour principale conséquence heureuse l’établissement d’un état fort, d’un pays soudé et solidaire, laquelle solidarité vaut aussi bien pour les ethnies constitutives que pour les individus.
Pour comprendre les raisons de cette crainte des autres européens regardons une carte :
La France se trouve, à peu près au centre de l’Europe surtout occidentale, c’est à dire de l’Europe ouverte sur le monde par l’Atlantique. Judicieusement placée du point de vue climatique avec des façades maritimes ouvertes sur les deux principales mers d’Europe, un agencement des plaines et des montagnes idéal, des frontières pour la plupart naturelles à l’exception de celle du nord-est grande ouverte sur la grande plaine nord européenne et que l’existence de la Belgique a empêché de s’établir sur le Rhin.
A ces dispositions géographiques idéales, s’ajoute une superficie non négligeable à l’échelle européenne puisque seules la Russie et l’Ukraine sont plus vastes. L’Espagne qui est l’autre « grand » pays de l’Europe occidentale est nettement plus petit.
Un autre atout non négligeable réside dans sa remarquable stabilité territoriale et la cohésion de son territoire pourtant multiethnique. Alors que partout ailleurs les autonomismes et les indépendantismes sont la norme, au point que l’on en vient à se demander parfois si l’indépendance des communes ne sera pas un jour la norme, la France conserve une structure unitaire soudée non par la force comme le fantasment certains de nos voisins, mais par l’adhésion générale de tous à la nation française. Si chez nos voisins on rêve d’autonomies régionales, d’états nations mono ethniques, en France l’on est adepte du métissage, du mélange et l’on est français avant d’être autre chose quand bien même on prétend le contraire. D’ailleurs comment le pourrait-on ? Il n’est pas un occitan où un breton qui n’est de la famille, qui travaille en dehors de son territoire, épouse une « estrangère », sans compter qu’une part non négligeable de la population a des origines extranationales. Revendiquer une « Race » où une « Culture » particulière relève de la construction mentale sinon du délire auxquels quelques minoritaires s’adonnent parfois, mais ils paraissent ridicules aux yeux du reste de la population. Alors pour les ethnicistes, culturalistes et autres racialistes étrangers et leurs visions étriqués, la France représente le contre modèle absolu, l’aberration qui décrédibilise toutes leurs affirmations et idéologies. Pour cela il est nécessaire de vilipender, d’exécrer cet édifice contre nature.
Enfin, de tous les atouts dont dispose la France et celui qui, sans doute, effraie le plus consiste en la relative vacuité de son territoire.
Si nous nous amusons à comparer la densité de population française par rapport à ses voisins immédiats, nous réalisons bien vite que malgré une disposition géographique avantageuse, un climat tempéré enviable, un sol plutôt habitable dans l’ensemble, la France est sous peuplée par rapport aux contrées environnantes.
Le fait est nouveau par rapport à l’histoire ancienne et résulte des troubles révolutionnaires, des guerres napoléoniennes, des nouvelles mœurs (qui restent à démontrer pour le XIXème siècle) ainsi que de la grande saignée de la 1ere guerre mondiale.
Jusqu’au début du XIXème siècle la France fut le pays le plus peuplé, par la suite, sa population s’accrut d’une manière plus douce que celle de ses voisins tant et si bien que le rapport s’inversa et que la France est en quelque sorte devenu un « trou » démographique au sein du continent européen.
Si l’on s’amuse à calculer qu’elle serait la population française si la densité de son peuplement équivalait à celle de ses voisins immédiats et cela en retenant une superficie de 500 000 km2 afin de prendre en compte les zones inhabitables par suite, par exemple, du relief, on arrive aux chiffres suivants :
Pour une population aussi dense que celle de l’Allemagne = 115 millions d’habitants ;
Pour une population aussi dense que celle de l’Angleterre = 123 millions d’habitants ;
Pour une population aussi dense que celle de la Hollande = 197 millions d’habitants.
Chiffres considérables surtout si l’on songe qu’il ne s’agit là que d’un calcul effectué sur la seule base du territoire métropolitain.
On comprend alors l’angoisse de nos voisins, si l’Union Européenne devient autre chose qu’un grand marché, la France en sera l’état dominant par le seul jeu de ses atouts naturels et de sa population.
Alors nos voisins nous redoutent, notre état est bien trop sûr de lui, « arrogant », nous détenons la bombe nucléaire, nos régions mêmes ultramarines ne recherchent pas l’indépendance où l’autonomie, nous promouvons des valeurs antagonistes des fantasmes ethnicistes, anti-étatique qui prévalent ailleurs et même notre population s’accroît non seulement du fait d’une immigration qui se francise quand même malgré les difficultés, mais aussi de par son expansion naturelle quand presque partout ailleurs le déclin s’amorce.
A terme, inéluctablement, la France retrouvera la place qui était la sienne sous Louis XIV et même plus encore puisque, aussi respecté et redouté que pouvait être l’état français de l’époque, sa main ne pouvait porter plus loin que ses frontières, son armée ne s’aventurait pas en dehors, à l’exception des Pays-Bas mais il ne s’agissait là que de fermer le Pré Carré.
Dans une Europe Unie dominée démographiquement par la France, il va s’en dire que son poids serait incontournable, son influence inévitable et qu’il n’y aurait guère que la Russie où les USA pour en limiter la portée.
Alors les français découvrent, toujours avec grande surprise qu’ils sont arrogants, suffisants, intolérants à l’extérieur alors qu’ils ne désirent pour la plupart que vivre en paix, qu’ils n’ont aucune ambition hégémonique, qu’ils sont plutôt discret dans l’expression de leur patriotisme et que le nationaliste français le plus obtus semble toujours bien léger, pour ne pas dire ridicule, par rapport aux exemples étrangers.
Quand à nos voisins, ils s’efforcent de nous contrer même dans nos intentions les meilleures, l’émergence d’un état européen leur fait redouter une mainmise française, ainsi qu’un relatif effacement ; ils aimeraient que nos régions fassent comme ailleurs et se détachent de Paris ; ils vont chercher hors du continent des appuis, des contrepoids ; ils s’efforcent de faire rentrer dans l’Union des états susceptibles d’annuler, voire de contrer, la future prépondérance française comme la Turquie où l’Ukraine.
Dites moi que les politiques étrangers ne se sont pas « amusés » à ces calculs et qu’ils n’en ont pas tiré les conséquences.
Intéressant, non ?