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1 décembre 2008 1 01 /12 /décembre /2008 13:21
La presse "sérieuse" s'est empressée de réagir au nouvel épisode de non-nomination à la fonction de bourgmestre des ces trois personnes (abusivement qualifiées dans la presse bruxelloise de "mayeurs", mais ça fait plus populaire et a pour objectif de toucher un public plus large et d'inciter les Wallons à la solidarité, c'est de bonne guerre). Certes, la crise financière et économique (ou en tous cas celle qui est prétendue telle et qui a fait l'objet d'une campagne médiatique intense pour bien nous persuader de sa réalité… à un point tel que on va finir par en douter…) est une priorité. Mais chez-nous, elle vient en complément d'un mal plus profond.

 

Le débat fait rage et de nombreux arguments sont utilisés en faveur ou en défaveur des décisions actuelles. Débat passionnel parce que deux logiques contradictoires s'y affrontent.

Prenons un peu de recul et sans me prononcer sur le fond, il faut rappeler quelques moments de notre histoire récente. En 2001 c'est lors du vote des accords du Lambermont et de la Saint-Polycarpe présentés comme une grande victoire par les négociateurs socialistes, libéraux (y compris le FDF) et le CDH qu'a été décidé le transfert de la tutelle des communes à facilité à la Région flamande sans que personne n'y trouve à redire. Or l'expérience précédente des Fourons avait bien montré quelle serait la politique du Gouvernement flamand en la matière.

Comme je l'écrivais précédemment, "Les Flamands ont demandé la régionalisation de la loi communale pour l'utiliser pour des questions communautaires, les Wallons pour rendre la démocratie communale plus démocratique..." On aurait tort de l'oublier.

Certes, ces accord ont amené des progrès importants en matière de dégraissement de l'Etat central par le transfert aux régions d'un certain nombre de compétences (loi communale, loi provinciale, agriculture, pêche en mer et le commerce extérieur) Accompagnant un certain refinancement de la Communauté française, ont également été régionalisés, la coopération au développement (pour les compétences régionales et communautaires), le contrôle des dépenses électorales lors de l'élection des Parlements et le financement additionnel des partis politiques.

 

Mais indépendamment de tout ça, ces décisions du Gouvernement flamand ne sont pas négatives pour tout le monde. A commencer par les candidats bourgmestres intéressés à qui la Flandre garantit ainsi une rente électorale pour longtemps.  Soyons objectifs, leur non-nomination ne les empêchera de toute façon pas d'exercer leurs compétences comme l'ont fait les premiers socialistes wallons pendant une vingtaine d'année avant 1914 parce que le roi refusait de les nommer. A l'époque, les socialistes étaient républicains...

Ces décisions sont loin d'être négatives pour les Flamands qui s'en servent comme écran de fumée pour cacher le fait que sa richesse actuelle est bâtie sur du sable et que son avenir économique proche (2012-2015) étant loin d'être rose, elle doit continuer à s'accaparer un maximum de moyens pour faire face aux catastrophes annoncées.

Catastrophes qui sont à sa porte; pensons à l'effilochage de son tissu industriel basé sur des productions à haute valeur ajoutée comme le montage automobile et les milliers de PME qui en dépendent. Pensons au textile terriblement concurrencé. Pensons à la concurrence féroce entre Anvers et les ports hollandais ou ceux de la Manche… Pensons au déséquilibre démographique… La Flandre continue bel et bien à s'accaparer ce dont elle a besoin pour son développement. Pourquoi ne va-t-on régionaliser le rail que lorsque les grands travaux d'infrastructure seront terminés chez eux et qu'ils n'auront pas encore commencé chez nous ? Pourquoi croyez-vous que le dialogue communautaire n'évoque que les points qui sont favorables à la Flandre en matière de transfert de sécurité sociale et exclu ceux qui ne le sont pas comme les pensions et les mesures pour anticiper le vieillissement de la population ? Je pourrais continuer ainsi fort longtemps.

Et en échange, ces décisions sont également du pain bénit pour les politiciens wallons et bruxellois francophones (un peu long ça, disons "belgicains") qui cachent les vrais enjeux de ce débat communautaire. Ça leur évite de reconnaître que les problèmes communautaires sont en réalité des problèmes économiques, des problèmes de conquête territoriale, des problèmes d'acculturation (comment comprendre autrement l'emballement de certains pour l'introduction de la langue anglaise à Bruxelles ou pour les cours d'immersion dans l'enseignement fondamental ?). Fixer l'attention sur trois bourgmestres permet d'occulter les réalités, celles des habitants ("flamandophones" comme francophones) de ces communes certes, ceux des autres qui sont dans le même cas mais surtout l'agression économique et culturelle froide que nous, Wallons, subissons depuis 178 ans !

 

N'oublions jamais ces fortes paroles de Jule Destrée dans sa lettre au roi de 1912 :

" L'œuvre maudite se poursuit lentement, par degrés, sans brusque éclat, avec la patiente opiniâtreté qu'ils apportent en leurs conquêtes. On y distingue trois étapes: d'abord le flamand se glisse insidieusement, humblement, auprès du français. Il ne s'agit que d'une traduction; qui pourrait refuser ce service fraternel à nos frères? Puis, un jour, le flamand s'affirme en maître; il revendique la première place qu'il appelle l'égalité; le français n'est plus que toléré. Enfin, le français sans cesse anémié, diminué, proscrit (...) Tout traduire est leur rêve; puis la contrainte administrative nous imposera ce bilinguisme inutile et vexant. Jeux puérils, pourrait-on croire. Non pas. D'abord le ridicule ne tue pas en Belgique. On s'y habitue facilement. On rit, on plaisante, on s'indigne, mais la contradiction reste. Le flamand ne recule jamais. Il a la douce obstination têtue du fanatisme".

Sincèrement, qu'est-ce qui a changé depuis 1912 ?


A quand un vrai parti politique, unissant les Wallons qui aiment leur Wallonie, qui affiche clairement son objectif de séparation ? Voilà un bel objectif pour juin 2009.

Il faut oser se dire wallon. Le peuple wallon est un peuple ouvert. Affirmer une certaine identité, une certaine appartenance est plus que légitime. A condition qu’on ne tombe pas dans des radicalismes nationalistes "à la belge". L’identité et la culture sont deux choses différentes. L’identité wallonne, c’est la citoyenneté politique. Notre culture est  française. "Utilisant le français depuis des siècles comme langue de culture, les Wallons ont profité de sa fortune prodigieuse, de son prestige incomparable, de son rayonnement immense dans le monde. Le français est devenu pour le wallon une « alma mater », une langue maternelle, au même titre que pour un Bourguignon, un Champenois ou un Normand. Car le français a pénétré tous les domaines de la pensée et du sentiment, dans la vie spirituelle comme dans la vie familière"... comme l'écrivait Félix Rousseau.

La séparation d'avec la Flandre doit être le premier objectif, ensuite nous discuterons entre-nous de nos choix d'avenir. Il n'est évidemment pas imaginable pour moi que ce choix devienne centrifuge par rapport à l’ensemble français.

 

En attendant, les propositions de loi visant à scinder BHV reviendront à la une de l’agenda politique au début décembre. Les présidents des trois parlements qui peuvent encore déclencher une procédure de conflit d’intérêts pour en retarder le traitement ont fait savoir qu’ils sont bien décidés à ne pas le faire.

 

Cela signifie qu'une éventuelle approbation de la scission de BHV par la majorité flamande à la Chambre pourrait bien être considérée comme une déclaration de guerre pour le monde politique francophone.  A suivre avec intérêt.  Les paris sont ouverts... Qui va céder le premier ? Et le "dialogue" va se poursuivre !

 

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commentaires

B
Pourquoi créer un nième parti ? J'ose le dire: l'union fait la force...Folie que cette histoire de parti
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C
<br /> Oui, oui, vous l'avez déjà dit...<br /> Il faut être plusieurs à le vouloir (vraiment !) pour se réunir...<br /> <br /> <br />
B
Et en avant pour un autre parti rattachiste: on n'est pas encore assez divisé comme ça ? Folie
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C
<br /> Pourquoi un nouveau parti ?<br /> Pourquoi sommes-nous divisés ?<br /> <br /> <br />
T
Merci de m'avoir répondu.C'est justement parce que la politique est une passion, un métier qui demande énormément de don de soi, surtout quand on la pratique honnêtement, que je ne pourrais être qu'un humble, mais sincère, militant!!Et puis j'ai une grave lacune qui m'empêcherait d'être un "bon" candidat: la diplomatie n'est vraiment pas mon fort!! :-))Surtout quand on peut imaginer le panier de crabes dans lequel il faudra surnager...Mais si vous, ou l'une de vos connaisances, devait sauter le pas (pour une vision Fr, je me permets d'être clair sur ce point), je serai des vôtres...Et pourquoi ne pas commencer dans notre cher Brabant qui commence à subir des assauts de + en + fréquents par le VL (je ne parlerai que de l'épisode du planté du drapeau VL au lion de Waterloo!!!)Bien à vous...
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C
<br /> C'est noté !<br /> ... A bientôt alors !<br /> <br /> <br />
T
Bonjour M. Thayse. Pourquoi ne le formeriez vous pas ce parti. Ou pour le moins, pourquoi n'en seriez vous pas un des membres fondateurs... Un parti qui, dans un premier temps, serait fédérateur de tous les FR qui ne se retrouvent pas toujours dans une dimension régionaliste vis à vis des VL. Un parti qui laisserait de côté nos dissentions de FR qui nous pénalisent tant devant "l'ennemi". Vous avez l'expérience et certainement les connaissances nécessaires sur notre pays, notre communauté et de nos beste vrienden pour cela. Bien entendu, l'idéal est d'avoir des bruxellois aussi.Et le moment venu, après nous être débarrassé de la "colonisation VL", NOUS prendrons nos responsabilités, NOUS mêmes, au moment que NOUS aurons choisi, avec qui NOUS aurons choisi... Vers le destin que NOUS aurons choisi...Merci..PS: je suis conscient que pour juin 2009, c'est un peu juste, mais pourquoi pas...
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C
<br /> Cher Monsieur,<br /> <br /> Merci pour les qualités que vous m'attribuez ! Mais, la politique, si c'est une passion, c'est aussi un métier. Il faut du temps et ne pas être seul. Mais, pourquoi pas ? Il y a des contacts qui<br /> évoluent "à bas bruit"... Y compris avec des Bruxellois, wallons comme frrancophones.<br /> Maintenant, comme le disait Mirabeau : "Donnez-moi 10.000 militants et je vous fais une révolution"... Si nous sommes suffisament nombreux... Après tout, il ne faut que 150 candidats pour les<br /> prochaines élections... Êtes-vous partant ? Et si nous lancions un appel ?<br /> Chiche ?<br /> <br /> <br />
A
Claude, Quand tu dis "A quand un vrai parti politique, unissant les Wallons qui aiment leur Wallonie, qui affiche clairement son objectif de séparation ?" ne penses-tu pas qu'il existe déjà ? Ne penses-tu pas qu'en en créant un autre nous ne divisions nos forces ? Ne penses-tu pas réellement qu'il vaudrait mieux appeler les gens à voter RWF (avec sa diversité ) que de nous diviser comme ce fût le cas avec Wallon, France et les autres ? Je sais ce que tu vas me répondre, mais je tenais à te dire mes sentiments.<br /> Bien à toi,  Alain
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C
<br /> <br /> Je pense qu'il n'existe plus. Le RWF est-il vraiment rassembleur ? Le nombre d'exclus dépasse le nombre de membres en règle de cotisation.<br /> <br /> <br /> Et comme l'a dit récemment le Professeur Jean Pirotte : "Enfin, un des principaux reproches que les militants wallons peuvent faire aux partisans d’un amarrage institutionnel à la France est<br /> d’avoir les yeux tournés davantage vers la France que vers les populations wallonnes. Pour arriver à leur fin, la France, certains militants pro-français iraient, dit-on, jusqu’à espérer<br /> le pire pour les Wallons : une dégradation totale de la situation wallonne dans un État belge délabré, pour mieux manifester la pertinence de la solution française. Un attachement<br /> sentimental à la France ne peut justifier de plonger les populations wallonnes dans la déconfiture."<br /> <br /> <br /> N'est-ce pas le cas ?<br /> <br /> <br /> Et pourquoi en créer un autre ? Si un parti rassembleur existait, cette question n'aurait pas de raison d'être.<br /> <br /> <br /> <br />

« Le courage. C'est de refuser la loi du mensonge triomphant, de chercher la vérité et de la dire »  (Jean Jaurès)
*
« (…) il n'existe aucun accommodement durable entre ceux qui cherchent, pèsent, dissèquent, et s'honorent d'être capables de penser demain autrement qu'aujourd'hui et ceux qui croient ou affirment de croire et obligent sous peine de mort leurs semblables a en faire autant. » (Marguerite Yourcenar)
*

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