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19 juin 2015 5 19 /06 /juin /2015 10:21

"Un peuple qui n'enseigne plus son histoire est un peuple qui perd son identité"

François Mitterrand 1982

En ces journées de mémoire où, en France on commémore le 18 juin 1940 et l’Appel du Général de Gaulle, Le Belgie-que célèbre dans l’enthousiasme (politico-touristico-commercial) le bicentenaire d’une défaite que l’on dit une grande victoire pour l’Europe... (Il s'en est pourtant fallu pourtant de peu pour que l'issue des combats ne s'inverse ce 18 juin 1815, mais une victoire de Napoléon n'aurait pas changé grand-chose vu l'ampleur des troupes russes et autrichiennes prêtes à en découdre avec l'armée impériale.

Une victoire pour l’Europe ? Mais quelle Europe ? Celle d’ancien régime, une Europe des despotes, une Europe qui n’était absolument pas démocratique. Waterloo est une défaite pour la démocratie et les Droits de l’Homme en replaçant pour 100 ans les vieilles familles régnantes absolutistes sur les trônes. Ce qui a abouti aux terribles massacres de 1914-1918. Cette terrible guerre, ces quatre ans de boucherie, ces millions de morts. Tout ça pour ce qui n’a finalement jamais commencé que comme une dispute familiale entre cousins régnants.

Waterloo n’est ni une défaite française, ni celle de l’Empereur, c’est la victoire de l’obscurantisme d’ancien régime sur les idées généreuses de 1789. Heureusement, de l’An II à 1815, ces idées ont parcouru l’Europe dans les fourgons des troupes révolutionnaires et de la Grande Armée. Ces idées ont changé le monde.

Il aura fallu six coalitions pour tenter de les effacer.

(https://www.youtube.com/watch?v=b8zcRzsORX4&feature=player_embedded)

S’il y a donc un bicentenaire à fêter aujourd’hui à Mont Saint Jean, c’est celui du courage. Tout d’abord, celui de ces soldats anonymes qui sont morts pour nous. Même si la petite histoire (ou le mythe) retiendra celui d’un autre général français qui s’est exprimé (lui aussi) au milieu d’Anglais : comme l’a écrit Victor Hugo : « Dire ce mot, et mourir ensuite. Quoi de plus grand ! Car c’est mourir que de le vouloir, et ce n’est pas la faute de cet homme, si, mitraillé, il a survécu. (…) L’homme qui a gagné la bataille de Waterloo, c’est Cambronne. Foudroyer d’un tel mot le tonnerre qui vous tue, c’est vaincre. »

Plus sérieusement, pourquoi ne célèbre-t-on plus le souvenir du 8 mai 1945, date beaucoup plus importante pour l’Europe que ce funeste 18 juin 1815 ?

Je m’étonne aussi d’entendre et de lire dans « nos » médias officiels que la France (comme l’Allemagne d’ailleurs, ce qui honore cette dernière) a refusé d’envoyer autre chose qu’un ambassadeur (excusez-moi du peu…) aux « cérémonies » … Propos repris par le dernier descendant de Jérôme Bonaparte - un des principaux responsables de la défaite qui a fait massacrer ses troupes devant Hougoumont, refusant d’utiliser l’artillerie pour enfoncer les fortifications anglaises - qui essaye lamentablement de se dédouaner en regrettant publiquement l’absence du Président Hollande. Celui qui porte le titre de « Prince Napoléon » et qui est employé par… la City de Londres…

Personne ne semble comprendre qu’on ne célèbre pas une défaite comme celle-là en France !

Au contraire, ce matin – à la RTB (si peu « f), on diffusait une enquête sur la vision que les Français auraient sur l’Empereur… Et il est vrai, qu’en France même, une certaine frange du monde politique contaminée par le politiquement correct anglo-saxon participe à ce qu’il faut bien appeler le « France bashing », pour plaire aux nouveaux maîtres du monde.

Napoléon a été considéré - pour des raisons politiques - comme l’adversaire de la république. Quand les républicains ont repris le pouvoir après la restauration, ils n’ont plus voulu entendre parler de lui. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’il n’y a pas une rue qui porte son nom à Paris et qu’il n’y aqu’une seule statue qui lui est dédiée (dans la cour d’honneur des Invalides). Il existe une rue Bonaparte, mais rien rappelant Napoléon ! On trouve en revanche des rues nommées d’après des batailles : Austerlitz, etc. Ils ont gardé finalement tout ce qui était glorieux.

Ainsi, s’il est vrai que Napoléon a effectivement commis la faute de rétablir l'esclavage en 1802, il est devenu rétroactivement et surtout sans tenir compte du contexte historique de l'époque, « l'Homme qui a rétabli l'esclavage », coupable de crime contre l'Humanité.

Cet événement n'est pas replacé dans le contexte historique de cette époque où l'esclavage était malheureusement pratiqué à l'échelle mondiale et où un Africain sur quatre était l'esclave d'un autre Africain selon les travaux de Catherine Coquery-Vidrowitch.

Mais enfin et surtout il faut rappeler que Napoléon était très loin d'être convaincu de cette mesure et qu'il s'est opposé un temps au Conseil d'Etat. Il finit par céder aux pressions des puissants lobbies des armateurs nantais et bordelais sans oublier l'influence de Joséphine de Beauharnais, issue d'une grande famille de planteurs. La position de Napoléon se caractérise plus par le pragmatisme ( comme pour tout homme d’Etat) que par une inclination "idéologique" quelconque, son objectif majeur restait avant tout le continent européen. Il est vrai toutefois que cette faute indélébile précipite la perte de Saint-Domingue et met fin aux ambitions coloniales.

Mais alors… que dire de sa décision prise à son retour de l'île d'Elbe, de supprimer la traite négrière sans restriction, le 29 mars 1815 ? Cette loi prononçait la confiscation des navires pris faisant la traite et l'interdiction de leurs capitaines.

https://books.google.be/books?id=n6csAAAAYAAJ&pg=PA55&lpg=PA55&dq=d%C3%A9cret+imp%C3%A9rial+du+29+mars+1815+traite&source=bl&ots=zAyJ7izZe1&sig=zIPx94EMKuTo79d0A22IaIdsgFM&hl=fr&sa=X&ei=nIKCVd_yFKWC7gbrtIGYDQ&ved=0CDYQ6AEwBA#v=onepage&q=d%C3%A9cret%20imp%C3%A9rial%20du%2029%20mars%201815%20traite&f=false

Or ça, personne n'en parle?

Enfin, ce qui est faux également, c’est de le comparer à Hitler ou Staline. Mais l’inverse est tout aussi inexact : le présenter comme le général désintéressé qui défendait les idéaux de la Révolution. C’était un personnage ambigu, mi-monarque, mi-général de la Révolution. En politique, c’était un centriste. Ne disait-il pas : « Ni talons rouges, ni bonnets rouges. » Les talons rouges, c’était une référence aux aristocrates qui en portaient ; les bonnets rouges, c’étaient les bonnets phrygiens, ceux des jacobins. Napoléon disait qu’il n’était ni de l’Ancien Régime, ni jacobin. Il était contre les révolutionnaires, les excès, les massacres. Et effectivement, il a toujours cherché une synthèse. Il a gardé l’égalité civile prévue dans le Code civil - tout le monde a les mêmes droits - mais en même temps, il a recréé une espèce d’aristocratie avec la Légion d’honneur, il a distribué des titres à ses généraux, à ses ministres. C’était un pragmatique. Un dictateur, certes, suivant nos critères actuels en tous cas, mais éclairé. Existait-il à l’époque un Etat démocratique dans cette Europe d’ancien régime ?

Faut-il rappeler qu’il n’y a jamais eu de camps de concentration sous Napoléon. Ce sont les Anglais qui feront ça les premiers ! (En Afrique du Sud lors de la guerre des Boers en 1900-1902)

On ne peut pas changer l'Histoire, l'Histoire, une fois écrite, ne s'efface pas. L'Histoire, on doit l'assumer. C'est autant glorieux qu'honteux. C'est l'Histoire ! La France, mais pas seulement, en particulier après les terribles événements de janvier, aurait bien besoin de pouvoir se rassembler autour de grandes figures tutélaires comme Napoléon. Il reste une leçon d'énergie, un symbole de ce courage politique dont ce pays a besoin aujourd'hui... Il symbolise l'imagination au pouvoir, la volonté, le rêve, l'inventivité, l'enthousiasme, l'accomplissement... Il éclaire à jamais ce qui constitue les valeurs de l'identité française : la méritocratie, les Lumières, l'ouverture, l'intégration réussie, l'autorité de l'Etat. Ceux qui constituent « le petit Peuple » ne s’y sont pas trompés, eux qui continuent à voir en lui, un des leurs qui les a fait rêver.

Après tout, ce petit Corse qui est arrivé à 10 ans sans parler un seul mot de français, suscite l'admiration du monde entier et devrait être une fierté pour tout Français ! N’est-il pas Le symbole de l’intégration réussie ? Que ne le dit-on pas ? Pourquoi mettre l’accent uniquement sur ses torts ou ses défauts ?

La question à poser, c’est : 200 ans après, à qui fait-il encore peur ? Et pourquoi leur fait-il encore peur ?

On ne peut pas changer l'Histoire, mais on ne devrait pas non-plus la falsifier, la détourner, la méconnaître volontairement ou non. C’est un crime.

Et ce qui est vrai pour la France l’est aussi pour nous, Wallons, le pseudo-nationalisme belge ne survit, n’existe, que grâce à l’ignorance de l’histoire (Et je suis gentil, c’est de falsification qu’il faudrait parler depuis Pirenne !). N’est-ce pas Monsieur le Premier Ministre Michel et compagnie ?

Et pour ceux qui imaginent encore que la Révolution et l’Empire n’ont laissé que de mauvais souvenirs chez nous, visitez donc la chapelle de Boneffe : http://napoleon-monuments.eu/Napoleon1er/Boneffe.htm

Faut-il rappeler qu’en 1815, la Belgique n’était déjà qu’un vague concept ? Et demain ?

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9 avril 2015 4 09 /04 /avril /2015 09:10

Le texte original : Les plaintes et le voeu des départemens toujours français composant l’ancienne Belgique, adressés à S. M. l’Empereur Napoléon

 

Le texte qui suit est la reproduction du document envoyé par « Les très-humbles et fidèles sujets des départemens français composant l’ancienne l’ancienne Belgique française ».  Ce texte écrit le 27 mars 1815 fut publié à Paris en avril 1815.

Pour ceux qui sont encore victimes de l'historiographie officielle du régime belge...

Bruxelles, le 27 mars 1815

SIRE,

Nous ne sommes pas moins sensibles à l’honneur que nos frères de l’ancienne France; vous venez de la délivrer, cette mère-patrie, d’un gouvernement qui la laissait avilie à la merci de l’étranger ; vous venez de rendre au Peuple français des droits pour lesquels il a combattu pendant vingt-cinq ans, et par vous, l’armée a reconquis l’honneur qu’on voulait lui ravir.

Nous, SIRE, qui depuis si long-temps faisons partie intégrante de la grande nation ; nous qui avons constamment suivi vos drapeaux, et mêlé notre sang à celui de nos frères pour soutenir dés intérêts communs; nous qui vous avons ouvert nos trésors, et vu vendre un tiers de notre territoire au profit de la France, serons-nous exclus de vos bienfaits , et notre récompense pour tant de sacrifices sera-t-elle l’abandon et l’esclavage ?

Jamais nos regards n’ont cessé de se tourner vers la France; écoutez nos vœux; écoutez nos plaintes; écoutez celles de nos frères les Liégeois et des départemens du Rhin , nos sentimens unanimes sont invariables.

La maison d’Autriche nous a vendus à l’Angleterre! Non seulement nous avons été le prix du remboursement des emprunts faits par elle à cette nation; mais encore il a fallu envoyer à Vienne , tous les mois, une grande partie de notre numéraire pour acquitter le prix des chaînes que nous portons.

Devenus province anglaise, sous le nom de royaume des Pays-Bas, notre ruine est consommée si vous ne venez promptement à notre secours.

Notre noblesse , entichée de ses vieux préjugés préjugés, d’accord avec nos tyvrans, qui lui ont donné toutes les places du gouvernement, voudrait nous rendre les droits féodaux , les dîmes, etc., faire renaître la représentation par ordres, et nous régir encore comme au quatorzième siècle.

Non seulement notre commerce est détruit, nos manufactures sont ruinées; mais nous restons restons accablés sous des impôts de tout genre; opprimés par les Hollandais, écrasés de logemens militaires par les Hanovriens, les Prussiens, vexés par les Anglais, nous allons être forcés de donner le reste de notre or et le sang de nos enfans pour soutenir leur cause impie. La landwehr nous menace.

Resserrés, garottés par des lignes de douanes, elles se ferment impitoyablement à l’aspect de nos produits, et s’ouvrent avec complaisance pour inonder nos villes et nos campagnes de marchandises anglaises.

Nos belles manufactures, élevées avec tant de peine, à tant de frais, au milieu des vicissitudes de la guerre, languissent et tombent sans espoir que leurs produits descendent jamais au vil prix des marchandises de l’étranger que des primes indemnisent. Déjà nos ouvriers sont obligés de quitter le sol qui les vit naître, et qui ne leur offre plus ni travail ni ressources; nos fabriques n’emploient à peine que le quart des ouvriers , occupés dans les momens les plus malheureux de la guerre.

La ruine, la dépopulation de nos belles provinces s’avancent à grands pas, et ce que les fureurs du duc d’Albe et l’aspect hideux de l’inquisition n’ont pu faire, sera l’ouvrage de nos prétendus libérateurs.

Qui nous protégera dans cette décadence funeste, si ce n’est vous, SIRE ? L’Angleterre soutire notre numéraire, c’est elle qui ruine nos fabriques ; son œil jaloux a déjà vu à quel degré de perfection se sont élevés nos mécaniques et nos produits; elle a » compté avec rage les nombreux établissemens de manufactures que renferment nos cités, qui fleurissent dans nos campagnes; elle a calculé nos immenses capitaux; elle a vu notre population toute manufacturière et connaît notre amour pour le travail; elle n’ignore rien des sources précieuses de notre commerce… et l’Angleterre l’encouragerait ! Non; son intérêt est évidemment d’étouffer. tous les élémens de notre prospérité. »

Sera-ce la Hollande qui nous protégera? La Hollande n’est plus comme nous qu’une province anglaise, sa religion, son intérêt nous séparent; elle ne peut ni ne veut encourager l’industrie et le commerce des Belges: car, en ce cas, Anvers seule dépeuplerait Amsterdam.

Serons-nous protégés par la Prusse, qui doit chercher des secours contre nous-mêmes, contre la haine que nous a inspirée sa domination? Les Prussiens ont tout fait pour la mériter ; jamais on ne poussa si loin les vexations, l’abus de la force, la barbarie et les calamités de la guerre.

Devons-nous compter sur l’Autriche? Cette puissance nous a vendus aux Anglais pour tourner toutes ses vues vers l’Italie; d’ailleurs notre situation et nos priviléges la rendirent toujours indifférente à notre bien-être intérieur.

Nos craintes, justifiées par les événemens » présens, naissent de l’expérience des temps passés. Ce n’est point la première fois que le sort des armes a mis nos provinces sous la main des puissances qui nous gouvernent aujourd’hui; nous n’avons pas oublié « qu’après la belle campagne de Marlborough, en 1706, les Anglais et les Hollandais s’emparèrent du gouvernement des Pays-Bas au nom de Charles III, roi d’Espagne, et qu’à l’abri d’un conseil d’état national, mais qui leur était vendu ou soumis, leurs commissaires rendirent, sous le titre de réquisitions, des arrêts meurtriers pour notre prospérité à peine renaissante. C’est du 23 juin, de cette même année, que date la désastreuse réquisition qui annulla les belles ordonnances qu’avaient provoquées en 1698 et 1699 les chambres de commerce de nos principales villes en faveur des manufactures du pays, et A L’EXCLUSION DES PRODUITS DE FABRIQUE ÉTRANGÈRE. A cette époque le commerce belge venait de s’affranchir du tarif onéreux de 1680, et les commissaires des puissances maritimes s’empressèrent de le rétablir. Des canaux s’ouvraient pour faciliter nos relations dans l’intérieur, un arrêt des commissaires les faisait combler. L’Escaut fut rigoureusement fermé, ainsi que les canaux y aboutissans, et des droits excessifs pesèrent sur le commerce pour le décourager et l’anéantir.

C’est l’Angleterre et la Hollande qui firent confirmer tous ces actes destructeurs par le malheureux traité d’Anvers en 1715, connu sous le nom de la BARRIÈRE.

C’est l’Angleterre et la Hollande qui, jalouses de notre industrie , ennemies de notre prospérité,soulevèrent toute l’Europe contre une compagnie de négocians établie à Ostende, et la firent dissoudre par l’empereur lui-même qui l’avait encouragée.

C’est l’Angleterre et la Hollande qui, par l’article 5 du traité de Vienne, abolirent à jamais tout commerce et navigation des Pays-Bas, vers les Indes orientales et occidentales, etc., etc., etc. Et voilà les maîtres qu’on nous donne aujourd’hui !

» SIRE, écoutez les plaintes et les vœux d’un peuple fidèle, ils retentissent dans toute la Belgique; son salut est dans les lois de la France, dans sa réunion à la grande nation, dans la protection immédiate de son Empereur.

La France seule a intérêt à protéger notre commerce, et à conserver notreliberté en nous assimilant à la sienne, elle seule en a la force; nos cœurs sont à vous, SIRE, et , quand vous le voudrez, 100,000 Belges s’uniront au premier bataillon français qui viendra nous donner le titre de frères.

L’Autriche et le cabinet de Saint-James, a-t-il seul le droit de disposer de nous? Et, pour conserver la paix, devons- nous être sacrifiés sacrifiés l’Angleterre ?

Il faut la paix sans doute, mais il faut avant tout l’indépendance des Etats ; sans elle on n’aura rien gagné dans la lutte terrible dont nous ne sommes point sortis; sans elle l’Europe ne verra point finir les révolutions.

Il est temps de consulter l’opinion et l’intérêt des peuples : voilà le secret de les rendre heureux, et de consolider une paix qui aura coûté tant de sacrifices au monde. Son bonheur est aujourd’hui dans la modération et l’ énergie de la France qui vient de recouvrer son Empereur. Jamais circonstance ne fut plus favorable!

Quand la Russie étend sa domination sur la Pologne, qui n’en veut point ; quand l’Autriche l’Autriche s’empare de l’Italie, qui n’en veut point; quand la Prusse prétend réunir à son empire la Saxe, qui n’en veut point; la France, fière de cinq cent mille braves commandés par un héros, forte de l’opinion de tous ces peuples dont on trafique honteusement, rentrerait-elle dans des limites humiliantes, pourrait-elle se voir, en pleine paix, assiégée, pour ainsi dire, par une armée anglaise, banovrienne, hollandaise et prussienne, qui pèse sur notre malheureux pays, le dévore et menace menace territoire sacré.

Votre majesté, dont les principes de modération doivent rassurer aujourd’hui toute l’Europe, ajoutera à la nouvelle gloire qu’elle vient d’acquérir, celle de relever les destinées de notre patrie ; elle le peut à l’instant, si elle le veut : car l’Angleterre s’opposerait en vain à la réunion des Pays-Bas à votre couronne ; ils sont déjà réunis à la France depuis vingt ans par leur volonté, ils n’en ont été séparés que par la force, et ils se réuniront encore à vous spontanément.

Les énormes sacrifices que l’Angleterre a faits, et qu’elle fait encore tous les jours pour maintenir une domination au-dessus de ses forces et de ses moyens ; l’impossibilité où sont les puissances continentales d’agir sans son or; la difficulté toujours croissante que trouve son ministère de s’en procurer pour faire face à tous ses engagemens, difficulté bien prouvée par le besoin indispensable aujourd’hui d’une somme extraordinaire de 36 millions sterling, 864 millions de France, insuffisante encore pour combler seulement le déficit de l’année ; la difficulté de remplir ces emprunts, puisque le dernier perd aujourd’hui 10 pour cent, et que leur change, vraie boussole de la prospérité des peuples, perd 18 pour cent; tout prouve que si l’Angleterre, pour retenir la Belgique, provoquait une guerre nouvelle, elle pourrait aussi compromettre, dans une seule campagne, toutes les forces de sa monarchie, et consommer enfin la ruine de ce grand échafaudage politique et financier, qui ne repose que sur du papier, des marchandises et sur l’achat ou le loyer des soldats russes , prussiens et autrichiens: plus de crédit, plus d’armées. Et qu’il était prêt d’être anéanti ce crédit, sans les malheurs de l’année dernière ! ! !

Ou la Belgique sera réunie encore à la France, ou elle sera une province anglaise comme la Hollande. Mais quelles inquiétudes ne doit pas donner la politique artificieuse de l’Angleterre si notre beau pays reste en ses mains ? Vous pourrez peut-être , SIRE, lui pardonner sa domination exclusive et »» despotique sur les mers , elle est nécessaire à son indépendance politique, même à son existence comme nation ; mais l’Europe peut-elle souffrir ses envahissemens continuels sur le continent ? Les Anglais sont maîtres du cap de Bonne-Espérance, de l’île de France, du golfe Persique, de tous les points maritimes de l’Inde et d’une énorme étendue de territoire. IIs ont en leur possession Gibraltar, Messine, l’île de Malte, Corfou, etc. ; ils se sont approprié le commerce exclusif des deux mondes, et cependant leur ambition n’est pas satisfaite.

Il leur faut encore le royaume de Hanovre; et, sous le nom du prince d’Orange, il leur faut aussi le royaume des Pays-Bas.

Vous ne le souffrirez point, SIRE, nous ne le voulons pas, et la France entière marchera au secours de ses frères opprimés.

Si notre réunion à votre empire n’était pas maintenue , la Belgique serait constamment l’arêne où l’Angleterre, la Prusse et la Hollande viendraient disputer avec vos armées de leurs intérêts. Enveloppés dans cette lutte sanglante , il ne se tirerait pas un coup de canon en Europe que nous n’en soyons les victimes. Réunis à la Hollande, nous sommes perdus, ruinés à jamais; réunis à la France , comme elle nous sommes invincibles. invincibles.

Et qui pourrait nous ravir l’existence que notre volonté, le pacte social avec la mère-patrie et votre puissance nous avaient assurée? Certes le congrès de Vienne n’a pu rompre ces liens sacrés ; ces engagemens que vous, SIRE, et tous les Français, avez pris avec nous de défendre nos départemens et de nous protéger ; nous avons le même droit à ce secours , à cette protection , que l’Alsace , la Lorraine ou la Bretagne. Vous nous devez aide et assistance, comme nous vous l’avons donnée par notre or, par nos guerriers, et la France entière nous l’a jurée?

En quelle qualité Louis , le XVIIIéme du nom , ce roi anglais, a-t-il pu disposer de nous? Et de quel droit une chambre de députés sans pouvoirs, comme sans patriotisme, a-t-elle osé nous ôter le titre de citoyens français que nous avons acquis au prix de notre sang ? Nos assemblées, vraiment vraiment nationales ont reconnu , ont consacré notre réunion à votre empire. Et ces mêmes puissances qui veulent aujourd’hui trafiquer de notre patrie, comme elles le font de l’existence et de la liberté de tant d’autres peuples, l’ont reconnue par plusieurs traités solennels.

Votre majesté n’abandonnera pas sans retour des peuples qui, pendant des siècles; appelèrent la France leur mère-patrie, qui lui sont intimement réunis depuis vingt ans, qui vous ont reçu deux fois an milieu des acclamations de leur amour, et qui seront toujours glorieux de se dire les sujets fidèles fidèles du plus grand, du plus sage et du plus éclairé des monarques, d’un prince formé à l’école de l’expérience.

Dans cette nouvelle époque de votre règne, vous proclamez, SIRE, les éternels principes de la liberté des peuples, vous allez devenir leur appui contre l’oppression toujours croissante de ces souverains qui semblent ne s’être réunis que pour trafiquer des nations comme des troupeaux, qui se les vendent en détail et par têtes, tantôt pour de l’or ou en remboursement d’emprunts, tantôt en échange de territoire. L’Italie , la Belgique , la Saxe, la Pologne vous tendent les bras, vous demandent protection , écoutez leurs plaintes amères, écoutez leurs vœux ; et nous, SIRE, qui sommes Français depuis vingt ans, ne souffrez pas qu’on nous sépare de la grande famille à laquelle nous avons tout sacrifié, et dont vous préparez le bonheur.

Jadis nous faisions partie des assemblées du champ de mai; alors nous étions Français; votre voix vient de retentir dans nos cœurs, et le mois de mai verra encore les Belges, réunis à leurs frères, saluer leur Empereur, l’élever sur le pavois, et jouir enfin d’un bonheur constant sous son égide.

Nous sommes avec un profond respect,

SIRE,

DE VOTRE MAJESTÉ,

Bruxelles, le 27 mars 1815

Les très-humbles et fidèles sujets des départemens français composant l’ancienne Belgique (Ici suivrait un million de signatures si nos plaintes, si nos vœux n’étaient regardés comme des crimes par nos tyrans ombrageux. )

Plus d'infos sur : http://napoleonbonaparte.be/

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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 05:49

Voici une analyse qui devrait inspirer beaucoup d'entre-nous dans leurs débats sur l'avenir de la Wallonie.

http://www.courrierinternational.com/article/2014/09/03/ecosse-voter-contre-l-independance-serait-une-aberration

L'auteur y parle du La justification du système est “un processus par lequel certains individus légitiment les structures sociales, même si c'est aux dépens de leurs intérêts personnels et collectifs”. Elle traduit un désir de défendre le statu quo, quelles qu'en soient les répercussions. La justification du système est d'autant plus forte que les inégalités économiques et sociales sont plus extrêmes. En effet, les gens cherchent à rationaliser leur situation défavorisée en l'expliquant par des raisons légitimes. Il arrive que les communautés défavorisées soutiennent plus largement le statu quo que les populations privilégiées. Une étude a en effet démontré qu'aux Etats-Unis les inégalités économiques étaient davantage perçues comme légitimes et nécessaires par les travailleurs à faibles revenus que par leurs compatriotes à hauts revenus.

Tout cela ne vous rappelle-t'il rien ?

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25 août 2014 1 25 /08 /août /2014 05:52

Le 6 août dernier, Paul Durieux répondait ceci à un commentaire sur le blog de l’AWF : « Le RWF a connu les résultats électoraux que vous connaissez. Je crains que vous ne connaissiez pas la situation interne de ce groupement politique. Quant au mouvement wallon, il n’existe plus. Ce n’est pas moi qui le dis, mais une personne autrement qualifiée qui l’affirme : M. Paul Delforge, coordinateur du Centre d’Histoire de la Wallonie et du Mouvement wallon. La Belgique et ses médias de langue française ont réussi à "belgifier" complètement la société wallonne. Celle-ci est chloroformée et vit dans un état second où seul le noir-jaune-rouge est un refuge, refusant de constater que la Flandre ne veut promouvoir que le noir et le jaune.

Ce constat est terrible et le réveil ne pourra être que très douloureux ».

Indépendamment de la situation interne actuelle du RWF (sur laquelle je n’ai aucun avis, et que je ne connais pas)  je ne peux que rejoindre le constat terrible concernant le Mouvement wallon.

Tout a été fait depuis le Congrès national de 1945 pour l’anéantir. C’est à partir de là que les « élites » belgo-flamandes  (pléonasme qui peut se traduire par « francophones ») ont tout fait pour belgifier notre peuple. Et à part quelques sursauts en 60-61 et lors de l’aventure du Rassemblement wallon, ils semblent bien y avoir réussi… jusqu’ici.

Ils ont utilisé toutes la puissance des médias à commencer par la télévision qui soirée après soirée (à l’exception des quelques émissions d’Henri Mordant) ont distillé un dégoût de l’identité wallonne (traités de géviculteurs, paresseux, inconstants, frivoles, imprévoyants, etc...). Et ça, dans tous les domaines, il est bien connu qu’un sportif qui gagne ne peut être que  belge, le même s’il perd est au mieux wallon, au pire désigné par son appartenance communale.

La discréditation de notre passé entretien cette détestation de soi qui sommeille désormais en chaque Wallon (en quoi, nous sommes bien proche de la culture française…°)

Ils ont menti sciemment et avec constance. Présentant systématiquement les choses sous un angle anti-wallon. Les plus anciens d’entre nous se souviendront des moqueries concernant les Wallons qui auraient dépensé tout leur argent à soutenir des « canards boiteux » alors qu’en réalité, à l’époque, tout était entre les mains des capitalistes bruxellois (la fameuse Société générale de Belgique en particulier) pour qui l’objectif a toujours été uniquement de gagner de l’argent et qui ont maintenu un appareil industriel situé en Wallonie sachant parfaitement qu’il était obsolète pour « permettre - à la Belgique - de gagner la bataille économique du charbon et de l’acier de l’après-guerre » tout en préparant l’avenir en détournant les fonds européens de reconversion au profit de la Flandre. L’argent n’a pas de patrie ! Quévit a parlé – à juste titre - d’un pillage de type colonial des richesses wallonnes. Et ce n’est pas fini, pensons à la filière bois, à l’eau, etc…  Regardez ce que la Belgique a fait, en un petit siècle, d’une ville de très grande culture comme Liège pendant qu’ailleurs, Lyon, Marseille, Bordeaux, Lille sont devenues des centres de développement et de référence.

Comment s’étonner que les Flamands reprennent à leur compte et si facilement les mensonges belgicains nous concernant ? Alors que la presse belge fait semblant de s’offusquer, elle qui a tant contribué à construire notre mauvaise réputation.

Ils ont fait disparaître la presse d’opinion régionale au profit de rédactions situées à Bruxelles quand ce n’est pas en Flandre.

Ils ont remplacé »l’Histoire de Belgique » (où de ci-delà apparaissaient encore par hasard des références à certaines fort anciennes de ce qui aurait pu notre histoire) par une vague « étude du milieu » asexuée et sans références. Ils ont compris qu’un Peuple privé d’histoire est destiné à disparaître.  Avec comme conséquence immédiate qu’on fait de de nos jeunes des « citoyens du monde belgo-européen » avant d’en faire des Wallons aimant leur pays. Même encore aujourd’hui, les jeunes enseignants sont encore complètement imbibés de l’histoire revisitée par Pirenne et ignorent tout du passé glorieux, ancien comme récent,  de la Wallonie. Alors, que deviendront leurs élèves ? Dans ce monde globalisé où les identités se dissolvent et la mémoire devient ultra-courte , la profondeur historique est une nécessité.

Plus grave, ceux qui se présentaient encore il y a peu comme les continuateurs de l’action wallonne ont nié leur identité. J’entends encore les dirigeants du RWF ou d’autres associations ou cercles d’études  clamer qu’il n’y a pas de Wallons, pas de Wallonie, qu’une nation wallonne est impossible que nous sommes des « Français indifférenciés parce que curieusement sans attaches locales ». Ajoutant leurs outrances à celles des belges. Cette attitude a grandement contribué à leur faire perdre toute crédibilité. Y compris plus grave, à la crédibilité du rattachisme lui-même alors que celui-ci.

Qui dans les partis politiques osent encore simplement se dire et se présenter en régionalistes à l’heure d’aujourd’hui ? Ils sont vite mis à l’écart ou alors sont retraités…

Certes, des occasions ont été perdues, nous avons tous notre autocritique à faire. Mais au-delà, que faire Pour que cet hiver belgicain passe le plus rapidement possible ? Parce que, après tout, Léopold 1er, qui prêta le serment constitutionnel le 21 juillet 1831, partageait l'opinion des diplomates de son temps, lesquels estimaient que la nouvelle Belgique était une construction artificielle. En 1859, le roi allait même écrire à son chef de cabinet Jules Van Praet que : «La Belgique n'a pas de nationalité et, vu le caractère de ses habitants, ne pourra jamais en avoir. En fait, la Belgique n'a aucune raison politique d'exister.»

Il nous manque, à nous Wallons, cette fierté que l’on sent chez les Américains, les Chinois, les Britanniques, les Espagnols et qui est manifeste dans leur manière de vivre avec leur Histoire, leur héritage. Je n’ose plus dire la même chose de la France qui sacrifie la sienne au nom de la repentance et du politiquement correct.

Il est temps, en France, comme chez-nous de dire que notre héritage n’est pas honteux, qu’il est source de fierté, ce qui nous aidera à reprendre confiance en nous.

Il faut répondre au coup par coup aux trahisons de nos élites intellectuelles et politique.

Si un jour, les Wallons veulent encore exister ; dans la forme de nation qu’ils auront choisie, Il faut inverser notre rapport au passé pour y voir non une source de lamentations, mais une source de confiance. Réconcilier les Wallons avec leur histoire, Bref, faire naître -  ou plutôt renaître - un roman national wallon. Qui, à part des intellectuels conscients de leurs devoirs envers leur Peuple peuvent le faire. Dire avec émerveillement, avec des mots simples, ce que nous devons aux siècles passés avec leur part d’ombre et de lumière et dont nous pouvons être fiers ?

À ceux qui - parmi nous – se plaisent encore à se définir comme héritiers du Mouvement wallon ou simplement qui aiment la Wallonie, pensons à cette strophe d’une fable bien oubliée dans le contexte mondial actuel :

« Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.

« Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans. »

« Le laboureur et ses enfants »
Jean de la Fontaine

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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 05:13

Les médias le disent… Depuis ce WE et plus singulièrement  le congrès de la N-VA, la campagne est lancée.

Réflexions…

Tout d’abord, il faut faire remarquer que grâce à la globalisation des scrutins (fédéral, régional et européen), les messages vont être brouillés. C’est là un coup de génie de ceux qui s’opposent à toute évolution institutionnelle dans ce pays puisqu’il se dit que l’enjeu des élections se situe au fédéral. On peut légitimement estimer que le dosage entre programmes socio-économiques et réformes diverses va probablement pencher en faveur du premier, sauf peut-être en Flandre. Deux types de scrutin donc.  Bon ou mauvais calcul pour les défenseurs de l’ancienne Belgique, l’avenir nous le dira.

Mais malgré tout, nous pouvons être optimistes. Le passé nous montre que les partis traditionnels (partis de pouvoir) se sont depuis toujours ingéniés à retarder les réformes « pour sauver la Belgique. Ils ont ainsi été successivement contre la reconnaissance du fait flamand en Flandre, contre le fédéralisme, n’acceptant les réformes que quand il était trop tard et s’ingéniant à essayer de les rendre inopérantes par des transferts de compétences incomplètes ou peu cohérentes. Il va bientôt en être de même avec le confédéralisme qui leur sera imposé en attendant mieux.

En réalité, il y a fort longtemps que la campagne est lancée,  mais en toute discrétion.  Une presse aux ordres qui ne diffuse que de bonnes nouvelles (hors faits divers). Un nouveau roi  - désigné in tempore non suspecto - pour ne pas devoir modifier le système monarchique (ou alors de manière cosmétique) garant de la « stabilité ». Une communication gouvernementale omniprésente pour dire que la Belgique est le seul pays d’Europe (et de l’univers ?) à se sortir de la crise bancaire avec les honneurs (sauf que…  la dette publique… la rigueur…  la pauvreté… etc…). Rien que de bonnes nouvelles…

Ceci dit, les analystes politiques (*) ne semblent que peu relever que la stratégie de retardement laborieusement élaborée semble bien en passe d’être contournée.  Et c’est là qu’il faut admirer l’habileté manœuvrière d’un De Wever qui connaît bien l’Histoire.

Je vois ça en deux temps.

Tout d’abord, jouer la carte du duel. N-VA contre PS. Coup de génie puisqu’il oblige les autres partis, tant flamands que « francophones » (il n’y en pas vraiment d’autres… hélas !) à se positionner par rapport aux deux « grands » pour espérer exister encore. Or, on sait que quand il y a un duel, les autres existent très peu.

Conséquence…

En Flandre, les « laissés pour compte » sont obligés de sortir un programme « light » (pour parler « francophone ») en proposant, par exemple, un « confédéralisme positif » dont on voit mal en quoi il différerait de l’original de la N-VA qui a le mérite d’être dans la droite ligne des revendications du Mouvement flamand. Ou encore en élaborant un programme socio-économique calqué sur celui du meneur. A la guerre, celui qui attaque le premier a toujours l’avantage.

En « Fédération Machin-Chouette », sans rien faire, grâce à la diabolisation médiatique de la N-VA, le PS joue sur du velours. Ajoutez à cela un premier ministre hyper communicant, des libéraux partagés entre l’envie d’aller au pouvoir et en même temps la peur d’y devoir accepter de nouvelles réformes institutionnelles… Les autres n’étant déjà plus là que pour mémoire… sauf à Bruxelles, mais bon…

Donc, comme annoncé, on peut légitimement pronostiquer – à ce jour - deux vainqueurs, un dans chaque « communauté ». Résultats fort différents et donc…

Ensuite, si ce fabuleux coup de poker réussit, imposer un scénario de scission à la tchécoslovaque.

Repassons-nous les faits de 1992…

1. Deux vainqueurs radicalement différents sortent des élections de juin 1992 destinées à renouveler le Parlement.  En République tchèque, le Parti démocratique civil réclame un Etat fédéral fort et fonctionnel.  En Slovaquie, c’est le Mouvement pour la Slovaquie démocratique, luttant pour l’émancipation du peuple slovaque et prônant le confédéralisme, qui l’emporte.

2. Le 20 juin, après (seulement !) cinq cessions de pourparlers, les négociations entre les deux échouent et l’impasse est actée.

3.  Le 17 juillet, le Conseil National Slovaque proclame sa déclaration de souveraineté.

4.  Le 20 juillet, le président Havel démissionne avant le terme de son mandat et l’assemblée fédérale se trouve dans l’incapacité de réélire un autre président.

5.  Le 23 juillet, un Gouvernement fédéral restreint et paritaire est formé pour gérer les affaires courantes.

6.  Le 28 juillet, le Gouvernement slovaque approuve un projet de constitution que le Conseil national slovaque adopte le 1er septembre, à 114 voix sur 150.

7.  Le 25 novembre, l’assemblée fédérale approuve la Loi constitutionnelle sur la dissolution de la République fédérative tchèque et slovaque pour le 1er janvier suivant. La séparation est donc actée par voie constitutionnelle.

8.  Le 16 décembre, deux semaines avant l’indépendance, le Conseil national tchèque approuve la constitution de la République tchèque.

 Il n’aura donc fallu que 6 mois pour que le processus d’indépendance se concrétise.

 

Certes, on me rétorquera que les conditions sont fort différentes.

D’abord, Les partis ne sont pas limités à un territoire bien délimité mais s’adressent à des communautés linguistiques aux contours difficilement discernables.

Ensuite, en conséquence, il y a le cas bruxellois.  Région historiquement flamande, elle s’est assez bien francisée et le français y reste la lingua franca d’une grande partie de la population. Mais cette population n’y est pas homogène, composée en grande partie de nouveaux belges, elle pourrait – comme les bruxellois « de souche » - faire le choix du portefeuille. Alors que Prague était composée de Tchèques et située en Tchéquie.

La PS est et reste un parti de type communautaire et les régionalistes (wallons, mais aussi bruxellois) y restent marginalisés  depuis les purges menées par Di Rupo. Mais rien ne dit qu’un sursaut ne puisse y apparaître.

Malgré les différentes réformes, la Belgique reste (surtout dans les esprits) un Etat hyper-centralisé et de construction plus ancienne que la Tchécoslovaquie qui ne datait que de 1918.

Dans l’Etat Tchécoslovaque, la Sécurité sociale était déjà séparée entre les deux entités, mais la dernière réforme a permis des avancées dans ce sens.

La Justice était scindée, à l’exception de la Cours suprême.

La dette publique était faible (10% contre 100%...)

Les relations économiques entre les deux entités étaient faibles.

Les Slovaques étaient moins nombreux et moins riches (31% de la population, tiens-tiens…) et ont toujours manifesté une revendication autonomiste (les Wallons ont un peu abandonné cet aspect, mais rien ne dit…). Les Tchèques, plus prospères et plus nombreux, on cependant participé pleinement au processus de démantèlement dans lequel ils n’avaient rien à perdre économiquement.

Tous ces éléments montrent que s’il est difficile de penser à une transposition littérale à la situation belge, il n’en reste pas moins vrai que – puisqu’aucun cas n’est identique – la manière dont ce pays s’est scindé apparaît comme la voie qui aurait le plus de chance d’orienter une évolution séparatiste de l’Etat belge.
Il s’agit d’une solution pacifique, négociée, où aucune partie n’assume le « mauvais rôle », où la volonté est d’éviter la rupture des relations entre les anciens partenaires par la conclusion de multiples accords bilatéraux et où l’objectif partagé est l’intégration rapide des nouvelles entités dans les instances internationales.

Solution pacifique et négociée puisque

- Aucun des deux Etats n’a revendiqué d’être l’unique continuateur de la Tchécoslovaquie, ce qui accrédite la thèse de la dissolution. Le déroulement pacifique et concerté de la séparation n’accréditait pas l’idée d’une scission ou d’une sécession.  Le 29 octobre 1992, les premiers ministres des deux gouvernements avaient signé 16 accords sur les différents domaines de la future coopération bilatérale (union douanière, système monétaire, frontière, visas …). Ce faisant, l’Etat tchèque se comportait, lui aussi, de façon inconstitutionnelle et participait, de la sorte, à la dissolution définitive.  

La modification de la constitution tchécoslovaque n’a, finalement, fait qu’acter une situation de dissolution (et non sécession) de fait.

Comme ça pourrait-être le cas en Belgique, aucun référendum n’a été organisé pour demander l’avis de la population. Des réserves ont bien été émises par la Communauté internationale, elles  n’ont cependant pas invalidé la décision tchécoslovaque, notamment en raison de la tradition de démocratie indirecte et représentative de la Tchécoslovaquie.

Le cas tchécoslovaque a confirmé la règle coutumière du droit international selon laquelle les traités territoriaux fixant les frontières dans des situations de la succession d’Etats sont considérés comme maintenus en vigueur (**)

De nouveaux Etats impliquent de nouvelles nationalités. Ces questions furent réglées par des lois approuvées par les deux républiques, après la scission du pays.  Auparavant, le droit tchécoslovaque prévoyait déjà l’existence pour l’usage interne de deux nationalités, seule la nationalité tchécoslovaque étant toutefois pertinente pour le droit international. Les nouvelles lois prévoient que les personnes qui avaient précédemment acquis l’une des deux nationalités selon la loi antérieure voient celles-ci automatiquement prolongées dans le cadre du droit international.

Les deux nouveaux Etats ont ensuite adopté deux approches différentes en matière de maintien ou d’acquisition de la nationalité répondant à des intérêts propres. Mais deux approches tout aussi légales l’une que l’autre.

 

En matière d’appartenance aux instances internationale, c’est la voie du compromis qui a été suivie.
Vu que vu que les deux nouveaux pays étaient les successeurs de la République fédérale de Tchécoslovaquie, ils devaient, théoriquement, prendre à deux l’unique place de l’ancienne Tchécoslovaquie.

Ainsi fut-il prévu avant la séparation que, dans le cas où un seul des pays accédait à une instance internationale, il soutiendrait l’adhésion de l’autre. Dans la plupart des cas, les deux Etats ont dû se soumettre à une nouvelle procédure d’adhésion mais très simplifiée. Ils ont donc dû postuler pour (ré)intégrer des organisations , ce qui s’est fait très rapidement.

 

Reste le problème de la dette… Jugée ici être un obstacle insurmontable. On l’a vu, la dette n’était guère importante (10 % du PIB) et des relations « amicales » existaient entre les deux nouveaux Etats. La répartition n’a donc pas posé de problèmes insurmontables et a, là encore, été réglée avant la séparation par la modification de la constitution.

Nul doute que la créativité dont on a fait montre jusqu’ici pour maintenir en vie un Etat moribond et impossible, si elle est correctement canalisée doit pour voir venir à bout de ce problème.

En historien compétent, fort de ce précédent historique, De Wever pourrait amener son partenaire PS sur une voie de dissolution douce de la Belgique. D’autant plus facilement que les experts de l’IEV ont certainement déjà planché sur le sujet.

Les partis flamands (à part les belgicistes de Groen et du PVDA, combien de divisions ?) ne peuvent qu’être preneurs. On imagine mal que les partis « francophones » ne suivent pas. Leur appétit de pouvoir est trop grand pour les traditionnels et les autres… Ecolo est en perte de vitesse, le PTN-GO, comme le FN (ou ce qui en sert) le FDF et le PP restent unitariste mais ne devraient  pas cartonner. Il n’y a pas de parti wallon capable de jouer dans le jeu, hélas quant au RWF, il se refuse à toute éventualité de participation à quoi que ce soit et est donc parfaitement inutile. Comparaison n’étant pas raison, comme le Vlaams Belang, il s’est mis en dehors du jeu.

Vivement le 26 mai !

Certes, il s'agit là de politique fiction, mais
... 

Et pour vous montrer qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, et que c'est même parfois le contraire, je vous offre et ancien tract... Et si vous avez la curiosité de cliquer sur l'image, vous pourrez lire le compte rendu de la séance du 14 mai 1988 de la Chambre des Représentants où vous trouverez le texte complet en page 17.
DiRupo.jpg 

(*) Comment peut-on lire, dans un « grand » quotidien de la capitale, qu’un  politologue « officiel » déclare à propos du Congrès de la N-VA: «La clarification attendue n’a pas eu lieu» ?  Alors que dans l’Echo, on trouve ceci qui me paraît plus coller à la réalité : « Le message depuis le congrès de la N-VA est limpide. »

 

(**) Convention de Vienne de 1978 sur la succession d’Etats en matière de traités, article 11

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5 janvier 2014 7 05 /01 /janvier /2014 11:15

Par le très grand Henri Mordant !

http://www.rtbf.be/video/detail_archives-sonuma?id=1882230

Résumé :

WALLONIE 91-92
Le déclin wallon ne date pas d'hier, et la télévision,  balbutiante, en parlait déjà en 1962, lorsque Henri Mordant lança ses premières émissions "Wallonie".
Le même Henri Mordant est revenu à la barre avec "Wallonie 91-92".
Thème de ce  "numéro new-look" : "Le redressement Wallon ? "
Quel bilan pouvait-on faire ?
- Pour la toute première fois, la télévision permetait grâce à ses archives de faire un bilan des années 1962 à 1991. 
Des témoins de 30 ans d'histoire socio-économique de la Wallonie vont nous guider :
* Un journaliste : Henri MORDANT
* un économiste: Jacques DEFAY, professeur à l'ULB
* un haut fonctionnaire C.E.E: Paul ROMUS, professeur à l'ULB
En 30 ans, la Wallonie avait vu se fermer ses charbonnages, ses entreprises sidérurgiques, elle avait vu grossir considérablement le nombre de chômeurs, de minimexés, etc... 
Mais le redressement wallon se profilait-t-il à l'horizon ?
La Belgique avait-t-elle été impartiale envers ses enfants, Flandre, Wallonie, Bruxelles ? La Belgique avait-t-elle été une bonne mère, administrant à l'enfant malade le bon remède ?
Où en était à l'époque la Wallonie dans son besoin et son effort de reconversion ?
Dans cette émission Henri Mordant faisait non seulement parler sa mémoire et les témoins, il faisait aussi parler les chiffres. 
Méthode Mordant : recherche de la vérité, précision !... Et les chiffres, pour peu qu'on veuille les faire parler...
Méthodologie utilisée : tout le monde le sait, on ne peut ni additionner des pommes et des poires,... ni comparer des francs de 1960 à ceux de 1991. 
II a donc fallu étudier les paramètres et faire en sorte qu'ils soient comparables.
Des extraits d'émissions anciennes permettent de baliser un parcours difficile sur une période de 20 ou 30 ans et d'opérer des confrontations.
Si le constat était très inquiétant, il ne mettait cependant pas en cause l'Executif Régional Wallon dont l'action était trop récente pour s'inscrire de façon significative dans les données statistiques.
Le résultat de tout cela : un programme-vérité. Trop rare à la RTB de l'époque et encore plus à la RTB(f) actuelle pour qui la Wallonie n'existe toujours pas ou si peu. 

 

Et coïncidence, une partie de la presse parle enfin du livre " Histoire de la Wallonie" d'Arnaud Pirotte et Yannick Beauthière dont je vous ai déjà parlé ici. (http://yoran-embanner.com/hst-histoire-wallonie.php)

Retrouvez ces articles :

Sur le site du Vif (l'hebdomadaire belgo-flamand en langue française qui le qualifie curieusement de "subversif", sans doute parce qu'il ne correspond pas au propos hyper-nationalistes belge ambiants)

http://www.levif.be/info/actualite/belgique/une-wallonie-independante-est-viable/article-4000489020573.htm

Mais le texte intégral se retrouve sur site http://alliancewalloniefrance.wordpress.com/

Dans L'avenir (journal wallon) sous la plume de Catherine Ernens

 http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20140103_00411956

http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=dmf20140103_00411958


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8 décembre 2013 7 08 /12 /décembre /2013 16:53

J'ai, à plusieurs reprises, mis en doute le bien-fondé de cette société multiculturelle qu'on nous vend depuis des années. Je vous recommande la lecture de cet entretien entre Alain Finkielkraut  et un journaliste de "La Libre"... : « La société multiculturelle porte en elle une extrême violence »

 http://www.lalibre.be/debats/opinions/la-societe-multiculturelle-porte-en-elle-une-extreme-violence-52a2a8013570f96638c79586

Extraits :

Pourquoi le débat suscité en France autour de votre dernier livre, "L’identité malheureuse" (*), est-il si vif ?

Parce que la France a peur de son ombre. Elle ne s’est jamais vraiment remise de l’épisode de la collaboration, et s’attache à prévenir le retour de ses vieux démons, ayant beaucoup de mal à penser ce que notre situation a d’inédit. L’intelligentsia progressiste ne croit plus au progrès mais à l’éternel retour, convaincue que le ventre est toujours grand ouvert, d’où a surgi la bête immonde. Elle pense sincèrement que les musulmans aujourd’hui tiennent le rôle des juifs dans les années 1930. Elle pense aussi que l’inquiétude identitaire relève de la peur de l’étranger et que, dans un contexte de crise économique, on cherche un bouc émissaire. Ce seraient donc les immigrés qui font les frais de cette régression. Je ne sous-estime pas cette menace, mais je pense que nous vivons une situation inédite, non une réédition. Il n’y avait pas, dans les années trente, de territoires perdus de la République; pas de quartiers sensibles où les pompiers étaient accueillis à coups de pierres, les pharmaciens obligés de fermer boutique, les médecins contraints de déménager pour leur sécurité, et les professeurs victimes d’agressions, lorsque l’injure "sale Français" rejoint le "sale juif" d’autrefois.

Le vivre ensemble, dites-vous, est en crise. A quoi est-ce imputable ?

La crise actuelle de l’intégration n’est pas imputable au nationalisme français. On me reproche essentiellement de dire cela. On dit que je contribue à la lepénisation des esprits parce que je me refuse à ramener la réalité que nous vivons au schéma classique du fascisme et de l’antifascisme. La France est le théâtre de deux crises conjointes : une crise de l’intégration et celle de la transmission. Ce pays semble se démettre de son héritage au moment où toute une partie de la population refuse de le faire sien. Je crois d’ailleurs que ce problème, s’il est très aigu en France, ne lui est pas propre. L’Europe est devenue un continent d’immigration malgré elle, et elle hésite entre le modèle assimilateur et le modèle multiculturel. Si l’on en croit les instructions de la Commission européenne, elle a choisi le second modèle; or, celui-ci ne fonctionne pas mieux que le premier. La tension est à son comble dans tous les pays européens.

Vous doutez profondément de l’entrée dans une ère post-nationale.

C’est dans les nations, dans le cadre national qu’a pu, en Europe, s’épanouir la démocratie. Une démocratie post-nationale est-elle donc possible ? J’en doute en effet. Même avec son Parlement, l’Union européenne ne peut être une démocratie, mais bien en revanche une bureaucratie. Dans une société multiculturelle, chacun risque de se déterminer en fonction de son identité régionale ou religieuse. C’en sera fait, dès lors, de la communauté des citoyens. Je pense donc que nous avons tout à perdre à sortir de la nation.

Quelle identité l’Europe doit-elle par conséquent affirmer ?

Il faudrait que l’Europe ait le courage d’affirmer une identité. Pour s’extraire une fois pour toutes des ornières de sa belliqueuse histoire, elle voudrait se constituer autour de valeurs universelles. Ainsi oublie-t-elle qu’elle est une civilisation particulière, qui doit transmettre l’essentiel aux générations futures. J’invite l’Europe à revenir sur terre et à accepter son identité. Elle a beaucoup de mal à le faire, notamment lorsque se pose la question de l’entrée de la Turquie dans l’Union. L’Europe, face à la Turquie, ne veut pas assumer sa différence. Peu importe la spécificité de l’histoire, la cohérence de l’héritage commun aux nations qui la constituent, seul compte à ses yeux le respect des droits de l’homme. Mais raisonner ainsi, c’est dire que n’importe quel pays démocratique a vocation à devenir européen, quelle que soit son histoire ou sa situation géographique. Pourquoi pas le Japon ?

Il faut donc se méfier du multiculturalisme ?

D’abord, il faudrait rendre justice à l’assimilation. Assimiler, ce n’est pas éliminer la différence, ni soumettre tous les individus à un modèle unique. Je ne me suis personnellement pas assimilé à la culture française, il m’a été donné par l’école de m’y assimiler et de m’enrichir de cet héritage. Aujourd’hui, on voudrait remplacer cette assimilation non plus seulement par l’intégration, mais par l’inclusion - un nouveau concept qui circule dans les ministères. Autrement dit, il n’y a plus de dissymétrie entre la culture d’origine et la culture des nouveaux arrivants; tout est mis à égalité. Je pense que ce n’est plus vivable. Une nation n’est pas un aéroport ou une salle des pas perdus, et il est normal que ceux qui y vivent depuis longtemps puissent continuer de se sentir chez eux. Il est légitime aussi que le mode de vie majoritaire s’impose aux nouveaux arrivants, il en va de la survie même de la civilisation française. La coexistence des cultures n’est harmonieuse que dans les magasins : toutes les cuisines, toutes les musiques peuvent cohabiter. Dans la vie, c’est autre chose. Les modes d’existence entrent en collision. Cette société multiculturelle risque d’être beaucoup plus violente que la nation qu’elle vise à remplacer.

Comment tenir ce discours sans être traité de réactionnaire ou de fasciste ?

 

Il me semble que c’est une folie de vouloir criminaliser l’appartenance à un peuple ou à une nation. Cette folie fait le jeu, en France, du Front national. L’inquiétude identitaire doit être prise en compte par les partis républicains, la gauche notamment parce qu’elle touche le peuple. Si celle-ci veut continuer à être hospitalière, elle doit concevoir l’hospitalité comme le fait de donner ce qu’on a et non selon la doctrine en vogue, celle de l’effacement ou de l’oblation de soi afin de permettre à l’Autre d’être pleinement ce qu’il est.

(*) (Stock), 228 pages, 19,50 €.

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13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 07:57

Un ami vient de m'envoyer cet avis pertinent de Michel Legrand de GERFA.
Il semble qu'on nous refasse, en plus grave, le coup de l'achat des avions américains (hors prix !). Souvenons nous du choix de F16 (européens !) en lieu et place des Mirages (non-européens évidemment puisque français...) 

Il parait assez évident qu’on essaye de nous imposer l’achat de l’avion américain F35 pour remplacer nos F16. « On », c’est le lobby militaro-industriel américain, c’est la droite atlantiste et pour une partie les décideurs flamands !

Si cette opération devait se faire, les Wallons en seront les principales victimes consentantes et malheureusement silencieuses. Ils seront en effet quatre fois arnaqués !...

D’abord parce que le cout de cet avion est disproportionné et grèvera inutilement les finances publiques auxquelles les Wallons contribuent.

Ensuite parce que l’industrie wallonne ne recueillera rien de cette opération, alors qu’elle dispose d’un savoir-faire aéronautique reconnu et alors que les industriels hollandais en feront leurs choux gras.

Enfin, parce que l’achat d’un nombre réduit de F35 impliquera la fermeture à moyenne échéance de la base de Florennes.

Et ce n’est pas tout puisque l’achat du F35 permettra de confirmer la création de l’armée bénéluxienne dans laquelle la Wallonie compte pour quantité négligeable (3,5 millions d’habitants pour 27 millions et un PIB de moins de 10% de l’ensemble). Cette armée bénéluxienne parlera néerlandais en interne et anglais au niveau européen.

Par contre, nos « amis » du Nord seront particulièrement contents que l’industrie wallonne ne recueille rien, que les avions soient transférés en Flandre et que l’aviation prenne une couleur orangiste après la marine déjà sous la coupe hollandaise.

On peut s’étonner que les politiques wallons soient aussi discrets dans ce dossier et préfèrent parler du prix du kw/heure plutôt que de se préoccuper d’un enjeu politique et industriel majeur.

Enfin, il faut s’étonner du silence assourdissant du MR qui , il y a deux ans, était monté en ligne dans les problème de défense et qui parait maintenant totalement anesthésié. Les mâles déclarations de Denis DUCARME (*) restent manifestement sans suite".
Michel Legrand

 

(*) Sans compter le silence assourdissant sur ce sujet du fameux (j'ai failli écrire "fumeux") Colonel Gennard qui se révèle de plus en plus belgicain.

 

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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 07:58

… commence par soi-même dit le vieux dicton !

En 2009 déjà, nous avions pu constater que lors du bouclage des Budgets de la Région Wallonne et de ce qu’on appelait encore « la Communauté Wallonie-Bruxelles », lla Région Wallonne participait pour environ 200 millions au refinancement de la dite Communauté Wallonie-Bruxelles.

Certes,  le refinancement de l’Enseignement (en particulier), et des autres matières relevant des compétences de la Communauté est quelque chose d’important. . Mais, déjà à l’époque, on pouvait se demander  où était la participation de la Région de Bruxelles ? Parce que si la Wallonie est la seule à contribuer, la Fédération Wallonie-Bruxelles comme on dit aujourd’hui  n’est donc plus un espace de solidarité mais un espace de transferts unilatéraux. On comprend alors mieux pourquoi le parti bruxellissime FDF

Plus grave, tant les prévisions budgétaires de l’époque que la réalité des chiffres ont montré qu’aucune amélioration ne pouvait se dessiner.

Il ne s’agissait donc pas d’un financement ponctuel mais bien structurel et permanent, sans que la Wallonie ne puisse jamais, en contrepartie, maîtriser des leviers aussi importants que l’enseignement, notamment.

Nous l’avons dénoncé, la Fédération Wallonie-Bruxelles est, de par son mode de financement, toujours exsangue, et risque de coûter toujours plus cher à la Région Wallonne.
Aujourd’hui que La Région de Bruxelles a été refinancée dans le cadres des derniers accords de réforme de l’Etat constatons que cette politique de transferts reste plutôt occulte.

Mieux (enfin, si on peut dire...) et un peu comme on pouvait le deviner, les élus bruxellois rechignent à participer au refinancement  d’une institution qui leur est pourtant favorable. Si, fort logiquement, le bruxellois flamand Vanhengel est contre tout transfert de la Région bruxelloise vers la FWB on entend le même son de cloche de la part du député de l’opposition MR,Vincent De Wolf, qui considère que la Région bruxelloise ne doit pas intervenir pour soutenir le budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles…  «…chaque institution doit vivre selon ses propres compétences», tranche-t-il. Pourtant l’effort demandé par la ministre communautaire de budget n’était que de 6 millions €

Décidément, la  confusion entre Région et Communauté aura encore longtemps  pour conséquence de nier la Wallonie qui, dans cette situation de crise, a au contraire besoin de tous ses moyens pour maîtriser tous ses leviers.

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22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 14:46

Un point plus que positif, à terme le pouvoir normatif sera (un peu plus) aux mains des Régions,  même si il faut s’attendre à un beau tir de barrage des Flamands (*) et à un baroud d’honneur des derniers communautaristes francophones… et pourtant, cette régionalisation qui est certainement pour les Bruxellois (surtout !) la solution la plus saine et la plus rationnelle.

Certes,  il faut encore :

1) Que le parlement fédéral adoptent les textes de la 6ème  réforme de l'Etat (en décembre 2013 et janvier 2014, en principe).

2) Que les textes concrétisant l'accord de la Saint-Emilie soient approuvés par le Conseil de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le parlement  la Région wallonne et la Cocom (le tout avant mai 2014)

Autre point positif, la volonté affichée (j’insiste sur ce mot…) de Rudy Demotte, à l'occasion de la cérémonie officielle des Fêtes de Wallonie, de voir adopter « dans les derniers mois de cette législature les décrets d'affectation des matières transférées entre les entités ». Echappant aux arguties sémantiques et vaines polémiques (**), il a réaffirmé l'importance d'une « fierté wallonne », « d'un élan civique et d'un attachement affectif » à la Wallonie (***). « Car un projet citoyen n'est pas un projet froid ou une simple adhésion aride à un intérêt économique commun. Il se nourrit, aussi, du sentiment d'appartenir collectivement à une même ambition ».

Evidemment, il sera facile de rétorquer que qui nous dit qu’il ne pratique pas cette vieille technique qui consiste à sortir le coq en période pré-électorale pour le remettre en poche dès les élections passées ? Nous verrons.

On va progressivement se diriger vers une « Belgique à quatre Régions » (en attendant mieux !) avec une évaporation graduelle des communautés. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne pourra plus y avoir de contact ou de mobilité entre Bruxelles et la Wallonie, comme entre Bruxelles et la Flandre. Une sorte de « fédéralisme territorial », plutôt qu’un confédéralisme puisque ce mot irrite certains. Alors que ça veut dire la même chose... en fait !

Mais ce qui est important, c'est qu'il y ait à l’avenir des paquets de compétences plus cohérents. Aujourd'hui, la Wallonie gère l'emploi et la formation, mais qu'elle est privée des compétences de l'enseignement, ça reste une totale aberration. Mais c’est vrai également pour Bruxelles. Je l’ai déjà écrit, les Régions de vieille industrialisation qui ont réussi leur redressement et leur reconversion sont celles qui ont la maîtrise d’un maximum de compétences, en particulier de l’enseignement.

Vivement la 7ème réforme (ou ce qui en tiendra !), il y a encore du pain sur la planche.

 

(*) La ministre bruxelloise des Travaux publics, la CD&V Brigitte Grouwels, n’a pas été séduite. « Il y a une position unilatérale », regrette-t-elle. « Certaines compétences sont liées à la Commission communautaire française. C’est très bien que les francophones se mettent autour de la table pour voir comment améliorer les politiques. Mais tout ce qui a trait à des compétences régionales ou bicommunautaires doit d’abord être discuté avec les néerlandophones de Bruxelles. Qu’il y ait des concertations avec les Wallons là-dessus, pourquoi pas. Mais alors il faut aussi les mêmes concertations avec la Flandre ».

Peut-on lui donner tort ? La logique qui est en marche veut que le premier interlocuteur de Bruxelles (Région bilingue, ne l’oublions pas) désormais plus autonome sur le plan économique et des infrastructures et de tout ce qui en découlera soit la Flandre dont elle est également la ville-capitale.

(**) En 1914, François Bovesse ne disait-il pas déjà : « Amis, jurons-nous en cette heure d’être digne de nos martyrs. Jurons nous d’aimer bien notre pays natal, de nous aimer les uns les autres. Soyons des Wallons irréductibles à leurs traditions. Soyons nous-mêmes. Dans notre indépendance, il n’est rien d’agressif. La haine et le mépris ne sont point de chez nous ».

 

(***) Voilà un langage politique positif, enfin !
Comme j’aimerais entendre ceux qui prétendent pourtant encore incarner le rattachisme en tenir un semblable. Loin des propos méprisants sur les Wallons, ces « incapables », ces « éternels mendiants », ces « handicapés de l’identité » qui font les délices de râleurs aigris et désabusés. Les Wallons et la Wallonie méritent mieux. Il y a énormément de raisons d’encourager et de souligner le dynamisme, l'optimisme et la fierté de notre population. Il faut rendre la mariée plus belle plutôt que de ne baser son message sur l’idée que l'ambition la plus glorieuse ne peut qu'être de demander l'aumône et l'hospitalité à un voisin puissant…

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