Cher François,
Toujours vigilant, tu as réagi sur ton blog à la reprise des négociations institutionnelles. Ta passion pour notre cause ne te permet pas de nous oublier, et c’est heureux. Tu présentes ça comme un match. Et tu as raison, c’en est un. La seule inconnue, c’est la hauteur du score du perdant.
Les deux équipes sont magnifiques. Et les deux camps ont fait monter en première ligne leurs meilleurs éléments. As-tu compté combien il y a de membres de l’ancienne Volksunie dans la délégation flamande ?
Nous compterons les points.
Ceci dit, je pense que les Flamands ne sont pas encore suffisamment prêts pour le « grand départ ». Il y a encore des choses à prendre. Les valises sont loin d’être bouclées. Les propos tenus ces derniers temps sur leur volonté « profonde » de réformer l’Etat belge (qu’ils aiment !) s’apparentent plus à une « assurance annulation » au cas où les choses ne se passeraient pas comme ils l’espèrent.
Le nouveau président du CDN&V a dit ce matin à la radio quelque chose comme : « cette réforme de l’Etat, si elle abouti, devrait nous garantir la paix communautaire pour (je cite de mémoire et sans l’accent) de une à trois législatures »… Soit 12 ans au maximum ! Voilà on est prévenu, ce ne sera qu’une étape.
Amusant aussi à observer, le retournement du message des partis traditionnels francophones qui de « demandeurs de rien » rivalisent maintenant de mâles accents en matière de réforme de l’Etat.
C’est qu’ils considèrent encore et toujours que toute autonomie supplémentaire serait un recul, un échec.
C’est classique, depuis les années ’60, ils se sont opposés au fédéralisme – qui était pourtant une revendication lucide et essentielle du Mouvement wallon constatant notre mise en minorité politique depuis 1884 et économique - avant de l’accepter, le subir, du bout des lèvres en le dénaturant puisque pour eux ça ne pouvait être qu’un échec. Prédisant que la Wallonie ne pourrait s’en sortir seule.
Alors que pour ceux qui pensent comme nous ce n’était qu’une étape. Relis les minutes du Congrès national wallon de 1945, ils avaient raison.
Or, si la Wallonie se redresse aujourd’hui, c’est grâce à ce fédéralisme, pourtant mal conçu, où le système de péréquation à la belge favorise la région la plus riche et la plus peuplée.
Quand on part au combat avec comme objectif de sauver ce qui peut l’être, on a peu de chance de gagner plus.
Tout est une question d’interprétation finalement.