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11 avril 2005 1 11 /04 /avril /2005 00:00
Si certains craignent encore de perdre leur identité lors de la réunion à la France, les résultats d'une étude publiée par l'hebdomadaire "L'Express" du 11/04/2005 ne peuvent que les rassurer...
La France y est décrite comme un pays étonnant, à la fois uni et incroyablement hétérogène. Les Wallons y seront donc parfaitement à leur place.
C. Thayse

 
Ville par ville : Le vrai visage des Français !
 
 Par Michel Feltin
 
dans "L'Express" du 11/04/2005
 
 
 
Un Lillois et un Marseillais consomment différemment, un Brestois n'a pas le même comportement qu'un Lyonnais. Selon la ville où ils habitent, les Français ne mangent pas les mêmes plats, ne roulent pas dans les mêmes voitures, n'écoutent pas les mêmes musiques. Et pas seulement pour des raisons d'âge, de revenus ou de classe sociale. Les mentalités diffèrent aussi d'une région à l'autre et font de la France un pays étonnant, à la fois uni et incroyablement hétérogène. La preuve, avec des données exclusives sur la consommation et les modes de vie dans les 50 plus grandes agglomérations du pays
 
Devinette: où vend-on le plus de voitures décapotables, à Lille ou à Marseille? Réponse: à Lille. Et où compte-t-on le plus de retraités, à Saint-Etienne l'industrielle ou à Annecy la touristique? A Saint-Etienne. Une dernière: de la populaire Maubeuge à la richissime Paris, laquelle possède le meilleur taux d'équipement en lecteurs de DVD? Vous devinez la réponse: Maubeuge.
 
Des surprises comme celle-là, l'enquête que L'Express présente cette semaine, en association avec l'agence Carat, en regorge. Et elles ne sont pas seulement anecdotiques, cocasses ou amusantes. Parce qu'elles rejoignent souvent la carte de la fécondité, du catholicisme, de la violence ou de l'espérance de vie, elles révèlent des manières différentes de voir l'alimentation, la famille, la vie et la mort. Car c'est ainsi: selon la région où ils habitent, les Français se comportent de manières incroyablement diverses.
 
On croyait pourtant l'affaire entendue: la France n'est-elle pas un Etat unitaire et centralisé? Au fil du temps, les rois, les révolutionnaires, Napoléon, les républiques et leurs préfets ne se sont-ils pas employés à transformer les Basques, les Alsaciens, les Bretons, les Flamands, les Bourguignons et les Provençaux en un seul et même peuple? Voilà, au bas mot, une quinzaine de siècles que cela dure. On ne va tout de même pas revenir là-dessus?
 
Eh bien, si! C'est agaçant, évidemment, mais les chiffres, si l'on ose dire, parlent. Quelques exemples, encore, pour le plaisir. Les amateurs de rock sont 2 fois plus nombreux à Poitiers qu'à Dunkerque; les Avignonnais possèdent 2 fois plus de chats que les Strasbourgeois; les Béthunois, 3 fois plus de chiens que les Bisontins; les Manceaux roulent 5 fois plus en Renault que les Montbéliardais, qui eux-mêmes possèdent 7 fois plus de Peugeot que les Calaisiens. Et l'on pourrait poursuivre l'énumération à l'infini. Le constat est donc difficilement réfutable. «Les entreprises généralisent souvent en disant: “Les Français” et pensent que la France est seulement diverse par ses paysages. Or, du point de vue de la consommation, elle doit encore être considérée comme une somme de régions, et non comme un ensemble homogène», souligne Albert Asseraf, directeur stratégie, études et marketing chez JCDecaux.
 
D'où viennent de tels écarts et pourquoi subsistent-ils? On doit d'abord avancer des explications traditionnelles, comme la sociologie et l'âge. Si les Parisiens, les Montpelliérains et les Strasbourgeois sont, dans cet ordre, les plus grands amateurs de théâtre et d'opéra du pays, c'est à la fois parce qu'ils en ont les moyens financiers et le bagage culturel. Si les Bayonnais détiennent moins d'ordinateurs que les Bisontins, ce n'est pas faute de moyens (ce serait plutôt l'inverse), mais parce qu'ils sont plus âgés et que les jeunes générations sont plus à l'aise avec les nouvelles technologies.
 
Tout cela est bel et bon, mais s'en contenter reviendrait à passer à côté de l'essentiel: «La plupart des différences proviennent de la sociologie, mais certaines ne s'expliquent que par la géographie», souligne Jean-Marc Benoit, auteur de La France à 20 minutes (Belin). Dans de multiples domaines, un jeune ouvrier de Calais n'a pas les mêmes comportements qu'un jeune ouvrier de Marseille. Un cadre supérieur de Nancy n'achète pas les mêmes produits que son homologue de Rennes.
 
Commençons par le plus simple et, peut-être, le plus connu: les habitudes alimentaires. Sans surprise, les Strasbourgeois préfèrent la bière et les Toulonnais le pastis, les Toulousains apprécient davantage le cassoulet que les Lillois. Plus globalement, la France reste partagée entre cuisine au beurre, au nord, et cuisine à l'huile, au sud. Ce qui se traduit à la fois dans les achats de nourriture et de vêtements: 48% des Messines s'habillent en taille 44 et plus, contre seulement 22,4% des Grenobloises...
 
Le relief et le climat jouent, eux aussi, un rôle important: parce qu'ils sont plus près des montagnes, les Lyonnais, les Grenoblois et les Anneciens pratiquent plus souvent le ski que les Lorientais et les Rochelais. Les Nîmois, les Toulonnais et les Niçois possèdent quant à eux bien plus de piscines que les Lillois et les Rennais. Au-delà de ces évidences, il y a plus subtil: «On vend plus de meubles dans le nord et l'est de la France qu'ailleurs, souligne Bernard Bresson, directeur général d'Estem, un cabinet d'études qui travaille notamment sur les indices de disparité de consommation (IDC). Dans ces régions froides, on passe beaucoup de temps chez soi et l'on investit beaucoup dans son intérieur. Alors que, dans le Sud, les habitants vivent plus souvent dehors et dépensent moins dans ce secteur.»
 
En soutenant des festivals, en finançant des orchestres, en construisant des salles de spectacle, les maires exercent à leur tour une influence sur les comportements de leurs concitoyens, en particulier dans le domaine culturel. Si les Havrais écoutent plus de jazz que la moyenne, ils le doivent sans doute à l'existence du festival Blues à gogo. Même chose avec la musique classique pour les Montpelliérains (Festival de Radio-France) et les Nantais (la Folle Journée) ou pour le théâtre avec les Avignonnais.
 
Même l'implantation géographique des marques intervient. Renault vend plus de voitures à Douai où la marque au losange possède une usine. Tandis que, Peugeot explose les compteurs à Montbéliard, à un jet de pierre de Sochaux. Dans la distribution, Casino remporte le jackpot à Saint-Etienne, son fief historique, tandis qu'Auchan réalise ses meilleurs résultats dans le sien, à Lille.
 
Il faut donc se rendre à l'évidence. Si la France reste aussi diverse, c'est que, à la différence de l'Allemagne, de l'Italie ou du Japon, elle réunit des régions fondamentalement hétérogènes. «La France n'est pas une nation comme les autres: elle ne rassemble pas un peuple, mais cent, souligne le démographe Hervé Le Bras, auteur, notamment, de L'Invention de la France (avec Emmanuel Todd, Hachette Pluriel) et des Trois France (Odile Jacob). Elle est la rencontre d'au moins trois civilisations: l'Ouest celtique, l'Est germanique et le Midi romain.» La géographie en a décidé ainsi: la France est un isthme, qui a servi de point de passage à de multiples tribus, comme l'a montré le grand historien Fernand Braudel. Elle a certes réussi son unité politique. Mais les mentalités, elles, sont restées rebelles: on ne pense pas - et donc on ne consomme pas - de la même manière à Reims et à Bordeaux, à Montpellier et à Caen. «Le Savoyard, très parcimonieux, n'a pas le même comportement que le Provençal, volontiers flambeur», indique-t-on chez Carrefour.
 
Ces différences dans les achats rejoignent les inégalités dans les comportements qu'observent depuis longtemps les sociologues. Car les grands choix de vie sont eux aussi influencés par la géographie. Les taux de mortalité, par exemple, diffèrent considérablement d'une région à l'autre, et pas seulement pour des raisons sociologiques. «Un ouvrier aquitain vit plus longtemps qu'un ouvrier breton ou lorrain. L'espérance de vie des cadres supérieurs de Basse-Normandie est beaucoup plus faible qu'en Midi-Pyrénées», souligne Gérard Salem, auteur de l'Atlas de la santé en France (éd. John Libbey). La raison? Les comportements alimentaires, mais aussi le degré d'industrialisation - donc de pollution - des territoires.
 
Même divergence pour la fécondité. La part des familles nombreuses parmi les couples ayant des enfants dépasse les 15% à Maubeuge, à Dunkerque, à Lille, à Valenciennes, alors qu'elle stagne à moins de 8% à Limoges, Bayonne, Nice et Poitiers. Et, là encore, la sociologie n'explique pas tout: Toulouse et Nantes comptent à peu près la même proportion de cadres et d'ouvriers, mais les taux de fécondité sont largement inférieurs dans la préfecture de Midi-Pyrénées, comme d'ailleurs dans un grand Sud-Ouest, jusqu'au sud de la Loire et à l'ouest du Rhône.
 
Selon Hervé Le Bras, trois variables fondamentales expliquent cette résistance des esprits: les structures familiales, l'habitat et le catholicisme. «En combinant les trois facteurs, on peut expliquer beaucoup de comportements: du suicide à l'alcoolisme en passant par le vote Le Pen», souligne-t-il, cartes à l'appui. Un exemple? Au Pays basque et en Savoie, dans le sud du Massif central et en Alsace, les familles paysannes - ultramajoritaires pendant des siècles, faut-il le rappeler - étaient organisées selon un modèle «autoritaire»: un seul enfant restait vivre avec ses parents et, en vertu du droit d'aînesse, lui seul héritait de la maison et des terres, au détriment de ses frères et sœurs, contraints de tenter leur chance ailleurs. Résultat: «Encore aujourd'hui, ces régions ont une fécondité plus basse, car, depuis que le Code civil a imposé le partage égalitaire, l'enfant unique est le seul moyen de préserver l'héritage», note Le Bras.
 
Si l'on admet que les structures familiales jouent un rôle dans la représentation du monde, il ne faut pas s'étonner de l'impasse des analyses marxistes, qui prétendaient tout expliquer par les classes sociales. Ainsi, c'est dans les villes les plus pauvres, à Béthune, à Saint-Nazaire, à Valenciennes, que l'on compte le plus de… propriétaires de leur logement. Parce que les prix de l'immobilier y sont moins élevés qu'ailleurs, certes. Mais aussi par l'effet des traditions régionales. «Ce sont des territoires où la maison individuelle domine et où l'on est prêt à consentir des efforts très importants pour en acquérir une», souligne l'urbaniste Marc Wiel.
 
De même, contrairement à ce qu'il a tenté de faire croire au temps de sa splendeur, le Parti communiste n'a jamais décollé sur des terres aussi ouvrières que l'Ain, le Doubs ou la Haute-Savoie. Au contraire, il a régulièrement obtenu des scores supérieurs à la moyenne dans le très rural Limousin, où le modèle familial fut longtemps «communautaire»: autour d'un patriarche, plusieurs couples d'enfants vivaient sous le même toit et héritaient à égalité…
 
Il reste, évidemment, à éclaircir un dernier mystère: pourquoi ces différences persistent-elles? On peut comprendre que, au temps des diligences, les coutumes des Vendéens aient pu différer de celles des Béarnais et des Picards. Mais aujourd'hui? Avec l'école, la généralisation du français, la télévision, l'urbanisation, la publicité, tout semble concourir à homogénéiser les comportements et les modes de vie. Or les chiffres le montrent: malgré un certain rapprochement depuis trente ans, les disparités demeurent considérables.
 
La première raison, c'est que les Français bougent peu. Alors que le pays n'est plus agricole et que rien ne les oblige à rester sur place, les deux tiers d'entre eux habitent encore dans leur région de naissance, selon l'Insee. Un pourcentage qui atteint 78% en Bretagne et… 87% dans le Nord-Pas-de-Calais!
 
La seconde est que, quand ils changent de région, ils adoptent très vite les mœurs de leur terre d'accueil. En une ou deux générations, un Alsacien qui s'installe au Pays basque abandonne la bière et introduit de la tomate dans tous ses plats. Autrement dit, après une phase de transition, il ne se comporte plus comme un Alsacien, mais comme un Basque. «C'est parce que les mœurs évoluent très vite au niveau individuel qu'elles restent stables au niveau régional», résume joliment Hervé Le Bras.
 
Résultat: des changements majeurs ont beau se produire, ce sont souvent les mêmes régions qui arrivent en avance et en retard. Sous la Révolution, les terres les plus catholiques étaient la Bretagne, le Pays basque, le sud du Massif central et l'extrême Est, de la Moselle au Jura en passant par l'Alsace. En deux siècles, la pratique catholique s'est effondrée, mais la carte des régions les plus pratiquantes n'a pas bougé. Le niveau a évolué, la hiérarchie est restée...
 
Il ne faut donc pas s'étonner de voir la France, qui pratique la "centralisation à un degré névrotique", demeurer aussi bigarrée. Le raisonnement doit même être inversé: c'est parce que le pays est incroyablement hétérogène qu'il a dû se doter d'un Etat jacobin surpuissant. «Pour une nation, il n'y a que deux manières de surmonter une telle diversité, résume l'urbaniste Marc Wiel: une confédération de type suisse ou la centralisation à la française.» Au fond, les Français ont inventé Louis XIV, Napoléon et Jules Ferry pour rester ensemble, alors que tout aurait dû les séparer.
 
Accès direct à l'article original et à d'autres documents complémentaires agrémentés d'une animation : http://www.lexpress.fr/info/region/dossier/vfrance/dossier.asp?ida=432568
 
Etude réalisée pour l'Express par l'Observatoire des régions de Carat, à partir des données ConsoAdvision de Consodata. Cette étude repose sur un gigantesque questionnaire, distribué à 2 millions d'exemplaires dans les boîtes aux lettres. 200 000 réponses détaillées - un taux de retour exceptionnel - ont été obtenues en 2004.
Cette méthode, naturellement, comportait des biais: surreprésentation des femmes, sous-représentation des personnes qui maîtrisent mal l'écrit, échantillons trop faibles dans certaines villes, etc.
Trois règles ont donc été suivies pour éviter les erreurs d'interprétation.
1) Les agglomérations où le nombre de réponses était insuffisant ont été éliminées. Seules les 50 agglomérations françaises les plus peuplées, de Paris à Maubeuge, ont été sélectionnées. Pour cette raison, ni Angoulême, ni Ajaccio, ni Montauban, par exemple, ne figurent sur les cartes.
2) Certains thèmes intéressants (pratique du rugby, dons à Greenpeace, possession d'une Mercedes, etc.) n'ont pu être retenus: dans les grandes villes, le nombre de réponses n'était pas suffisant non plus.
3) Avant publication, des experts ont été systématiquement consultés afin de valider - ou non - les résultats obtenus.
Au total, sur 400 indicateurs issus de cette enquête, 360 ont été éliminés. Seuls les plus crédibles ont été conservés.
Les chiffres de l'Observatoire des régions ont été complétés par d'autres données - âge, sociologie, revenus, etc. - fournies par des sources plus classiques: Insee, Direction générale des impôts, etc..
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15 février 2005 2 15 /02 /février /2005 00:00
Publié en « Carte blanche » dans « Le Soir » du 15/02/2005 (*)
  
Sous la pression d’une Flandre unanime, les partis traditionnels ont osé bousculer le dernier tabou garant d’un semblant d’unité institutionnelle : toucher aux frontières de Bruxelles et de la Flandre.
 
Preuve de courage ? Effrayés par leur témérité, ils se sont empressés de préciser que leur décision était purement tactique, rappelant « n’être demandeurs de rien ». Sympa pour les habitants des communes à facilité soumis à de nombreuses tracasseries, pour les francophones de Bruxelles, victimes des privilèges exorbitants accordés aux Flamands. Et pour les Fouronnais…
 
Sans revenir sur l’histoire, il est trivial de reconnaître la constance du Mouvement flamand. Observons simplement que des citoyens lucides, considérés au mieux comme « un peu extrémistes », ont tout fait pour sauver la Belgique. Si les propositions wallonnes de 1903 à 1945 de fédéralisation avaient été suivies, nous n’en serions pas là… Les « bons Belges » appliqueront jusqu’au bout la maxime de La Rochefoucauld : « On est toujours plus heureux de ce que l’on ignore que de ce que l’on sait ». Si les politiciens flamands courent derrière le Vlaams Belang dans ses projets, même les plus anti-démocratiques, nos politiciens francophones vivent dans la nostalgie d’une Belgique qui n’a jamais existé. Ils ne veulent rien voir venir.
 
En face ils mènent une guérilla permanente. Deux exemples, l’un symbolique, l’autre concret : les transferts Nord-Sud et la scission de l’Arrondissement de Bruxelles-Halle-Vilvorde.
 
Même dans les chiffres les plus extrêmes publiés, les transferts se situent dans la moyenne basse des transferts entre régions d’autres Etats d’Europe. Rien que de normal dans le cadre de la solidarité entre les citoyens d’un même Etat. Nos myopes des partis traditionnels, ont cru devoir réagir sous forme d’une querelle de chiffres et d’arguments. Le problème est ailleurs, les Flamands veulent nous faire comprendre qu’ils ne veulent plus partager cet Etat avec nous.
 
Loin d’être symbolique comme on l’a prétendu, la scission de BHV entre bel et bien dans la logique d’indépendance. La marche irrésistible de la Nation flamande suppose la fixation de frontières d'Etat : telle est en est le sens. La dissolution de la Yougoslavie a en effet consacré en Europe le principe selon lequel les limites administratives internes acquièrent, en cas de sécession, le caractère de frontières d'Etat protégées par le droit international. Les éventuels Etats européens sont liés par ce principe qui maintiendrait les communes à facilité dans la Flandre indépendante. Les effets d'une scission seraient irréversibles.
 
Encore faudrait-il que ces limites administratives soient établies de manière univoque et définitive. Or, tant que la scission de BHV n'est pas consommée, ce n'est pas le cas. Ses limites chevauchent et contredisent celles des régions linguistiques et des Etats fédérés de Flandre et de Bruxelles. Elles sont une indication claire de l'opposition persistante d'une des parties à la limitation de Bruxelles aux 19 communes. C'est le seul atout qu'il serait stupide de galvauder dans le dernier quart d'heure. Il ne faut donc pas céder sur ce point et sacrifier le moyen et le long terme, en particulier la continuité territoriale entre la Wallonie et Bruxelles et leur avenir commun, à des satisfactions immédiates mais illusoires, comme le refinancement éventuel de la Région ou l'allégement partiel, hypothétique et transitoire des contraintes linguistiques.
 
Si les stratèges des partis traditionnels viennent de nous rejoindre sur ce point, ils ne précisent pas que la seule contrepartie négociable à la scission de l'arrondissement est la fixation démocratique des limites de la Région bruxelloise, par la consultation des populations concernées.
 
Certains pensent maintenant à s’inventer un autre avenir. Des pistes existent. L’indépendance de la Wallonie et de Bruxelles (sous forme d’un district) sont évoquées. Si la "Mini-Belgique sans la Flandre" semble tenir la corde, on n’ose (pas encore trop) parler de réunion à la France…
 
La Wallonie n’étant pauvre qu'en comparaison avec la Flandre provisoirement plus riche, la viabilité économique d’un Etat wallon est réelle, mais sera difficile et coûteuse socialement. L’obstacle réside surtout dans le fait que la Wallonie n'a jamais voulu devenir une nation.
 
Bruxelles en "District européen" enclavé dans un Etat flamand ? Le district de référence est Washington. Ses habitants se plaignent d’être traités comme des citoyens de seconde zone… Il n'est pas simple de transformer Bruxelles en un district fédéral européen, l'Union n'est pas un Etat et n'a ni le pouvoir, ni le moyen, ni le désir d'administrer un territoire. Que serait la ville dirigée par des eurocrates ( la plupart, habitant en dehors de la ville)? L'anglais aurait vite fait de remplacer le français et les autres langues. Sans compter les Ministères fédéraux vidés des milliers de fonctionnaires flamands rapatriés et les compensations aux Flamands qui y ont tellement investi !
 
Une "Mini-Belgique sans la Flandre" ? Qui pense sérieusement qu'elle serait viable ? Beaux débats en perspective pour choisir une capitale administrative ! Le manque de continuité territoriale accroîtrait le bien réel « sentiment national bruxellois », conséquence paradoxale des contraintes imposées par la Flandre à la ville depuis 1963. Les courriers des lecteurs et les propos des politiques incitent à penser que les deux régions ne pourraient vivre ensemble sans heurs…
 
Les partis traditionnels francophones n’ont rien à opposer aux Flamands. Le simple fait d’accepter de discuter montre qu’ils sont prêts à des concessions. Des scénarii circulent déjà allant du re-bétonnage des facilités (que deviendront-elles dans l’Etat flamand ?) à un refinancement de Bruxelles. N’espérons pas, dans l’hypothèse de concessions inacceptables, que les mesures de sauvegarde du type « sonnette d’alarme » ou opposition des ministres francophones au fédéral puissent sauver l’essentiel. Les concessions auront l’aval des Présidents de partis, nous vivons en particratie…
 
Si négociation il doit y avoir, il faut y aller dans de bonnes conditions, les Francophones et les Wallons n’ont jamais pu, pour des raisons de nombre, de moyens ou de volonté, tenir un dialogue équilibré avec les Flamands.
 
La vraie négociation, la seule, qui mettra fin, une fois pour toute, aux problèmes communautaires sera celle qui aura lieu entre les Etats successeurs de la Belgique. La Flandre et… la France.
 
Si l’on analyse froidement l’évolution de la situation institutionnelle, l'heure décisive approche où les Bruxellois, dans le respect scrupuleux des droits individuels de leurs concitoyens de langue néerlandaise, devront choisir leur destin. Nous leur proposons de le faire aux côtés de la Wallonie, dont ils sont en si grand nombre les enfants, en marche sur le chemin qui les ramènera dans leur maison commune.
 
(*) Le titre est du Journal "Le Soir"
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« Le courage. C'est de refuser la loi du mensonge triomphant, de chercher la vérité et de la dire »  (Jean Jaurès)
*
« (…) il n'existe aucun accommodement durable entre ceux qui cherchent, pèsent, dissèquent, et s'honorent d'être capables de penser demain autrement qu'aujourd'hui et ceux qui croient ou affirment de croire et obligent sous peine de mort leurs semblables a en faire autant. » (Marguerite Yourcenar)
*

« Ce qui nous intéresse ce n'est pas la prise de pouvoir mais la prise de conscience. » (Armand Gatti)

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