Dans le billet précédent, j’évoquais indirectement ce que la grosse majorité de nos concitoyens volontairement mal informés (et donc excusables car on n’est pas responsable du conditionnement dans lequel on a été éduqué) considèrent comme des problèmes secondaires. « Nous sommes en période de crise économique « disent-ils », les travailleurs ne savent plus quel sera leurs avenir et des hommes politiques préfèrent s'occuper de faux problèmes dit communautaire qui ne concernent que quelques excités des deux communautés ». « Nous attendons de nos politiques des solutions à l'emploi, à la dignité de vie pour la population, à la sécurité et à la prise de responsabilité envers les multinationales et (ça, c’est nouveau…) les banques ». Ces gens qui aiment s’abriter derrière le terme de « La majorité silencieuse » se fiche du communautaire parce qu’elle ne comprend pas l’importance des enjeux économiques cachés derrière ces termes connotés électoralistes. Ce qui fait bien l’affaire des partis traditionnels qui sont dispensés de prendre des décisions difficiles et des partis qui se disaient anciennement « fédéralistes » mais qui portent bien leur nom de « communautaires ». Les uns étant liés aux autres en fonction des circonstances.
Plusieurs informations viennent alimenter cette réflexion sans que les beaux esprits en tirent toutes les conséquences.
L’annonce tout d’abord de la confirmation de la poursuite de l’établissement régulier de nouveaux habitants francophones dans les communes du Brabant flamand, particulièrement dans sa partie occidentale : « Halle-Vilvoorde». Avec pour conséquence une « déflamandisation » progressive de ces communes. Pain bénit tant pour les nationalistes flamands que bruxellois. La pression politique de la « francophonisation » (ouf !) de ces communes va continuer à renforcer - en réaction - la pression flamande de l’intégration… Ce sera l’escalade et Philippe Moureaux a raison de dire que les principaux partis communautaires (FDF et N-VA) adoptent la stratégie du pourrissement pour des raisons électoralistes. Il en sera ainsi tant que subsistera ce reliquat de Belgique qu’est l’arrondissement de BHV que certains inconscients - ou micro-Machiavel - veulent élargir au territoire de l'ancienne province de Brabant.
La scission arrivera. Même si actuellement, seuls les Flamands sont en position de demandeurs d’avancées institutionnelles (les autres n’osent pas le dire…). Si les problèmes linguistico-communautaires sont si bénins pour les « tenants de la majorité silencieuse » (en réalité des anciens belges unitaristes très bruyants et essentiellement des (Flamands) francophones qui n’ont pas compris que la Belgique de 1830 est dépassée), pourquoi ne pas négocier des avantages économiques, en échange de satisfactions qu’ils aimeraient qualifier de superfétatoires ?
Vous connaissez mon point de vue, l’économie (et donc l’emploi) ne pourra se développer que si les régions, le niveau de pouvoir suffisamment grand tout en étant le plus proche du citoyen, s’approprie les compétences nécessaires. La Flandre, Bruxelles et la Wallonie devenant ainsi maîtresses de leur destin. C’est ce qu’on appelle la subsidiarité bien comprise.
Si la campagne électorale 2001 n’est que communautaire, ce sera très mauvais pour les Wallons (englobés dans ces entités floues et « floueuses » que sont la Belgique et la Communauté française), il faut y introduire un aspect plus essentiel : la différenciation, autre terme pour l’autonomie régionale.