Je viens de lire un billet sur une exploitation agricole en Aquitaine produisant des biocarburants. Mais à la différence du diester ou de l’éthanol (le premier sert de complément au diesel et le second sert de complément à l’essence) (*), cette exploitation produit sur place, à partir du tournesol (80ha) et du colza (20ha), une huile végétale pure qui peut être versée directement dans le réservoir d’une voiture diesel.
Cette production est d’une simplicité confondante. Dans un hangar, un stock de graines de tournesol, dans un coin, un entonnoir géant d’environ 4 mètres de hauteur rempli régulièrement par une pelle mécanique de graines. Enfin, une petite machine qui extrait l’huile des graines et laisse en résidu du tourteau qui servira d’alimentation pour le bétail. Cette huile est ensuite filtrée par un appareil et versée dans des fûts prêts à l’utilisation.
L’agriculteur vend sa production à la Communauté d’Agglomération de Villeneuve-sur-Lot qui remplit ainsi les réservoirs de ses camions.
Le rendement énergétique est des plus élevé : pour 1 tonne d’équivalent pétrole (TEP) consommée à la production, il est produit 7 TEP. Pour l’éthanol, par exemple, produit à partir de la betterave, le rapport est de 2,2 TEP produites pour 1 TEP consommée.
Cette expérimentation se généralise dans le Lot et Garonne et en Aquitaine car elle a l’avantage d’éviter les transports en camion des graines vers des usines de groupes pétroliers qui se situent, en général, près des raffineries.
Intéressante, cette production d’huile végétale pure directement par des agriculteurs qui court-circuitent ainsi la filière pétrochimique. Et concevable aussi, car au regard d’une directive européenne, l’huile végétale pure est un biocarburant. Quelques agriculteurs wallons ont d’ailleurs adopté cette production pour leurs besoins personnels. Reste à voir si nos Pouvoirs publics permettraient (et à quelles conditions !) la vente des ce carburant.
Pour réussir à réduire notre dépendance énergétique, à préserver notre environnement tout en promouvant l’intérêt général il est peut-être utile de revitaliser le monde rural. Ce serait, en tous cas moins hypocrite que ce que fait le gouvernement flamand qui a conclu un contrat pour l'achat de droits d'émission de gaz à effet de serre avec une entreprise chilienne pour la Flandre à atteindre le quota fixé par le protocole de Kyoto. Les mesures internes prévues par le plan climatologique flamand destiné à contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ne suffisant pas. Et comme par hasard, ce contrat est passé avec la SA Empresa de Tratamiento de Residuos Copiulemu, au Chili, une filiale de l'entreprise flamande Machiels. Tout ça reste en famille ! Et on exporte les nuisances.
Or, et cette carte du dioxide d'azote publiée sur le site de l'ESA et datant de 2004, montre que la Région flamande est une des plus polluée d'Europe ! (**)
(*)A noter le retard pris par le gouvernement belge pour permettre la vente de ce carburant en Belgique. Disponible dans la plupart des pays voisins, il est toujours interdit de le vendre chez nous, faute de norme et de défiscalisation, l'éthanol étant sinon taxé comme de l'alcool à consommer !
Rappelons qu’après des années d'attente, le gouvernement belge a finalement accordé des quotas défiscalisés de biocarburants, attendant de disposer de capacités de production locales pour éviter toute importation. Résultat : si, en 2007, les trois usines désignées à Gand, Wanze et Alost produiront effectivement les 250.000 mètres cubes autorisés, ils ne pourront incorporer que 160.000 mètres cubes maximum de leur produit dans le carburant distribué en Belgique. Car la défiscalisation admet une proportion maximale de 7 % d'éthanol et les quantités d'essence vendues sont en baisse permanente. Les producteurs devront donc exporter le solde de leur produit ! Cet exemple démontre qu’il ne suffit pas de parler d’écologie pour être vertueux…
(**) Le dioxyde d’azote (NO2) est essentiellement produit par l’homme, et une exposition excessive à ce gaz entraîne des lésions pulmonaires et des problèmes respiratoires. Le gaz joue également un rôle important dans la chimie atmosphérique puisqu’il engendre la production d’ozone dans la troposphère – qui est la couche inférieure de l’atmosphère sur huit à seize kilomètres de hauteur. Le dioxyde d’azote est produit par les émissions en provenance des centrales électriques, de l’industrie lourde et du transport routier ainsi que de la combustion de la biomasse.