En cette période préélectorale qui va durer jusqu’aux législatives (anticipées ?) de l’an prochain, Le Président-Ministre-Président du PS (accessoirement de la Région wallonne) et bourgmestre de Mons, donne son interview de rentrée au Vif. Photos magnifiques, mise en page soignée, on dirait un tract électoral à Mons, il ne manque qu’une photo d’Albert Deux et l’impression sur un luxueux papier glacé.
Impressionnant de sérénité, on y croirait presque, Il est pur, il respecte ses partenaires (lui !), son gouvernement travaille bien, la Wallonie se redresse (air connu…). (*)
Mias sii on lit attentivement, l’usage du temps présent de l’indicatif n’a pas sa préférence et les certitudes se transforment en vœux. Quelques exemples :
« Certains au MR, même le président du parti, laisseraient entendre qu’ils comprennent les propos d’Yves Leterme… »
« Cette fois, il faut des projets qui marchent » (à propos du plan Marshall )
« Il faut que les choses bougent » (à propos du plan Marshall )
« Il faudra faire preuve d’une grande intransigeance » (à l’égard des Flamands)
Par ailleurs, les préférences en terme d’alliance pour l’avenir sont sous-entendues :
A la question : « Avec le CDH de Joëlle Milquet, c’est plus facile ? Aucun manque de loyauté ? » la réponse est : « Non. Aucun ». (Il faut dire que parti gestionnaire par essence, le CDH – PSC a très mal vécu d’avoir été tenu éloigné du pouvoir où il est resté plus de cent ans… Et qu’il est donc prêt à toutes les concessions.) (**)
Même s’il annonce - ça ne mange pas de pain – « Le PS va décanter les résultats d’octobre et nous aurons une réflexion interne pour savoir comment se positionner. »
Il semble prendre conscience ou plutôt – ce n’est pas un imbécile – commencer à poser la bonne question : « pouvons-nous continuer à vivre dans un pays uni ? ». Poursuivant par : « Les récentes attaques… témoignent de la volonté flamande de poursuivre dans la scission du pays, d’une manière catastrophique pour les francophones, qui se verront privés d’importantes ressources de sécurité sociale ». Ce que nous disons au RWF depuis 6 ans !
Il a lu les analyses du groupe de la Warande (qu’il considérait comme négligeables il y a quelques mois), puisqu’il reconnaît « que la Flandre entend maintenir l’Etat fédéral pour tirer profit de la valeur ajoutée de la Belgique (coquille vide parasitée par un Etat fort, un condominium et un bantoustan, ces derniers à sa botte ! Mais le langage politiquement correct d’EDR n’est pas aussi direct). Il les admire même : « leur bilinguisme leur donne un avantage structurel ». (Uniquement dans l’hypothèse de la survie de la Belgique…)
Campagne électorale oblige, les propos (les voeux, plutôt) se font fermes !
« Il faut arrêter de courber l’échine face aux diktat flamands »
« Il faut que les Flamands se rendent compte que, désormais (ajoute-t-il finement), ils ne pourront plus rouler les francophones dans la farine, (et là, terrible aveu !…) comme ils ont pu le faire (…) au cours de la négociation de la loi de financement des régions et communautés ».
J’attendrai avec impatience les interviews de entrée des autres, Milquet, Javaux et Reynders. Tout ça ne manquera pas certainement pas de piquant.
Allez, les matamores sont de sortie !
(*) Il faut dire qu'il a marqué son époque. voici une petite série de réalisation de Di Rupo :
1994 Privatisation SNI (Distrigaz) - Vice-premier ministre
1995 Privatisation Belgacom - Ministre responsable
1995 Privatisation Sabena - Ministre responsable
1995 Privatisation SNCI (banque) - Vice-premier ministre
1995 Privatisation INCA (banque) - Vice-premier ministre
1996 Privatisation Crédit communal - Vice-premier ministre
1998 CGER totalement privatisée - Vice-premier ministre
1999 Libéralisation poste - Ministre responsable
2000 Privatisation OCCH (banque) - Président du PS
2003 Libéralisation rail (fret) - Président du PS
2004 Belgacom en Bourse - Président du PS
2004 Privatisation Biac - Président du PS
(**) A Nivelles, la cause est entendue, semble-t-il… D’après les bruits de couloir, hier, lors du dépôt des listes communales, on parlait beaucoup de cette alliance, hors PS et CDH. Il est vrai que le PSC-CDH est dans l’opposition depuis 18 ans et que ça commence à faire long pour eux…
Nous risquons donc bien (simple façon de parler...) d’avoir le « Sinistre de la Défonce nationale » (comme le disait un candidat présent) assis dans le fauteuil du Maïeur pour la législature qui vient. Sauf si les électeurs en décident autrement…