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27 mai 2006 6 27 /05 /mai /2006 10:54

Pierre d'ARGENT, Professeur de droit international à l'UCL,  publie dans la " Libre" de ce samedi une réflexion intéressante sur le système institutionnel belge qui touche à ses limites. Il conclut en écrivant que la décision politique y est devenue virtuellement impraticable.

d'Argent fait remarquer " qu'il s'agit désormais de promouvoir les intérêts fondamentaux du peuple flamand par rapport à ceux du peuple wallon/ francophone, et réciproquement. que la question de l'émancipation linguistique est largement dépassée. (...)  Le communautarisme belge est devenu insupportable. Il fait insulte à l'intelligence et à la dignité des peuples qui composent cet Etat presque fantoche s'il ne devient bientôt fantôme. (...) Il est en revanche urgent de reconnaître, chacun pour soi, chacun chez soi, que la situation présente ne nous grandit pas, Flamands et francophones. L'égale et universelle dignité des personnes ne peut supporter que l'appartenance ethnique soit le facteur décisif de toute politique."  Propos joliment républicains !

Je regrette qu'il limite sa réflexionsur le communautarisme "à la belge" au débat Flamand/Wallons et Bruxellois francophones. Est-ce du au fait que la confusion sur le sens des mots est aussi une caractéristique propre au système belge/ La confusion "beulemansesque" entre "savoir" et "pouvoir" est bien connue. Celle entre "multiculturalisme" et "multicommunautarisme" l'est beaucoup moins. Or elle est une conséquence directe du choix d'ethnicisation de la politique. Dans d'autres pays, on aurait appelé ça : "apartheid".

Il limite aussi le choix d'avenirs possibles en écrivant : " Vivre «souverainement» séparés, côte à côte dans l'Union européenne, est peut-être plus digne moralement, plus respectueux de soi-même et des autres, plus démocratique aussi, que d'en être réduit à cette affreuse politique de préférence ethnique systématique." 

Il y a un meilleur choix qui exclut toute politique de préférence communautaire, c'est celui de la République , française en l'occurrence.

 

 

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17 mai 2006 3 17 /05 /mai /2006 08:02
(...) demain, les mandataires wallons devront choisir entre leur peuple et leurs poches.
(Fernand Massart 1963)
Un tiers des Sociétés de logement en Wallonie sont épinglées par un audit de gestion…
 
Pour le moment, on ne s’occupe que de ces institutions publiques, mais il y en a beaucoup d’autres, les intercommunales par exemple. Le moins que l’on puisse dire, c’est que presque partout, par le cumul de différentes fonctions politiques, de gestion et administratives, le contrôle démocratique pose problème.
Outre l'incompatibilité d’un certain nombre de mandats politiques et de hautes fonctions particulières, le Législateur a déjà interdit le cumul de fonctions de ministre et de bourgmestre (maire). Il serait intéressant de penser à étendre ça à d’autres fonctions d’administrateurs rémunérés dans des institutions à statut public. Pour en arriver au principe du « mandat unique ». A ma connaissance, le RWF est le seul parti à avoir mis cette importante réforme à son programme (3.4.7. Interdiction de cumuler les mandats politiques. Déclaration de patrimoine obligatoire en début de mandat.)…
 
Je conçois que ce soit difficile pour eux. Ce cumul de rémunération est pour les femmes et les hommes politiques un avantage financier mais aussi un avantage politicien : l’un des mandats sert d'éventuelle base de repli en cas de perte de (l'un ou) l’autre mandat lors d’une élection.
 
Il reste qu'en raison du cumul, il y a monopolisation des principales fonctions électives par quelques personnes. Le mandat unique, parlementaire mais aussi local, donnerait un appel d’air considérable à notre vie politique avec l’émergence de nouveaux élus. Ce non-cumul pourrait être encore même amélioré par l’interdiction de plus de trois mandats consécutifs, ce qui favoriserait un renouvellement régulier du personnel politique. Je crois que cette dernière proposition faisait partie des règles internes d’Ecolo à sa création… Mais ça a bien changé !
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7 mai 2006 7 07 /05 /mai /2006 12:22

Depuis quelques années, nos gouvernants se gargarisent de leurs succès en matière de gestion de la dette publique.

Consultant les documents de "l'Agence de la Dette", on peut constater que  ellle est effectivement passée de 253 milliards d'Euros en 2001 à 249 milliards aujourd'hui (31 mars 2006).

Mais si on analyse ces résultats d'un peu plus près, elle ne diminue en réalité qu'en proportion du PIB (de 105,8 à 88) et pas vraiment en volume...

A titre d'information pour ceux qui sont uniquementà l'écoute des médias belges qui font leurs choux gras de l'envolée de la dette publique française, voici un tableau comparatif (EUROSTAT) des dettes publiques en pourcentage du PIB au 31/06/2005 :

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4 mai 2006 4 04 /05 /mai /2006 13:28
Je reviens sur le discours de la ministre de la Justice, Laurette Onkelinx (PS), qui a proposé, le premier mai, de "refédéraliser" la politique de l'aide à la jeunesse... Une proposition (publicitaire de plus) rejetée par la Flandre depuis lors.
 
Quel est le but de la ministre ? 
Certainement pas une recherche d’efficacité, mais bien de moyens financiers. Son argument principal est, je cite : "La Communauté française est réellement de bonne volonté mais elle est dans l'incapacité financière d'investir massivement dans le secteur de l'aide à la jeunesse. Et les intervenants de terrain, juges ou travailleurs sociaux, continueront à parler de bricolage parce que c'est leur quotidien".
 
Curieux ça !
Rappelons-nous, le 5 juin 2001, les quatre partis : CdH, PS, MR et Ecolo concluaient les accords dits de la Saint-Polycarpe et Saint-Boniface qui – on nous l’a promis, juré, craché – allaient refinancer pour longtemps la Communauté française et la débarrasser de son impécuniosité chronique…
 
Nous aurait-on menti une fois de plus ?

Polycarpe et Boniface, patrons des menteurs ?

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27 avril 2006 4 27 /04 /avril /2006 10:53
Un soir de cette semaine, lors d’une réunion, le débat a roulé sur la permanence de l’occupation du pouvoir par le PS en Wallonie. Certains intervenants constatant qu’alors qu’ils sont au pouvoir depuis près de 20 ans, et que les socialistes ont donc largement eu l’occasion et le temps d’appliquer une très grande partie de leur programme, notre situation ne s’est pas vraiment améliorée par rapport aux autres régions d’Europe. C’est une critique que l’on entend souvent… Les mêmes personnes s’étonnant ensuite que les électeurs continuent, malgré ce constat, à leur accorder leur confiance.
 
Avec le recul, je pourrais énoncer une théorie qui vaut ce qu’elle vaut : « Notre société a besoin de tranquillisants ! »
 
La preuve ? La plupart des études épidémiologiques montrent que la Wallonie est une des régions d’Europe qui consomme le plus grand nombre de médicaments de ce type. Malgré le constat et les appels des médecins qui nous informent régulièrement que l’usage de ces produits n’est pas, et de loin, recommandé pour leurs effets négatifs à long terme (accoutumance, dépendance, angoisse, aggravation des états dépressifs, amnésie…).
Bien sûr, les explications ne manquent évidemment pas. L’incertitude économique, les menaces sur l’emploi, les taux de chômage très élevés, etc.. ne favorisent pas la sérénité.
 
Il n’est pas vraiment étonnant qu’une société comme la nôtre veuille des caresses. Et que les doux et les hypocrites semblent être les mieux à même de la gouverner malgré les effets négatifs que tout le monde peut observer.
Qui, mieux que le PS avec sa politique du « M’fisme » (voir cet ancien texte),  répond actuellement à cette aspiration de notre société et joue le mieux ce rôle de tranquillisant ? En toute connaissance de cause ?
 

Mais ce n'est qu'une théorie de ma part...

 

Bien évidemment le danger est de dériver vers autre chose, plus dangereuse quand l’effet « tranquillisant » ne suffira plus. De la démagogie à l’extrémisme, il n’y a pas loin. L’amnésie entretenue par le régime y mène tout droit.

 

Et pourtant, le socialisme, dérivé de la vision libérale du siècle des lumières et des Encyclopédistes, reste sous ses différentes formes : social-démocratie (soit la version la plus courante du socialisme)- socialismes autogestionnaire ou libertaire ou encore socialisme utopique (dont la plus récente filiation nourrit la pensée écologiste), un beau projet politique.

 

Mais plus vraiment chez nous. Notre réalité en Wallonie est hélas tout autre...

Post Scriptum : Ce samedi midi aux info télévisée à la RTB(f) la présentatrice présentant comme l'événement du jour la tenue d'un congrès pré-électoral présidé par Di Rupo n'a pas urilisé les mots "socialisme" ou "socialiste", parlant de "congès ps", de "jeunes militants ps" ou du "président ps"... significatif ?

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21 avril 2006 5 21 /04 /avril /2006 15:57
Le concept d'ego est central pour comprendre les résistances au changement. L’ego, c’est ce qui nous constitue tel que nous sommes, notre noyau profond, notre vision de nous-mêmes, l'estime que nous portons à notre personne. Nous refusons donc toute idée qui pourrait le déranger.
  
Chacun de nous tend ainsi à approuver les valeurs qui confirment ses positions et se sent contrarié par celles qui les contredisent. Cela explique l’incompréhension et le refus dans un premier temps d’une idée dérangeante comme par exemple celle de la fin de la Belgique et le refus d’interpréter les faits pourtant objectifs… Et personne n’en est à l’abri.
Nous n'acceptons donc pas, d’habitude, les affirmations que nous ne parvenons pas à intégrer dans nos schémas de pensée...
 
C’est la cause de la déception de beaucoup de militants face aux murs d’inertie qui leur sont opposés. Et si tout le monde essaye de sauvegarder son système de valeurs, tout changement paraît impossible.
Heureusement, il suffit de regarder autour de nous pour observer le contraire. Le changement existe bel et bien.
 
Si les raisons du changement sont toujours extérieures, Deux sortes de changements sont perceptibles, l'un est adaptatif, l'autre est radical et entre les deux, de nombreuses variantes existent).
 
Le changement adaptatif suit l'évolution de l'environnement social. La plupart des individus se conforment aux exigences des étapes successives de leur vie, abandonnent certaines de leurs valeurs d'adolescent quand ils entrent dans le monde du travail ou quand ils deviennent parents. Ce sont des modifications douces, progressives. Le droit de vote des femmes, la fatalité de la croissance du chômage, l’abâtardissement par l’anglicisation de nos sociétés, etc…  en sont d'autres. Les acteurs collectifs sont aussi contraints, sous peine d'être déphasés par rapport à la réalité, de marcher avec le temps. Le catholicisme d'aujourd'hui n'est plus celui d'avant le Concile. Les partis traditionnels ont aussi intégré une petite dose de fédéralisme, ou d’identité wallonne ou bruxelloise dans leurs messages.
 
Le changement radical, lui est provoqué par un événement dramatique comme la mort brutale d'un être cher, un échec retentissant... ou une poussée de nationalisme flamand comme lors de l’affaire de Louvain. Si notre système de valeurs n'est pas à même d'interpréter le fait traumatisant, de lui donner un sens et d'indiquer une issue, nous entrons en crise et perdons le nord (c'est le cas de le dire chez nous !), à moins de réussir à opérer des révisions déchirantes et à recomposer notre univers intérieur. La FGTB Métal est dans ce cas aujourd'hui. C'est le temps des conversions, des renaissances, des changements de cap. On a pu voir que ça prend du temps. Surtout dans les grandes structures qui peuvent en mourir (parfois virtuellement) comme les anciens partis unitaires qui se sont  adaptés dans la douleur parce qu’ils refusèrent hier comme ils le font aujourd’hui les débats d’idée. Souvenons-nous de leur volonté répétée pendant des années de se recentrer sur les fameux « vrais problèmes » tout en niant la réalité du conflit dit linguistique.
 
Or, c’est ici que le débat d'idées prend tout son intérêt, car pendant la période d’évolution des esprits, rien ne vaut la méthode socratique - un dialogue où se suivent interrogations, contradictions, réponses - pour serrer de plus près le juste et le vrai.
Les militants réunionistes sont là pour réveiller, témoigner et transmettre leurs convictions étayées par les faits. Courage !
 
Pour compléter votre réflexion : REZSOHAZY Rudolf, Sociologie des valeurs, Paris, Armand Colin, coll. «Cursus», 2006, 184 p.
 
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5 avril 2006 3 05 /04 /avril /2006 18:54

Finalement, il est amusant de voir à quelle vitesse extraordinaire les choses changent dans ce pays. Qui dira encore que "les Belges" sont conservateurs ?

La famille royale qui était jusqu'il y a peu de temps le dernier "ciment" de l'unité de la Belgie-que est devenue un facteur de divison puisque les opinions flamande et wallonne en ont une vision tout à fait différente et contradictoire.

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19 mars 2006 7 19 /03 /mars /2006 10:52
Nous sommes à près de six mois des élections et le Décret les organisant est seulement soumis au Conseil d’Etat. N’est ce pas un peu tard ?
On l’avait déjà vu, avec la nouvelle loi électorale au Fédéral, les partis traditionnels n’aiment vraiment pas que le jeu démocratique soit trop ouvert. Il faut vraiment se débarrasser des « petits partis qui nous empestent » avait dit un jour un Louis Michel en veine d’honnêteté. Or, les nouveaux partis, même s’ils n’arrivent pas à passer le cap de l’élection sont cependant nécessaires à la vitalité du débat démocratique car ils structurent les demandes des citoyens, apportent des idées originales au débat public, obligeant les partis traditionnels à en tenir compte. Ils sont donc un stimulus utile à la vitalité du débat démocratique. L’histoire montre que les partis émergents contribuent à éviter une trop grande connivence entre les partis traditionnels associés, pour le meilleur ou… le pire, à l’exercice du pouvoir.
Or, à chaque fois, le système (les partis traditionnels) ajoutent des obstacles nouveaux au dépôt de candidatures. Ces obstacles se combinant à un contrôle presque parfait des médias et autres moyens de diffusion de l’information (comme l’affichage  par exemple).
 
Il est donc à craindre que le projet de Décret, s’il apporte enfin des avancées en faveur de l’accès des handicapés aux bureaux de votes, par exemple, ne s’accompagne de nouvelles mesures favorisant les partis en place.
 
Tout semble bien l’indiquer. Si l’accès des électeurs aux bureaux de vote sera facilité, le dépôt d’actes de candidature lui en sera compliqué. Mais rassurez-vous on vous dira que c’est pour une bonne cause. Un bon prétexte. En réalité, diriger et confiner les votes des mécontents à l’extrême droite qui elle n’est pas dangereuse pour le système, mais ça on ne vous le dira pas.
 
A nous de refuser la fatalité !
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10 mars 2006 5 10 /03 /mars /2006 16:28
Participation et reconnaissance internationales - La Wallonie et le Québec ne sont pas des alliés

Sébastien Socqué, Université de Paris IV Sorbonne
Le Devoir jeudi 2 mars 2006


Antoine Robitaille et Alec Castonguay mentionnent -- comme cela est assez courant quand on cherche pour le Québec des alliés objectifs dans sa lutte pour la reconnaissance en général et la reconnaissance de ses droits collectifs comme minorité nationale au Canada, voire comme nation tout simplement -- la Wallonie ainsi que la Catalogne, dans un article publié dans Le Devoir du 10 février, «Harper ne pourra tenir sa promesse. Le Québec n'aura pas de délégué à l'UNESCO».

Il n'est pas clairement signifié dans cet article que la Wallonie et le Québec partagent les mêmes espoirs et alimentent les mêmes ambitions collectives, mais, dans la mesure où il semble parfois régner sur cette affinité présumée une certaine ambiguïté, il pourrait s'avérer pertinent de préciser certaines choses.

Les francophones belges semblent viscéralement attachés à la Belgique, à sa capitale et à ses symboles «nationaux», et sont généralement et essentiellement étrangers à tout besoin de reconnaissance comme Wallons : ils constituent de parfaits patriotes belges, ils sont partisans d'une Belgique une, unie (indivisible ? le fédéralisme belge a en tout cas beaucoup évolué depuis l'éveil flamand), et manifestent généralement très peu de compréhension (et de patience) vis-à-vis des Flamands, qui se trouvent pour leur part dans une situation qui pourrait parfois ressembler à celle du Québec (ils ne le reconnaîtraient certainement pas facilement, eux qui ont parfois développé une remarquable incapacité à faire la différence entre les Français, les Wallons et les Québécois... Tous des Français arrogants et menaçants, en somme.).

La publicité qui se fait en Belgique à propos du drapeau belge et de la fierté d'être belge évoque dangereusement l'engouement inquiet et anxieux que nous connaissons sur ces questions au Canada, et ce, dans un contexte très similaire. En Belgique comme au Canada, on parle beaucoup d'unité «nationale» mais on fait assez peu, et on réfléchit assez peu, concernant ce qui pourrait la procurer dans un contexte bi ou multinational, sauf réciter comme des mantras aliénants la fierté d'être belge.

Les pressions nationalistes et séparatistes québécoises ne peuvent, auprès des francophones de Belgique, qu'évoquer les angoisses de castration que leur procure l'autonomisation progressive de la Flandre (la relative arrogance d'une conquérante nation flamande à l'endroit d'une Wallonie récessive et en butte à de graves problèmes économiques et politiques n'aide pas et ne semble pas justifiée).

On ne voit pas pourquoi, au-delà de la question d'une participation commune à la francophonie internationale, et sur des questions de reconnaissance, les Québécois devraient ou pourraient chercher quelque appui ou sympathie auprès des francophones de Belgique. Il y a beaucoup à tirer, cela est évident, de rapports plus riches avec eux (en politique, le fédéralisme belge constitue une source d'intérêt). Il y a beaucoup à apprendre à propos et auprès de cette petite civilisation belge francophone, mais il n'est pas raisonnable d'y chercher quelque affinité avec les ambitions autonomistes québécoises.

Pas la même lutte

Par ailleurs, il y a de très importantes différences entre les «luttes» flamande et québécoise. Nous n'avons pas à déplorer chez nous leur xénophobie assez endémique et préoccupante (qu'il ne faut toutefois pas confondre avec leur fatigue de devoir encore aujourd'hui collaborer avec des Wallons avec lesquels ils ne se sentent aucune affinité et leur besoin de protéger et de pérenniser une langue que la Belgique francophone a très peu, semble-t-il, respectée et apprend toujours aussi peu), de même que nous ne pouvons nous enorgueillir du dynamisme économique et de la créativité, d'un impressionnant «amour du travail bien fait», qui semblent y régner et contribuent à la réussite et à la nouvelle confiance en soi de ce petit peuple.

En outre, le faible écart démographique entre les francophones et les locuteurs du flamand suscite un rapport de force dont les Québécois ne pourraient être qu'envieux.

Enfin, le contexte européen, qui en est essentiellement un de pluralité culturelle et linguistique reconnue et appréciée, est très différent de l'hostile océan anglophone au sommet duquel se trouve juché le Québec francophone, et au sein duquel il lui est encore difficile, en 2006, de faire admettre son droit à l'existence. [...]

Les Flamands ont demandé, comme le Québec y aspire, et obtenu des accords spéciaux leur permettant des relations plus directes et immédiates avec l'UNESCO, mais il semble que les Wallons se satisfassent d'y figurer comme Belges, bien que plusieurs des questions discutées et concernées par l'UNESCO relèvent des compétences, dirait-on en Belgique, «communautaires», c'est-à-dire wallonnes ou flamandes, comme au Canada elles sont de compétence «provinciale».

Par ailleurs, rien parmi les phénomènes qui viennent d'être désignés ne compromet une évolution nouvelle et un virage qualitatif majeur dans la manière dont les francophones belges se représentent et se projettent. En fait, il est vrai que l'évolution de la nation flamande oblige les francophones de Belgique à se repositionner et à se redéfinir identitairement, en relation notamment avec l'État simplement fédéral.

Pour l'instant en tout cas, nos partenaires de la Francophonie semblent se représenter d'abord comme Belges, tandis que les Flamands se représentent comme Flamands et posent sérieusement, et quotidiennement, la question de leur relation à l'ensemble de la Belgique. Cela est, chez eux, très loin d'être un tabou.

Du reste, dans le plat pays, le slogan «Ma Belgique inclut la Flandre» est aussi ambigu et inadéquat que «My Canada includes Quebec»...


Revendiquons notre identité !

Les Wallons méritent mieux et valent mieux que l'image qu'on donne d'eux.

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8 mars 2006 3 08 /03 /mars /2006 15:54
Participant à une réunion à Charleroi lundi soir, la conversation est venue tout naturellement sur les prises de position récentes en matière institutionnelles de « l’homme fort » de la Ville, Van Cau. Son re-re-nouvel engagement ultra-régionaliste fait sourire par comparaison à son attitude beaucoup moins radicale lorsqu’il présidait les destinées du gouvernement wallon, juste avant de s’en faire éjecter, balayé par la vague médiatique anti-parvenus (et uniquement médiatique – qui en parle encore et pour quels résultats ?) initiée par Di Rupo.
  
C’est qu’au-delà du folklore il y a autant d’indépendantistes sincères en Wallonie qu’en Bretagne ou en Ile de France. Autant dire aucuns. « Il n’y a pas de nation wallonne, pas de viabilité économique et financière wallonne, pas de vision d’Etat en Wallonie. Cette cause-là est entendue, et pour de bon » écrit à juste titre P.H. Gendebien dans son dernier livre « Belgique, le dernier quart d’heure ? » (*)
  
C’est aussi qu’il y a un effet pervers dans la promotion de cette cause. Paradoxalement pour un socialiste de premier plan. Petite démonstration…
  
Il y a près d’un an, Bernard Cassen, rédacteur en Chef du Monde Diplomatique (et fondateur d’ATTC) publiait une analyse pertinente dans la revue Pyramides (**): « Pour la Commission européenne, il y a un étage de trop qu’elle ambitionne de réduire, d’éliminer, celui des Etats. Il est vrai qu’elle se situe dans une logique ultra-libérale qui détruit les solidarités et les services publics, et cela donne la clef de sa politique en direction des Régions… Pour la Commission, de toute évidence, mieux vaut 350 Régions sous sa coupe, que d’avoir en face de soi des Etats dont la force est une source d’ennuis… (Merci à la France pour le referendum sur le projet de Constitution !) La logique de l’émiettement, de l’atomisation et de la balkanisation…, c’est pain bénit, et c’est exactement ce que demandent les multinationales »
  
Il est piquant de constater qu’un des leaders du socialisme (mais c’est peut-être ça la rénovation de ce parti) ne semble pas être conscients des risques de remise en cause d’une série d’acquis sociaux qui ont été obtenus dans le cadre des Etats. Qui dit régionalisme dit affaiblissement des Etats. Généralisé à l’Europe, le résultat serait qu’en face des pouvoirs financiers et des instances supranationales sous-tendues par une idéologie néo-libérale (Commission européenne, OMC… Bolkenstein !) on y trouverait, non plus quelques Etats nationaux qui, peuvent encore (parfois !) résister, mais une multitude de Régions. Et ces Régions seraient rapidement écrasées par un pouvoir supranational toujours plus néo-libéral. La dérégulation jouerait en plein, il n’y auarit plus de redistribution sociale, ni solidarités interrégionales.
   
L’ultra-régionalisme est en contradiction flagrante, dans ses résultats à terme, avec le message officiel du PS qui prétend être le grand (et seul !) défenseur des « petites gens », des services publics et de la sécurité sociale. Mais ça ne semble pas vraiment les gêner. Il est vrai que les Happart(s) et Van Cau (hérauts de l’Europe des Régions), là où ils sont « parvenus » - heu… je devrais peut-être essayer de trouver un autre terme…-  ne doivent plus être vraiment sensibles aux préoccupations de ceux qui continuent à les élire que ne le sont les membres du dernier carré des Belgicains à la Di Rupo ou Flahaut... Pour paraphraser un vieux slogan de la gauche radicale, « ce n'est pas un parti, il n'est pas socialiste, mais il est belge », comme les autres partis traditionnels. Il est belge, c'est-à-dire rien disait récemment Amélie Nothomb.
   
Est-ce vraiment étonnant quand quelqu’un profondément engagé à gauche comme Robert Falony, ancjournaliste au Peuple, à la Wallonie et au Matin, écrit dans son dernier livre : «Le Parti socialiste – Un demi-siècle de bouleversements - De Max Buset à Elio Di Rupo. (***) » que « Le PS actuel, même « le plus à gauche », n’est plus réformiste du tout et que les socialistes n’ont plus d’alternative crédible au capitalisme » ? Au contraire serais-je tenté d’ajouter. Et il n’y a plus de rebelles au PS… non plus.
  
Tout autre est, en toute logique, la position des partis flamands qui sont à la fois ultra-régionalistes pour des raisons de choix de société (****), de croyances et d’homogénéité ethnique. Ce à quoi nous avons échappé jusqu’ici en Wallonie où le concept  de vie en commun est hérité de celui républicain et français de la Nation, acquis en même temps que la Philosophie des Droits de l’Homme à la révolution française. Ce qui est irréversible !
   
(*) Ed. Labor, Quartier Libre, 2006 »
(**) Revue du Laboratoire de Recherches en Administration publique de l’ULB, n°9, 2005
(***) Ed.Luc Pire, 2006
(****) Relire à ce sujet l’analyse du groupe de la Warrande ou les propos des Leterme, Verhofstad et consort
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« Le courage. C'est de refuser la loi du mensonge triomphant, de chercher la vérité et de la dire »  (Jean Jaurès)
*
« (…) il n'existe aucun accommodement durable entre ceux qui cherchent, pèsent, dissèquent, et s'honorent d'être capables de penser demain autrement qu'aujourd'hui et ceux qui croient ou affirment de croire et obligent sous peine de mort leurs semblables a en faire autant. » (Marguerite Yourcenar)
*

« Ce qui nous intéresse ce n'est pas la prise de pouvoir mais la prise de conscience. » (Armand Gatti)

Les textes publiés ici sont évidemment libres de droits et peuvent être reproduits ou diffusés, en partie ou en entier... sans modération à condition d’en citer la source.

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- Aux origines de la frontière linguistique 
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