Période calme sur le plan politique… Les Flamands et les autres crient tous victoire après l’arrêt de la Cour de Justice de Luxembourg, et le gouvernement se cherche une raison d’exister.
Pour le reste, l’actualité nous tiens au courant avec minutie des moindres faits du procès de Charleville-mézières à un point tel que ce Fourniret va en devenir plus le symbole que Rimbaud. Un peu comme Dutroux qui a fait plus pour la réputation de Charleroi que Jules Destrée… Hélas !
Merci à la presse et à ce qu’elle est devenue...
Je suis allé voir le film de Dany Boon dont tout le monde parle. Et je n’ai pas été déçu. Au contraire. Certes, il s’agit d’une comédie bon enfant, pleine de cliché, mais savoureuse. Un bon moment de cinéma. Beaucoup de tendresse et de bonnes intentions. J’ai vraiment bien aimé.
Wallon ordinaire, les dialogues en patois ne m’ont pas dérangés. Bien au contraire. Que d’expressions communes, et pour le reste, que de ressemblance avec mon coin de Wallonie.
L’ambiance du bureau de poste, la tournée du facteur, l’accueil et le naturel des gens, la chicorée dans le café… C’est mon village d’il y a quelques années (d’avant la forte immigration bruxelloise) transposé de l’autre côté de la frontière.
Emouvant. Un film sain.
Certes, et c’est la raison de ce billet, certains esprits chagrins verront ça d’une autre manière. Comme dans ce courriel que j’ai reçu et qui s’est retrouvé sur de nombreux fora… (j’en connais l’auteur, et cette violence m’a vraiment étonné jusqu’au moment où j’ai appris qu’il avait assisté à une conférence commune de P.-H. Gendebien et de De Dekker à Louvain-la Neuve…).
Je vous le cite intégralement :
« Ce film que j'ai vu en France a un succès extraordinaire. Comment comprendre cela?
Les Français seraient-ils de plus en plus intéressés à leur "particularismes" régionaux?
Dans ce film les Ch'tis sont présentés de façon ridicule et caricaturale mais sympathique voire jovial.
Cela met aussi en scène des employés de la Poste sous un jour peu favorable.
Au premier abord le film se veut rigolard comme souvent les films français de cette veine. J'ai ri aussi mais quand je suis sorti je ne souhaitais pas vraiment être un Ch'ti
Comme toujours c'est à la grosse louche.
Les wallons pourraient être aussi caricaturé de cette façon.
Au match de foot PSG(Paris)-Lens(Nord-Pas de Calais) ce dimanche les parisiens ont sorti une banderole sur laquelle ils avaient inscrit: " Pédophiles, chômeurs, consanguins, bienvenue chez les Ch'tis".
Voilà sans doute l'accueil dont rêvent certains wallons rattachistes de la part des parisiens. »
Passons sur l’affaire de la banderole des supporteurs de foot. C’est con, mais qu’attendre d’autre ? Ce jeu, ce spectacle (le sport professionnel n’est plus vraiment du sport) incite à la haine, c’est bien connu. J’ai cru comprendre que le même genre d’attitudes débiles se retrouve régulièrement dans nos stades locaux. Bof… C’est toléré par les autorités (c’est même là que se passent le moments forts des négociations partisanes) et ça canalise la violence, pendant ce temps là, ces « gens » (comme dirait Di Rupo, ça sonne mieux que « sujets ») ne sont plus des citoyens conscients, ni actifs. Le foot, opium du Peuple…
Non, ce qui m’a frappé dans ce message, c’est le ressenti inconscient d'appartenance ethnique avec les Ch'tis. C’est ce mélange complexe d’attraction et de répulsion, de fascination et de peur de ceux qui n’osent pas affirmer leur appartenance ou plutôt qui la sentent fragile. C’est pourtant une grande force que d’appartenir à un terroir, de se caricaturer soi-même. Plutôt que se replier sur soi, se « victimiser », soyons fiers de ce que nous sommes !
Merci à Dany Boon, ce qui est vrai pour les ch'tis vaut pour les Wallons. Il a fait là oeuvre utile.
Je laisserai le dernier mot au correspondant (un rien sarcastique !) en France du journal « The Independent ».
J’y relève ce petit extrait: " To the French, who seldom go there, the most northerly region of France is a frozen, post-industrial wasteland. It is a part of Belgium which is, unaccountably, part of France. It is a place where unemployed miners speak a dialect which sounds like a blend of Polish and Portuguese. It only rains three timesa year but each shower lasts for four months."
Traduction : « Pour les Français, qui s’y rendent rarement, la région la plus septentrionale de la France est une friche post-industrielle figée. C’est une partie de la Belgique qui s’est, inexplicablement, retrouvée en France ».
Sacrés Britaniques va, ils sont mêmes capables de se moquer de leur créature…