Cette initiative apparaît fort tard pendant la campagne électorale, mais vous trouverez ICI (plus que) l’ébauche du programme politique d’un mouvement pluraliste qui rassemble, autour d'un même projet, des sensibilités de gauche, du centre et de droite, comme celles de régionalistes, d’indépendantistes, de réunionistes et de rattachistes, toutes dignes et légitimes aux yeux des promoteurs de cette initiative.
Loin des slogans ou des arguments habituels inspirés par la pensée unique ou le suivisme d’une certaine opinion, ce document assez long « en jette » comme on dit.
Ils font très justement remarquer qu’avant d’argumenter sur la destinée politique de la Wallonie en cas de scission de la Belgique (Régions autonomes, indépendance, Etat Wallonie-Bruxelles, réunion à la France, …), « il est important de poser, dès aujourd’hui et pour le futur, les lignes claires d’un objectif de vie en commun, les lignes de conduite pour une Région wallonne autonome et innovante, quelle que soit l’appartenance institutionnelle future de notre Région »
Se démarquant des partis francophones traditionnels ou autres, qui pour reprendre l’expression de Lucien Outers, « sortent le coq aux grandes occasions médiatiques et le rentrent aussitôt passées ces émotions » n’ont pas produit de véritable projet wallon autrement qu'en réaction au projet d’État-Nation flamand. Ils nous appellent, Wallons, « à ne plus subir mais devenir les acteurs de notre propre avenir ».
Il est devenu un lieu commun de constater comme eux que « la voie est ouverte à l’indépendance sournoise et inéluctable de la Flandre ou pire, à une sorte de colonisation cachée, mais réelle de la Wallonie, dans une Belgique où notre Région serait institutionnellement minorisée » (…) « Jouer plus longtemps le jeu des Flamands en allant jusqu’au bout de ce processus, continuer ainsi une politique de marchandages fastidieux et louches de compromis, en passant par de longues crises toujours plus intenses, enverra inéluctablement notre démocratie dans l’impasse et coûtera très cher à la Wallonie ».
Prônant l’autonomie e la Wallonie, quel que oit son cadre institutionnel futur, ils font remarquer que « le niveau régional est le plus approprié, par sa proximité, sa souplesse et sa cohésion, pour faire face aux défis imposés par les problématiques de survie qui dominent désormais les choix immédiats dans les domaines essentiels ».
Réalistes et guidés par une ouverture que Renan n’aurait pas dédaignée, ils récusent toute démarche de type nationaliste ou sous nationaliste : « La Wallonie a l’avantage de ne pas connaître de chauvinisme conservateur, ce qui en fait un territoire d’accueil où les « étrangers » passent et s’installent depuis des siècles. Cette ouverture sur le plan nationaliste constitue paradoxalement un atout au sein de l’Europe des Régions face à des structures rigides ancrées sur la méfiance et/ou l’arrogance ».
Les promoteurs de cette idée généreuse veulent « que cessent les divisions au sein du Mouvement wallon », en « réconciliant sur un projet commun les régionalistes, les indépendantistes, les francophiles, les rattachistes ». Ils disent clairement dans leur introduction que « les francophiles ne sont pas des « rattachistes jacobins », les régionalistes et indépendantistes ne sont pas des « ringards » ; les uns comme les autres cherchent une solution digne pour leur Région ». Ça nous change des propos radicaux et des jugements définitifs que nous lisons ici ou là…
Je partage évidemment l’avis que pour l’heure, la seule proposition raisonnable est celle d’une union pour la Wallonie autour de l’émergence et du redressement complet de celle-ci. Mais c’est loin d’être un slogan ou un vœux pieux puisque : « Seule cette union permettra de développer ses potentialités, pour qu’elle jouisse des moyens pléniers de son épanouissement, sur les quatre axes que sont l’économique, le social, l'environnemental et le culturel. Ainsi, il existe un passage obligé pour tous : la demande d'une autonomie accrue des Régions de Bruxelles et Région wallonne pour permettre à chacun de choisir par après son avenir ».
Leurs propositions (développées dans le document) en découlent et s’articulent autour de trois axes :
1. Un maximum d'autonomie pour la Wallonie.
« Plusieurs indicateurs socio-économiques montrent que malgré les défauts de la régionalisation, l'échec du fédéralisme, la Wallonie tout comme Bruxelles font mieux seules que sous la tutelle de l'Etat belge. Face à l'agressivité économique et sociologique de la Flandre, nous devons prendre notre destin en main ».
Ils proposent logiquement « d’approfondir d’abord l’autonomie de la Wallonie, débarrassée des contraintes héritées de l'expérience belge et conjointement la recherche de moyens d'association avec la France dans le respect des deux partenaires ».
2. Faire de la Wallonie un des principaux pôles de développement et de logistique européen.
« L'avenir est à la société de la connaissance et de l'avancée technologique dans le cadre d'un développement durable et donc dans une logique de ressources limitées. Les besoins en formation sont immenses. Il faut s'en donner les moyens, c'est là que se gagnera la bataille économique et celle du bien-être collectif. Et dans ce cadre, la valorisation de la Wallonie et sa culture qui n'est peut-être pas seulement la culture au sens étroit du mot, mais la dignité d'une communauté humaine. Tant l’autonomie de la Wallonie que son redressement économique passent par la maîtrise de son enseignement et de ses instruments culturels ». (C’est donc une proposition claire de suppression de la Communauté française dite « Wallonie-Bruxelles »…)
3. Faire de la Wallonie un modèle en matière de développement durable.
« Nous détenons une position stratégique unique en Europe. Il faut la valoriser, mais pas à n'importe quel prix. Notre chance, c'est de pouvoir recréer notre environnement économique en fonction des défis du futur. Notre démarche doit donc être prospective, l’anticipation notre mode de fonctionnement ».
Une lecture fort intéressante et motivante, sans dogmatisme. En rupture avec ce qu’on lit habituellement en (ou hors) période électorale. Si après avoir parcouru ce document, vous êtes intéressés par cette démarche ou souhaitez prendre contact, n’hésitez pas à m’envoyer vos coordonnées ! Ils sont en train de composer les listes...