L’homme est de glace aux vérités, il est de feu pour le mensonge.
Jean de la Fontaine
Dans « la Libre » de ce samedi, Etienne CEREXHE, Sénateur honoraire PSC(DH?), se montre pessimiste sur les possibilités de survie de la Belgie-que. Attitude nouvelle pour celui qui fait partie du dernier carré des unitaristes
Sous le titre : "Wallonie, quitte ou double", il constate qu’en l'espace d'une décennie, les partisans de l'indépendance de la Flandre se révèlent de plus en plus nombreux. Que les arguments invoqués sont variés : de l'obsession du nationalisme aux arrières pensées économiques handicapées dans le cadre de l'Etat belge…
Bon prince, il énumère ensuite les raisons qui seraient, pour la Flandre, un frein à cette indépendance : la perte du « label Belgique», de son crédit à l'étranger, et la nécessité de forger sa propre identité sur l'échiquier international et européen.
Il rejoint - sans l’avouer - les auteurs du « Manifeste de la Warande » qui considèrent qu’il pourrait être avantageux pour la Flandre de rester dans le cadre de l'Etat belge réduit à une «coquille vide».
Il reprend les incantations bien connues qui veulent que si l'on veut tempérer les velléités indépendantistes flamandes, il faut redorer l'image de la Wallonie pour qu'elle redevienne une valeur sûre au sein de l'Etat belge.
Il encense à cet effet le « plan Marshall » dont il attend un esprit nouveau et une dynamique globale. Espérant qu’on évitera la dispersion des crédits en une multitude de petits projets qui ne sont pas porteurs d'une reconversion industrielle en profondeur. Rappelant les errements des années ‘70, l’utilisation des compensations des investissements colossaux réalisés au port de Zeebrugge ou encore plus récemment des moyens considérables dont le Hainaut a bénéficié dans le cadre des objectifs I et II du Fonds européen de développement régional). Aveuglement ? Ce qu’on peut déjà observer du fameux plan (et où en est d’ailleurs sa mise en œuvre ?) c’est qu’il ne semble pas rompre avec les mauvaises habitudes de saupoudrage et de clientélisme particratiques qui nous ont fait tant de tort.
Si - écrit-il benoîtement - « la Wallonie retrouve un nouveau souffle, si elle amorce son redressement économique, notamment dans le domaine des technologies de pointe, si elle est imprégnée d'une nouvelle culture politique, alors peut-être les velléités séparatistes de certains Flamands pourraient-elles s'estomper » (trois « si » et un « alors peut-être » !)… Ajoutant : « La survie de la Belgique passe donc par un renouveau de la Wallonie, dont il faut objectivement admettre qu'il reste hypothétique (sic !). Le risque subsiste donc de voir certains Flamands perdurer dans leur vision séparatiste et engager la Belgique dans la voie de la désintégration » Pouvait-il être plus clair ?
Résigné, il se demande enfin que deviendrait l'Etat belge?
Il ne voit comme solution que le « Wallo-Brux », cette Belgique amputée d'une partie de son territoire mais organisée sur une base fédérale « qui pourrait enfin se consacrer aux problèmes économiques, sociaux, scientifiques, culturels, et éducatifs, en qualité d’Etat culturellement et linguistiquement homogène ». Encore « devrait-elle veiller à simplifier ses institutions afin de les rendre plus cohérentes et plus performantes ».
Une nouvelle Belgique - admirez la formulation - « Sans aucun doute, avec certainement autant d'atouts que la Flandre indépendante ». Il veut quand même encore y croire !
Plus sérieusement, le glas sonne pour le fédéralisme à la belge, dont l'échec est patent. Si la Wallonie est autonome, si ses compétences sont parfois importantes, aucune difficulté n'a été résolue : ni le chômage, ni la paupérisation, ni l'absence de dynamisme économique, ni la carence d'identité wallonne. Bien au contraire, sur les maux chroniques d'une Wallonie assujettie se greffent désormais les scandaleux abus d'une particratie sans frein !
Je le regrette, Je voudrais une Wallonie forte. Plus elle s'appauvrira, plus se multiplieront les écueils à la réunion avec la France. Les partis traditionnels ont donc tout intérêt à consolider le système. Cerexhe l’a bien compris.
Ce qui créé des emplois et donc redynamise une région ce ne sont pas uniquement les aides publiques, qui doivent encore être intelligemment utilisées mais les investissements privés pour la plus grande partie. Or un entrepreneur n'investit que s'il a une visibilité à court, moyen et long termes, et ce n'est plus vraiment le cas en Wallonie. On sent que l'environnement politique, legislatif n'est pas stable. Il n'y a donc malheureusement aucune amélioration à attendre de la situation wallonne actuelle.
La France malgré tout ce que les chantres de la pensée unique (décliniste) affirment se porte relativement bien. Elle continue d'être la première terre d'accueil en Europe en capitaux étrangers. Une Wallonie réunie à la France bénéficierait d'une visibilité, qu'elle a perdu depuis bien longtemps, et qui plait aux investisseurs. De par sa situation géographique lien naturel entre l'Allemagne et la France, la Wallonie peut réellement espérer voir sa situation s'améliorer nettement dans le cadre français.
Dans cete optique, une mini-Belgique reduite et continuée qui serait un espace legislatif et institutionnel réduit n'améliorerait pas notre situation. Une société qui s'y implanterait n'y aurait qu'un champ d'action de 15 000 km² sans avoir de démarches administratives supplémentaires à réaliser pour voir ses possibilités étendues à d'autres territoires. Alors qu'en France par exemple, il est de 550 000 km² avec des ouvertures sur tous les autres grands pays européens (Espagne, Italie, Suisse, Allemagne, Luxembourg, GB et peut-être Flandre?). La situation géographique de la Wallonie jouerait pleinement dans le cadre Français par rapport à ces derniers pays cités et la situation ne pourrait que s'y améliorer. Et là, je ne parle que de l'impact des acteurs privés.