Il s’agit d’une publication de 800 pages, sur papier glacé et richement illustrée en couleur sur quasi chaque page. "L'Atlas de la création" est déjà diffusée dans les écoles françaises au début de cette année. Ce "machin" est le fruit d'une organisation de type sectaire, proche de l'extrême droite turque islamiste.
L'auteur propose des doubles pages mettant face à face des photos d'animaux ou de plantes, et et des fossiles vieux de plusieurs millions d'années, plus ou moins semblables à l'être vivant actuel. Avec la même conclusion à chaque fois: "Inchangés au cours de millions d'années, c’est une preuve solide de la création".
Pour lui, l'espèce humaine ne fait évidemment pas exception et le darwinisme serait la réelle source idéologique du terrorisme.
Pour mémoire, l'évolutionnisme de Charles Darwin (1809-1882) émet l'hypothèse de la sélection du plus apte parmi des individus naturellement variants. Il expose cette théorie en 1859 dans son livre, l'Origine des espèces (*). Depuis le milieu du XXe siècle, l'évolution fait l'objet d'un large consensus scientifique. Selon le créationnisme, au contraire, l'Univers a été créé par un être suprême.
La ministre de l'Enseignement (Marie Arena) s’est fendue d’une circulaire envoyée aux établissements, dans laquelle elle souligne que les idées défendues par l'auteur sont « contraires aux valeurs qui sous-tendent le décret "Missions" et qui sont traduites dans les référentiels de compétences ainsi que dans les programmes d'enseignement».
Belle langue de bois ! Pourquoi ne pas faire simple et dire que ce livre (torchon ?) n’a rien a voir avec des valeurs quelconques, mais est juste bon à être recyclé (Ecologie oblige !) puisque contraire à toute la démarche et aux connaissances scientifiques ?
Démarche et connaissances scientifiques qui doivent tout simplement être, et rester, la base de notre démarche d’enseignement. Reposant sur le doute, l'esprit critique, reconstruisant sa propre pensée au fur et à mesure de son élaboration et des connaissances acquises, elle est la "conscience de notre ignorance". Tout le contraire des religions révélées.
Et aussi poursuivre les auteurs et ceux qui diffusent ce genre de propos, au même titre que les négationnistes et autres révisionnistes. Ne pas réagir avec vigueur est plutôt en contradiction avec les Valeurs de notre société démocratique héritée du siècle des Lumières.
Il est vrai qu’après avoir longtemps combattu Darwin, l'Eglise catholique, elle-même, considère aujourd'hui, avec quelques réserves, que la théorie de l'évolution n'est pas tout à fait incompatible avec son enseignement… Aux Etats-Unis, des mouvements fondamentalistes chrétiens cherchent à imposer dans l'enseignement scolaire la théorie du «dessein intelligent de Dieu». J’en ai déjà parlé. Alors, pourquoi s’étonner que d’autres religions monothéistes (« Vérité révélée ») diffusent leur propre version d'un « catéchisme » sous ce nom là ou un autre ?
Si faire de la politique, c’est aussi prévoir, peut-être ne veut-on pas heurter certaines croyances répandues parmi certaines catégories d'électeurs fort recherchés… au nom d’une certaine neutralité ? Quitte à se voiler la face ?
(*) Pour la petite histoire :
A Engis, en amont de Liège, furent pour la première fois découverts des restes d'un homme très ancien, mais différent de l'homme actuel (1829-1830). Les savants de l’époque, « encore créationnistes » ont tout naturellement considéré que c’était un... singe et l’ont oublié dans un tiroir. Ce n’est que bien après, à Neandertal, près de Düsseldorf en Allemagne, qu’un homme fossile de même aspect fut exhumé en 1856. Darwin ayant publié sa théorie, le nom homo neandertalensis fut alors donné à ce type humain aujourd’hui disparu, et distinct de l’homme moderne. L’ «homme de Spy », lui aussi néandertalien, est mis au jour dans la province de Namur en 1886.
L’Homme d’Engis étant antérieur, nous avons là perdu une belle occasion…
Mais consolation, le plus vieil ADN humain a été extrait de la grotte Scladina à Andenne !