Le 17/08/2004, simple militant rattachiste, en l’absence du responsable du parti pour lequel je militais à l’époque et de son responsable de la Communication, tous deux sonnés par une nouvelle débâcle électorale, j'avais pu faire passer le communiqué suivant :
«Respectant et s’associant au deuil des familles des victimes de la catastrophe de Ghislenghien le RWF n’a pas souhaité réagir dans la précipitation. Après l’affaire des scandales des pots de vins (hélicoptère, avions etc..) qui a montré les dysfonctionnements du monde politique, l’affaire Dutroux qui a montré les dysfonctionnements de la Justice, la crise des PCB et de la dioxine qui a montré que l'Etat n'était pas prêt pour ce genre de situation, ce nouveau drame confirme l’impéritie du pouvoir fédéral belge !
Seuls le courage et le professionnalisme des individus et des services de secours ont permis d’éviter un bilan humain plus dramatique encore.
Le RWF stigmatise l’impudeur des notables du régime - responsables mais toujours irresponsables ! - qui profitent du deuil des familles et de la population pour se disculper à bon compte en transformant les funérailles en une opération de relations publiques. Quelles leçons vont-ils en tirer ? Aucune, sans doute.
Le RWF appelle à la création, sous la responsabilité politique, juridique et pénale du Ministre Président du Gouvernement wallon d’une « Cellule permanente de prévention et de gestion des crises et catastrophes ».
Cet organisme pourrait voir le jour suite au transfert à la Région wallonne de toutes les matières fédérales qui s’y rapportent. Sa mission consisterait à anticiper les crises et catastrophes industrielles ou/et d’y préparer des réponses. C'est-à-dire :
- organiser les outils d'une veille permanente,
- dresser et tenir à jour un cadastre des risques industriels,
- prévoir un dispositif de crise, - prévoir les conditions de conduite de la communication,
- prévoir et coordonner les conditions d'appui logistique,
- organiser les contrôles préventifs en coordination avec les Divisions administratives concernées du MET» (Ministère de la Région wallonne et du Ministère wallon de l’équipement et des transports, ancien nom d’une partie de l’actuel SPW).
J’ajoutais : « Il est grand temps de passer d’une politique de réponse au cas par cas et le plus souvent improvisée à une politique d’anticipation afin de garantir la sécurité de nos concitoyens », espérant par là, en idéaliste, enclencher une réflexion au sein de la direction de mon parti en matière de structuration de programme réel visant à l’intérêt de la Wallonie (*).
5 ans après, en dehors des commémorations et des confirmations de retards (et de refus !) d’indemnisation aux victimes marquées dans leur chair, qu’est-ce qui a été fait pour anticiper une catastrophe ?
Je n’ai rien trouvé allant dans ce sens dans la dernière déclaration gouvernementale.
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Hier, une manifestation avait lieu devant le dernier bureau de poste de Louvain-la-Neuve… Après les pétitions et autres interpellations de parlementaires jusqu’ici inutiles, les habitants se sont mobilisés physiquement pour interpeller la direction de la Poste. Avec guère d’espoirs de faire revenir le Conseil d’administration de « THE POST - DE POST - LA POSTE » (**) sur sa décision
Il est à craindre, en effet que ce ne soit qu’un nouveau coup d’épée dans l’eau. D’autres comités ont déjà protesté contre ces fermetures, ailleurs chez nous, en Wallonie. Mais les résultats ont, jusqu’ici, été plus que mitigés. C’est peu dire...
Rien de vraiment étonnant pour ceux qui ont suivi les décisions budgétaires tout autant qu'idéologiques des gouvernements fédéraux précédents. Il fallait bien maintenir le budget annuel de l'Etat en équilibre et obéir aux pressions dérégulatrices du néo-libéralisme mondialisé (autre nom du capitalisme financier) auquel tous les partis (***), sans exception se sont soumis depuis les années 70-80...
En effet, avec le mariage forcé de LA POSTE avec la poste danoise et un Fond d'investissement britannique, le gouvernement fédéral, qui ne voulait pas investir dans la modernisation de l'entreprise publique et a contrario montrer sa bonne volonté aux autorités européennes, a ainsi réédité le coup de la fusion de la SABENA, pratiquement dans les mêmes termes.
On a peu parlé à l’époque de ce bel investissement pour les Danois et surtout pour CVC Capital Partners Ltd (qui ne sont pas des bienfaiteurs, ne nous leurrons pas ; la preuve…). L'objectif de ses derniers étant de s'approprier ce qui fait pour eux la valeur de « LA POSTE », c'est-à-dire son patrimoine immobilier, son réseau bancaire et les avoirs en dépôts. La poste danoise parlant, elle, de se désengager.
Ne doutons pas que, ces opérations effectuées, ils lâcheront ce qui restera de l'entreprise publique, d’où, en conséquence, la logique des « points postes » et du système « géoroute »… qui servent à préparer les esprits. «Privatisons ce qui est rentable et discréditons (en les culpabilisant) ces facteurs (au rôle social jadis (?) essentiel) qui (forcément !) lambinent. Les citoyens-usagers devenant, eux, de vulgaires clients...»
Une preuve de plus que la Belgique n'est plus un Etat digne de ce nom. En expropriant les citoyens d'un service public, patrimoine collectif constitué par eux, pour eux et les générations futures, pour le brader à vil prix à des opérateurs privés étrangers, l'Etat belge n’a plus rempli son rôle qui est d'assurer pour l'ensemble de la communauté des missions essentielles à un prix raisonnable et l'accès aux services, témoins d'une certaine forme d'égalité et assurant ainsi la cohésion sociale.
A leur tour, les néo-louvanistes commencent seulement à en percevoir voir les conséquences.
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(*) Ce parti n’a toujours pas de programme réel et pour cause. D’après un article du Soir relatant une réunion tenue à Gembloux pendant la dernière période électorale, son président a signalé qu’il ne croit plus en une Région wallonne autonome, voire indépendante (ce qui est son droit le plus strict). Pour lui, la Wallonie va très mal : pas de projet, plan Marshall sans résultat, état des routes exécrable, enseignement de mauvaise qualité, et une absence d'alternance, avec un PS au pouvoir depuis 21 ans. Qualifiant la Wallonie de « lanterne rouge de l’Europe » sans avenir, il a clairement affirmé son opposition à toute proposition visant à la moindre amélioration. Peu de chose le déconcerte. Aux quelques curieux présents qui posent des questions en dehors du message institutionnel : « l’avenir de l’agriculture, la chasse, les sans-papiers et le programme du RWF dans ces domaines, la réponse fuse : « Nous ne sommes pas un parti de gestion de cet Etat finissant », lâche-t-il. » Le journaliste ajoutait : « Les militants de plus longue date n’insistent pas… » … Dommage !
(**) Pour mémoire, la langue internationale de la Poste, c'est encore le français...
(***) Le parti socialiste qui s’affirme toujours à gauche devrait logiquement prendre une position de combat plus nette à l'égard du capitalisme financier, comme ils l'ont fait il y a environ 100 ans à l'égard du capitalisme industriel. C'est, sans doute, à cette condition qu'ils trouveront ou retrouveront un électorat prêt à les suivre, mais qui s'éparpille ailleurs faute des positions claires. Or, ils ont été par leur présence dans les gouvernements depuis plus de 20 ans parmi les plus ardents à appliquer les choix de la vague néolibérale.
Tous les partis veulent se situer au centre, parfois avec les nuances de centre droit ou de centre gauche. En conséquence, les programmes ne se distinguent plus les uns et des autres, à des nuances près et lors de changements de majorité politique, les citoyens ne perçoivent pas de changements ou fort peu de changements. Cette recherche du centre tue la démocratie; à quoi servent les élections puisque tous les partis sont pareils et que rien ne change malgré les problèmes économiques et sociaux vécus, disent les citoyens désabusés et déçus. Cette uniformisation au centre affaiblit les capacités de rupture des partis, en particulier des partis de gauche, avec les situations héritées du passé. L'absence d'une gauche réelle favorise l'apparition des extrêmes, extrême droite ou extrême gauche, notamment, seules formations qui apparaissent comme porteuse de changement.
Le parti « dit écologiste » (après tout, on parlait bien de partis « dits communautaires » pour ceux qui proposaient le fédéralisme) gagnerait sans doute à préciser ses positions économiques et surtout ses positions wallonnes (rêvons !), malgré le fait que quoi qu’il en dise, par nature, il soit le seul à se situer normalement au centre.