J'avais prévu la publication de cet article pour le 4 décembre, mais l'actualité m'incite à l'anticiper.
Le Comte Albert du Bois (Écaussinnes-d'Enghien, le 4 septembre 1872 - Bruxelles, le 3 décembre 1940) est un homme de lettre de langue française et un diplomate ainsi qu'un militant wallon hélas bien oublié ! Nivellois d'adoption, une stèle - au par de la Dodaine - le qualifie de "précurseur du mouvement wallon". Quelle que soit l'époque, des Wallons se sont levés pour dire la vérité au Peuple.
Peu connu hors de cercles d’érudits, Secrétaire de la délégation belge à Paris, il fût renvoyé de son poste le 17 février 1903 après avoir écrit « Belges ou Français ? » dans lequel il se fait l'avocat de « l'annexion » (comme on disait à l’époque) des provinces wallonnes de Belgique par la France.
En 1903, avec le ton et le style de l’époque, il écrivait dans la préface de son roman : « Belges » ou Français ? : « Belges ! ... Ceux qui habitent dans le cercle que le crayon distrait d’un Palmerston quelconque traçait à Londres, en 1831, sur une carte d’Europe, sont des « Belges » ! C’est ainsi que l’on crée un peuple ! C’est ainsi que l’on forme une nation ! C’est ainsi que l’on constitue un pays ! ... Pour parquer les chiens dans les expositions canines, on fait au moins attention à leurs races et à leurs espèces ; mais pour parquer les peuples en troupeaux de « contribuables », on ne doit pas y regarder de si près. Il suffit de prendre trois millions d’individus d’une espèce et trois millions d’individus d’une autre espèce. On leur dit : "Tâchez de ne pas trop se dévorer entre vous. Vous êtes une même nation. On vous appellera des Belges" - et les pauvres bêtes répondent docilement au nom qu’on leur donne ! »
Plus loin, à la décharge de nos ancêtres : «Jamais, peut-être, population ne fut victime d’une conspiration plus habile. Jamais peut-être on n’essaya d’abuser avec une telle perfidie de la bonne foi et de l’ignorance d’un peuple, pour lui faire méconnaître ses intérêts les plus sacrés. »
10 ans avant Jules Destrée et sa célèbre « Lettre au roi », il prenait la mesure du Mouvement flamand : « Nous n’avons pas la lente et tenace obstination de nos associés flamands. Mais il ne faut pas se fier au calme apparent avec lequel nous subissons une foule d’attentats mesquins contre notre véritable nationalité. Il compte parmi ses innombrables défauts celui de manquer totalement de patience. Il fera quelque jour explosion. Ceux qui viennent jouer avec de la flamme autour de ce coin de terre, tout pétri de poussière noire, ceux qui viennent y jongler avec les brandons de discorde du « patriotisme belge », de la « nationalité belge », de « l’âme belge » (…) ceux-là se trompent étrangement ! » Ils s’apercevront – bientôt peut-être ! – qu’ils ont joué avec de la poudre et quand elle flambera – soudainement – en une explosion géante, ce sera pour jeter aux quatre coins de l’Europe, les débris de cet édifice de haine, de conquête et d’asservissement sur le fronton duquel on a sculpté ce nom mensonger : « ROYAUME DE BELGIQUE ! »