Transformer la désignation de Ségolène Royal comme candidate du PS français en opération de communication en faveur du PS belge et de son président. Il fallait le faire !
La RTB(f), RTL, Le Soir, La libre et le reste de la presse conformiste (et surtout subsidiée par… le PS belge qui tient les cordons de la bourse dans les décisions d’aide à la presse) ont marché comme un seul homme. Mais nous sommes accoutumés aux habitudes incestueuses et soumises de la presse. J’avais promis d’y revenir dans un billet précédent : Le talent des courtisans !
L’attitude des médias est d’autant plus intéressante que, de ce que l’on sait du programme de Ségolène Royal, celui-ci n’a que de très lointains rapports avec celui du parti de Di Rupo. C’est qu’il y a Socialisme et Socialisme. Suivant les pays, on y trouve tout et son contraire. Or, un sondage publié dans « Vers L’Avenir » aujourd’hui (*) indique que les Wallons pensent qu’une éventuelle victoire de Madame Royal aurait un effet bénéfique pour le PS wallon. Preuve s’il en fallait encore de l’intérêt de nos compatriotes pour la France et de l’influence naturelle de ce qui s’y passe sur notre société.
Il ne faut pourtant pas s’y tromper. Il y a une énorme différence entre Royal et Di Rupo. C’est qu’elle, au moins, elle est capable d’évoluer ou de bien se faire conseiller… La preuve ? Sa position à l’égard de l’Europe où son premier en avant est intéressant. Relayé par le Daily Telegraph du 21 novembre, il nous indique le retour à une orientation française naturelle, qui devrait s’imposer au centre de la campagne présidentielle, en même temps que d’autres thèmes de politique extérieure (sous l’impulsion de Dupont-Aignan entre autres).
Souvenons-nous que Ségolène Royal a été une des plus acharnée partisane du « OUI » au projet de Constitution européenne. Dans ce cadre, il est révélateur de la tendance à faire des apparences le fond des choses, que les Britanniques aient d’abord accueilli Royal avec chaleur, comme une admiratrice de Tony Blair, une “Tony Blair à la française”. Pour la méthode médiatique, peut-être…
Pour l’orientation politique, c’est différent. Les grandes lignes de la politique européenne de Ségolène Royal telles qu’exposées dans l’article sont claires et s’inscrivent directement contre la politique extérieure blairiste :
- Une Europe politique indépendante réduite d’abord aux pays qui acceptent ce projet. Quatre pays sont cités : Allemagne, Espagne, France, Italie. C’est la formule du “noyau dur” dans toutes ses conditions et ses conséquences. (**)
- Cette Europe politique réduite au “noyau dur” est définie d’abord par le choix fondamental de politique extérieure, au travers du choix exigé de l’Angleterre : l’indépendance ou la vassalité américaniste. (Le reste va avec : une Europe renforcée, protectionniste à l’instar des USA, etc.)
Ces déclarations faites au « Daily Telegraph » sont du député Gilles Savary, porte-parole de Ségolène Royal pour la politique extérieure. J’y trouve la marque d’un programme électoral conçu comme une politique cohérente, appuyée sur l’exigence d’un nouveau traité européen proposant une orientation souveraine, radicalement différente de celle qui est suivie aujourd’hui par les dirigeants politiques conformistes. Revu à la sauce gaullienne originelle et accordé aux conceptions souverainistes qui ont fait triompher le « NON » au referendum du 29 mai 2005. Un retour à une conception de l’Europe plus proche de celle des « Pères fondateurs ».
Di Rupo est, et reste bel et bien, un ferme partisan de l’Europe néo-libérale et déstructurante prévue dans le projet de Traité constitutionnel dont il par ailleurs a participé à la rédaction.
(*) Réponses au sondage de « Vers-L’Avenir » - Dedicated research sur le choix des Wallons s’ils pouvaient voter aux présidentielles :
- Ségolène Royal : 43 %
- Nicolas Sarkozy : 33 %
- Un autre candidat : 15 %
- Sans avis : 9 %
(**) A rapprocher de cette déclaration de Jacques Chirac, dans « le Figaro » du 17 novembre : «Hier, à Gérone, le chef de l'État a souligné qu'une nouvelle étape, significative, était désormais franchie : l'Espagne fait désormais partie du moteur de l'Europe, a-t-il dit en substance. “Au coeur des forces centripètes de l'Europe et qui assurent son bon fonctionnement, il y a l'Allemagne, la France, l'Espagne, l'Italie”, a déclaré Jacques Chirac, sans citer la Grande-Bretagne.