François Barberis, dont il serait trop long de résumer le parcours et les expertises, me fait parvenir le texte suivant, ajoutant (qu’il espère) qu’il pense que nous serons compatriotes d'ici 4/5 ans, au vu de l'accélération des événements. Puissent ces derniers lui donner raison !
Ce que la crise a démontré, c'est la vulnérabilité et l'incapacité des petites structures étatiques à assurer la liquidité de leur financement.
L'état belge est un ogre fiscal et un nain économique et financier. Vorace pour taxer les flux et les revenus (comme bien des structures étatiques, comme l'état français), faible lorsqu'il s'agit de protéger les structures et institutions chargées de collecter et recycler l'épargne de sa propre population. C'est dramatique.
En reprenant Fortis, BNP a pris le contrôle de 40% de l'épargne populaire belge. Caisse des Dépôts Consignations CDC en contrôle désormais 20% de plus au travers Dexia. Cette épargne est désormais mélangée à l'épargne des français (et accessoirement avec l'épargne des italiens via Banca Nazionale del Lavoro, reprise par BNP). Je pense que les épargnants flamands vont eux-mêmes se détacher de KBC pour aller vers des structures de collecte d'épargne plus sécurisées (ING, Barclays, voire ... Fortis BNP peut-être).
Il n'y a pas de complot français pour la collecte de cette épargne. Il n'y a pas non plus de complot français pour son investissement. Cette épargne, comme avant, a pour vocation de profiter au développement local - mais pour cela il faudrait des pouvoirs publics locaux capables d'imaginer des plans de développement locaux. L'état belge étant dans l'incapacité d'imaginer de tels projets, pris dans le feu du conflit des cultures et soumis à la vision flamande du développement du pays, une autre solution doit être trouvée.
La potentialité de développement de la Wallonie réside dans la montée en puissance de ce grand axe économique Köln, Liège, Charleroi, Lille Dunkerque qui constituerait une alternative sérieuse pour capter l'immense flux maritime de la Mer du Nord et ses futurs géants des mers qui ne pourront accoster à Anvers ou Rotterdam (ports d'estuaire au tirant d'eau trop faible).
C'est ce qui est en train de se réaliser dans ma région où Barcelone vient de s'étendre jusqu'à Béziers, Toulouse et Saragosse avec la création de ports à sec, et où Marseille va développer ses infrastructures portuaires tout le long du couloir du Rhône.
Le 13 octobre dernier, Paris a pris les derniers décrets qui font définitivement sortir les grands ports autonomes (dont Dunkerque) de l'emprise de la CGT (décret Ramadier confiant à la CGT le monopole d'embauche sur les quais). Ces ports vont donc pouvoir s'envoler, le risque d'immobilisation des navires pour faits de grève étant désormais exclu. Plus que jamais Dunkerque et Lille vont devenir les concurrents d'Anvers et Gand et Lille risque même de faire de l'ombre à Bruxelles, sa conurbation étant déjà plus importante (2 millions contre 1,2 millions d'habitants).
Il faut que vous, Picards et Wallons, vous rejoigniez pour mettre au point un projet de développement identique de plusieurs dizaines de milliers d'emplois qui sera apte à assurer le réinvestissement de votre épargne locale.
C'est pour cela que le rapprochement entre la France et la Wallonie fait sens. C'est pour cela que Bruxelles doit se rattacher à cette mouvance économique, beaucoup plus que pour des raisons historiques et culturelles. Et ce sens l'emportera bien entendu; car à l'inverse, le maintien de l'immobilisme actuel constituerait une destruction de sens. Comment ce rapprochement doit-il s'opérer ? C'est à chacun d'y répondre, mais il me paraît évident qu'il doit être direct et efficace, et faire en sorte qu'une communauté ne puisse interdire à l'autre de se développer.