La main de ma sœur dans la culotte du zouave ? La main invisible du ca(sino)pitalisme d’Adam Smith ?
Depuis des mois, et jusqu’au dernier jour, on nous dit que tout est sous contrôle. Et subitement, les Etats sont obligés d’intervenir et de renationaliser ce qui a été privatisé sous l’influence du libre échangisme (rien de sexuel là-dedans…) ultime et sans limites prôné par la Commission européenne.
C’est que c’est évidemment, en Belgique, le contribuable qui va payer. Reynders l’a dit – et personne dans les autres partis – ne l’a démenti, l’Etat revendra au plus vite ses parts aux opérateurs privés.
Avec des gains potentiels ? Vous y croyez vraiment, vous ?
Soyons sérieux, pour ça, il fallait beaucoup plus que la modeste capitalisation pour assurer la liquidité du portefeuille d'engagements de Fortis (pour ne citer que celle-ci) qui représente 604 milliards d'€ (2 fois le PIB de la Belgique....). En fait il fallait au minimum des fonds propres à hauteur de 50 milliards, alors que Fortis n'en dispose tout au plus que 27-28 milliards, y compris après la première recapitalisation.
Je ne suis pas certain non plus de la couverture des engagements pris sur les marchés à terme ou les marchés dérivés, qui peuvent représenter 10 à 20 fois les capitaux propres de la banque.
Ce qui me fait dire que les Hollandais (dont le ministre des finances s'est félicité d'avoir récupéré la partie la plus saine de Fortis... laissant aux belges les obligations "structurées", autrement dit "toxiques", mêlées de près ou de loin aux subprimes et estimées à 48 milliards d'€...) et les Luxembourgeois l’ont bien compris en reprenant leurs billes. Ils s’assurent le contrôle de leurs avoirs. Et protègent leurs citoyens. Ces deux pays, comme la France que d’aucuns critiquent, ont très bien joué, sortant de cette mésaventure avec des pouvoirs renforcés dans les structures des dites sociétés assainies. La totalité des obligations "structurées", mêlées aux subprimes sont désormais logées uniquement... chez fortis belgium... on n'est plus très loin de la banqueroute...
Aucun institutionnel belge ne peut plus égaler ses voisins dans l'apport d'argent frais. Toute l’Europe sait que ce Etat n’a plus d’avenir et, c’est de bonne guerre, les voisins se partagent déjà les dépouilles. C’est qu’il n’y a pas que les banques...
Souvenez-vous. En deux temps, en 1988 (la fameuse saga de la Générale) et en 1996, Suez s'est offert les « pépites énergétiques » belges (Electrabel et Tractebel), avec lesquelles le groupe français trône aujourd'hui au sommet de la hiérarchie mondiale du gaz et de l'électricité. Sans contreparties. Verrons-nous la BNP-Paribas intervenir ou alors... un groupe russe (et maffieux ?) ou asiatique sera-t-il préféré par les Flamands à un groupe français ?
Certes ici, il fallait de toute façon faire quelque chose. Ce n’était pas qu’une question de faillite ou d’emplois (même très bien payés) à sauver. Nous verrons ce que l’avenir à court terme nous réserve. Je n’exclurais pas une sortie prochaine de Fortis du BEL20. L'état belge risque de devoir alors trouver rapidement un adossement pour « sa » banque, car en cas de nouvelle panique financière, il ne pourra compter ni sur les néerlandais ni sur les luxembourgeois pour remettre au capital…
Maintenant en matière de socialisation des pertes, mais ce n’est qu’un extrapolation et donc, je ne garanti pas les chiffres, mais rien que pour s’en tenir à Fortis, Marco Van Hees (auteur du livre : « L’homme qui parlait à l’oreille des riches ») estime ceci :
Fortis a acheté la CGER pour 3 milliards €, grâce à celle-ci, elle a réalisé entre 1998 et 2007 un bénéfice de 27,7 milliards €. En réinjectant 11,2 milliards, les états belgo-luxembourgeois ont perdu 8,2 milliards et les privés en ont gagné 27,7. Pas mal, non ?
Autre point de vue. Dans cette affaire, les Wallons payent pour sauver les épargnants flamands. Le gouvernement belge a obtenu l'engagement des régions qui participent à l'effort de sauvetage à raison de :
-500.000.000 € pour la Flandre :
-350.000.000 € pour la Wallonie et 150.000.000 € pour Bruxelles : soit ensemble 500.000.000 €
Pourquoi ?
Pour un taux d'épargne à garantir plus élevé en Flandre (75 % de l'épargne belge ?)
Pour une population plus importante en Flandre (60 % de la population)
On intervient pour 50 % et les Flamands pour 50 %, et encore parmi les Flamands il y a plus de 200.000 francophones de la périphérie et de Flandre travaillant à Bruxelles et payant leurs impôts en Flandre.
Conclusion : quand les Flamands disent qu'ils payent pour les Wallons, c'est exactement l'inverse en fait : les salariés wallons et bruxellois vont casquer pour l'épargne des moyens et gros revenus (et rentiers) de Flandre : c'est cela la Belgie-que de Leterme et Reynders !
harles 05/10/2008 15:32
Claude Thayse 05/10/2008 16:19
francis baudoux 04/10/2008 18:35
Claude Thayse 05/10/2008 07:52