Schizophrénie mode d'emploi : Le recours en conflit d'intérêt comme seule parade au délitement de la Belgique ou comment désamorcer les pétards mouillés...
Ce n'est pas la première fois que ça arrive, le phénomène n'est pas nouveau. Retenez-nous, ou on fait un malheur. C'est la menace par l'absurde. On vous prévient. On va le faire. A vous d'user des procédures prévues pour contrer nos inconvenances de groupe linguistique majoritaire par le nombre. On appelle ça conflit d'intérêt ou encore sonnette d'alarme.
Vous nous avez déjà fait le coup. Le fameux coup de force BHV. Grandiose. Le panache à l'état pur. Le mauvais scénario, cent fois annoncé et joué mille fois plus mal que prévu. Le sourire arrogant d'une extrême-droite triomphante, d'une majorité flamande déterminée qui laisse planer le doute de la résignation. Et puis des francophones qui se lèvent, outrés, abandonnant une salle de commission devant des caméras qui n'attendaient que ce moment. On aurait pu croire qu'on en resterait là et que le recours en conflit d'intérêt de la Communauté française ne constituerait pas un précédent.
C'était sans compter sur les ressources inépuisables de l'absurde au pays du surréalisme. Il y eut une récidive. Et voici qu'aujourd'hui, après une crise de renommée internationale où l'Europe entière commença enfin sérieusement à envisager la fin de la Belgique, comme ce fut souvent le cas, on s'installa dans un provisoire à caractère relativement permanent. Les délais s'estompèrent, les positions, essentiellement flamandes, se mirent à revêtir un caractère plus relatif et moins empressé. Et voilà qu'on avance l'idée qu'on n'envisagera aucune réforme de l'Etat avant les élections régionales de 2009. Sage initiative. Il faut s'accorder un temps raisonnable pour ce qui sera peut-être l'ultime et la plus déterminante de nos réformes institutionnelles. Et les citoyens méritent mieux qu'un gouvernement en affaires courantes.
Mais il faudra tout de même que le citoyen intègre quelques nouvelles donnes. Insensiblement, de nouveaux acteurs se sont substitués aux premiers. Le Premier Ministre s'est déchargé en plusieurs temps du contentieux communautaire. Exit l'Octopus. Place aux médiateurs royaux. Et puis, glissement sensible aussi pour ce qui concerne l'initiative. Place désormais au Président du Gouvernement flamand. Le dialogue de Communauté à Communauté, cher aux Flamands, rendu plus facile par les restructurations institutionnelles francophones, va reprendre. L'Octopus nouveau est arrivé.
Et tant pis pour la préférence francophone pour traiter de région à région. Tant pis pour l'affirmation de trois régions. Plus Bruxelles se voit reconnaître comme région à part entière par la Wallonie, plus la Flandre veut mettre celle-ci sous tutelle. Et à ce sujet, que les francophones ne se fassent aucune illusion. La Flandre n'admettra jamais qu'on touche d'une quelconque manière au territoire de Bruxelles.
De toute façon, on a le temps d'en parler, puisque rien ne se passera avant l'été 2009. C'est tellement évident, que le vice-premier ministre francophone décide de désormais se consacrer à sa campagne électorale, renvoyant dos à dos ses responsabilités fédérales et la réflexion institutionnelle. Ensuite, le Président du MR, du haut de son no man's land communautaire, décrète haut et fort que, de toutes les manières, tous les maux proviennent de la Wallonie.
Bien. On souffle jusqu'en 2009. Pas si sûr. D'abord, parce qu'en Flandre, on a de plus en plus de peine à reconnaître la « voix autorisée ». Et, que lorsque le ton s'y fait modéré, il est immédiatement nuancé par une incitation à la prudence. Amis francophones, nous allons vraisemblablement aller trop loin, alors, de grâce, vous connaissez la procédure. Nous ne pouvons maîtriser nos troupes, alors sonnez l'alarme. Il était entendu que BHV serait réglé selon une procédure négociée. Nous, Flamands, préférerons le Parlement.
D'accord. Bien reçu. Même si l'attitude frise l'indécence. Allons-y pour le recours en conflit d'intérêt. Il m'apparaîtrait absurde que ce recours émane du Parlement wallon. C'est au Parlement bruxellois qu'il appartiendra d'introduire un recours en conflit d'intérêt le cas échéant. Symboliquement, c'est l'évidence. Stratégiquement, c'est l'opportunité, vu le rapport de force linguistique à Bruxelles, de répondre à la loi du nombre par la loi du nombre.
Christophe COLLIGNON,
Sénateur de Communauté,
Membre du Parlement Wallon
denis 19/09/2008 11:59
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Claude Thayse 15/09/2008 15:44