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21 avril 2008 1 21 /04 /avril /2008 18:48

Mais était-ce son objectif ?

Un des avantages de ne pas avoir de responsabilités politiques ou de savoir qu'on n'a pque peu d'influence, c'est de pouvoir prendre du recul par rapports aux événements et de ne pas se sentir obligé de réagir à chaud. Il en va ainsi des réactions à la "Carte blanche" publiée par Messieurs Demotte et Picqué jeudi dernier.

Ce recul me permet de dire que :
ce que disent principalement Picqué et Demotte, c'est que les " francophones " sont d'abord Wallons ou Bruxellois, et non l'inverse. Il est important de le souligner.
- Tous les partis qui comptent sont d'accord sur un point : faire en sorte qu'à l'avenir, les ministres wallons et les ministres bruxellois francophones composent ensemble un gouvernement commun, qui fera le lien entre les deux Régions.
- Les mêmes partis ne sont évidemment pas d'accord sur la nature de ce lien, sur les compétences qui seraient exercées encore de manière autonome au niveau de l'institution qui ne peut disparaître sans l'accord des Flamands lors d'une hypothétique révision constitutionnelle ultérieure. (Ce n'est pas prévu cette fois-ci et le partage du pays en Communautés (La N-VA n'est-elle pas partisane d'une fusion de la Communauté française et de la Région wallonne.. un peu comme le FDF !) étant la position bien arrêtée et essentielle du Mouvement flamand pour qui "Brussel" est la capitale de la Belgique mais également de la Flandre... Le ministre-président flamand Kris Peeters ne s'est-il pas déclaré "douloureusement surpris" par la nouvelle ? Seul, le ministre Sp.a (bruxellois, ceci expliquant peut-être cela) Pascal Smet a dit partager l'analyse selon laquelle les Régions sont les principaux centre de décision du pays, il s'est fait traiter de "Flamand de service" (en français dans le texte)en même temps que Guy Vanhengel (Open Vld) qualifiés de "plus faibles représentants flamands dans le gouvernement bruxellois depuis vingt ans" par Eric Van Rompuy (CD&V) ).

Derrière les propos du style "c'est ce que nous avons toujours dit", les prises de position sont assez contradictoires et vont de la vision la plus régionaliste à la plus communautariste... Soit entre ceux voulant que le centre de gravité de la future " Fédération " soit régional avant tout ; et, de l'autre côté, ceux qui, tout en souhaitant la formation d'un gouvernement commun composé de ministres wallons et bruxellois, estiment que celui-ci doit disposer de compétences fortes (et au moins celles détenues aujourd'hui par la Communauté française), distinctes de celles exercées par les Régions. Pour ces derniers, une future « Fédération Wallonie-Bruxelles » ne peut se concevoir qu'avec un pôle " francophone " renforcé, dominant.  Petit florilège :
- Jean-Claude Van Cauwenberghe : " pense que la thèse de Charles Piqué et Rudy Demotte, qui ne fait finalement que confirmer la thèse de nombreux régionalistes wallons, fait franchir un pas important dans le scénario qui devrait réunir demain Bruxelles et la Wallonie, et qui n'est pas la Communauté française mais qui est une cogestion, une fédération. (...) Des Bruxellois et des Wallons respectés chacun dans leur structure et leur sensibilité". Ajoutant : " Pour moi on la supprime et ses matières sont cogérées par les ministres bruxellois francophones et par les ministres wallons".
- Philippe Moureaux ne se mouille pas et se félicite de ce que ce projet affirme clairement "l'identité" bruxelloise, et wallonne, tout en énonçant clairement le "lien Wallonie-Bruxelles. Le projet des deux ministres-présidents a le mérite d'apporter un "éclaircissement dans le débat, il est bon d'énoncer la "primauté des Régions" tout en maintenant la volonté de "travailler ensemble" entre Wallons et Bruxellois". Les Régions sont les institutions "qui se sont le mieux installées dans le paysage".
- Marcel Cheron (Ecolo) : "l'idée d'une fédération Wallonie-Bruxelles va plutôt dans le bon sens, dans la mesure - et ça, c'est nouveau dans ses propos! - où l'on parle du fait régional wallon incontestable dans ses différentes composantes, de Bruxelles comme Région reconnue à part entière et à financer, mais aussi d'une fédération d'intérêts entre la Wallonie et les Francophones de Bruxelles". Pour lui, les compétences d'éducation, de culture, de formation continuée et d'emploi, communes à la Wallonie et à Bruxelles, doivent en effet pouvoir être appliquées au mieux selon les milieux de vie auxquels on a affaire. Ceux-ci ne sont pas les mêmes dans le Borinage que dans le Brabant wallon ou à Bruxelles. Belle évolution ! Mais, ajoute-t-il ne s'agit pas de la disparition de la Communauté française: "Il est important de constituer dans l'espace fédéral belge une fédération Wallonie-Bruxelles au travers d'une Communauté Wallonie-Bruxelles revisitée par le fait régional".
- Serge Kubla est encore plus prudent que Moureaux : " Cela correspond au schéma que défend Didier Reynders depuis des mois: donnons plus de clarté et d'efficacité aux institutions francophones, wallonnes et bruxelloises. Et la meilleure façon d'y arriver est de faire siéger les ministres régionaux wallons et bruxellois dans le gouvernement de la Communauté française ". Ce que confirme Didier Reynders : " En fait, Demotte et Picqué ont écrit ce que nous disions au MR, rien de plus : il faut un gouvernement commun simplifié, composé de ministres wallons et bruxellois". Le MR dénonce le danger de scission de l'enseignement de la culture, de l'aide à la jeunesse, contenu dans les propositions des ministres-présidents.
- Le CDH se dit favorable à l'architecture institutionnelle proposée et à l'idée de "fédération des Francophones", mais il ne peut être question pour lui que cette Communauté se réduise à une peau de chagrin. Il ne veut pas non plus de " repli régionaliste " frileux. (Il y avait longtemps...) " L'identité régionale est certes importante mais elle doit être ouverte et compatible avec une identité francophone forte dans un Etat fédéral respectueux des autres communautés"...
- Enfin, mais ce n'est pas étonnant, la proposition prend le parfait contre-pied de sa thèse,  Olivier Maingain (MR bruxellissime) se dit " satisfait de voir " enterrer la vieille idée de certains socialistes de créer des États wallons et bruxellois séparés ", mais ajoute  " qu'il ne peut être question de régionaliser les compétences de la Communauté française telles que l'enseignement et la culture ". " L'Etat Wallonie-Bruxelles se justifie par un projet économique commun. Mais il faut une coupole politique forte, plutôt qu'un organe technique commun ". Finalement, il reste le dernier à défendre le principe des communautés sur base linguistique hérité de la volonté flamande puisqu'il précise que" l'Etat flamand est en marche car on n'y trouve pas de Région séparée de la Communauté. La seule réponse valable que l'on puisse y apporter est celle de l'Etat Wallonie - Bruxelles".

Hors concours, puisque ne prenant pas position sur le fond :
-Francis Delperée qui a jugé le projet " flou, flou, flou ", et doute, que l'on puisse jamais juxtaposer une fédération Wallonie-Bruxelles, une fédération Belgique, et une fédération européenne... Ce en quoi il n'a pas tort, mais n'énonce pas ce qu'on pourrait mettre à la place.
- Estimant qu'il s'agit d'un effet de manche, le RWF pense qu'il s'agit avant tout " d'un contre-feu du Parti Socialiste destiné à faire oublier les " affaires " et trouve que le moment est particulièrement mal choisi : les francophones sont à nouveau demandeurs de quelque chose vis-à-vis de la Flandre..." (Voilà qui rappelle furieusement le fameux "Nous ne sommes demandeurs de rien..."). " Constatant que la proposition Demotte-Picqué émane uniquement du Parti Socialiste et a donc peu de chance d'obtenir la majorité requise devant les divers Parlements de nos institutions ". 

De toute façon, on le sait, le fédéralisme belge est difficilement améliorable. C'est pourtant le moment que choisi Didier Reynders qui invite les partis francophones à se revoir pour débattre ensemble de la réforme de l'Etat.
Maintenant, il faut prendre du recul, puisque, comme d'habitude, on vient de le lire, chacun interprète la proposition au travers de ses filtres.

Si l'idée de Demotte et Picqué est de régionaliser, dans un premier temps, toutes les compétences de la Communauté française et de créer ensuite une "instance commune disposant de compétences et d'un budget propres" pour gérer les matières qui seraient redéclarées communes, manière de consacrer la solidarité entre Wallons et Bruxellois, je n'y vois pas d'inconvénient. Ça correspond, en gros à ce qui pourrait être l'architecture institutionnelle des deux nouvelles régions de France que seront demain Bruxelles et la Wallonie.

Si la proposition est surtout sémantique, s'inscrit dans la volonté d'atteindre à un équilibre institutionnel et se situe dans la perspective d'une Belgique fédérale qui a un futur (Les deux éminences socialistes disent qu'il s'agit d'une "Communauté française revisitée" semble le montrer), je suis plus réservé... puisqu'en fait en fait le rassemblement des deux gouvernements régionaux bruxellois et wallons, ce serait finalement la fusion des deux régions. Il convient donc de souligner que les déclarations de Picqué et Demotte formeraient alors avant tout un simple constat de l'utilité du Wallo-Brux... Et viendraient au secours de la Commission Spaak-Busquin...
Ce serait une erreur de plus de trop ?). La Communauté française qui semble être une alliance contre les Flamands fait leur jeu (sans le vouloir), parce que cette institution a été voulue par eux. Elle n'a jamais vraiment décollé dans les esprits puisqu'on peut constater qu'elle a bénéficié d'énormément d'appuis, qu'on a essayé avec de gros budgets de populariser ses fêtes. On ne peut nier que beaucoup de médias francophones ont longuement soutenu l'idée de la Communauté. Peine perdue ! Elle est de plus en plus impopulaire parce qu'elle est ignorée et elle est de plus en plus ignorée parce qu'elle est impopulaire... Et inefficace, c'est ce que je sous-entendais (pour l'enseignement et la formation, mais il en va de même pour d'autres matières) dans le billet  précédent intitulé :"
On ne chasse pas le sanglier de la même manière dans le parc de Bruxelles et dans les forêts d'Ardenne ".

Quoi qu'il en soit, le manifeste du 17 avril enclenche une réflexion chez-nous. Ce n'est pas une révolution. Mais ça pourrait bien (peut-être involontairement...) être le départ "d'autre chose" en prévision de la rupture Nord-Sud, purement et simplement.

Le choc risque en tous cas d'être frontal avec les Flamands de Flandre. Si l'espoir des proposants est que la Flandre ouvre les yeux et redevienne raisonnable, je rigole !

Mais tout n'est pas fini. Un vent favorable fait état d'une importante conférence de presse convoquée ce jeudi 24 avril à 15h30 à la maison de la Francité (18, rue Joseph II à Bruxelles) par un groupe de personnalités d'expérience et importantes du PS et qu'on peut considérer comme des "sages"...

A suivre, donc !


Mise à jour : La chronique de VINCENT DE COOREBYTER au SOIR :  Renforcer la Communauté française ?

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commentaires

G
Je n'ai pas trouvé trace de cette conférence de presse. A-t-elle eu lieu ?
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C
<br /> Oui... Mais je n'ai pu m'y rendre.<br /> Il faut parfois attendre...<br /> <br /> <br />

« Le courage. C'est de refuser la loi du mensonge triomphant, de chercher la vérité et de la dire »  (Jean Jaurès)
*
« (…) il n'existe aucun accommodement durable entre ceux qui cherchent, pèsent, dissèquent, et s'honorent d'être capables de penser demain autrement qu'aujourd'hui et ceux qui croient ou affirment de croire et obligent sous peine de mort leurs semblables a en faire autant. » (Marguerite Yourcenar)
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« Ce qui nous intéresse ce n'est pas la prise de pouvoir mais la prise de conscience. » (Armand Gatti)

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