Beaucoup d’entre-vous ont été déçus des propos tenus par Dominique de Villepin invité par le journal « Le Soir » dans le cadre de la tournée de promotion de son nouveau livre « Le soleil noir de la puissance », premier tome d’une histoire de Napoléon.
Et je comprends cette déception. Mais il est important de la relativiser. Il faut savoir, en effet, que depuis le « Vive le Québec libre » du Président De Gaulle qui a confirmé la méfiance du monde anglo-saxon et de ses alliés vis-à-vis e la France, la diplomatie française s’en tient à la plus grande prudence. Le quai d’Orsay ne se prive pas d’ailleurs de la rappeler à tout ancien ministre ou dirigeant qui souhaite d’exprimer à l’étranger. Il va de soi que ça n’arrange pas la Wallons que nous sommes et qui attendent de messages clairs de la France.
Je tiens à dire qu’entre ce qui est dit officiellement et ce qui se dit en privé - et j’en parle en connaissance de cause – il y a un monde.
Oui, la France officielle s’inquiète de ce qui se passe ici. Oui, elle suit l’évolution de la situation politique interne belge de très près. Non, elle n’est pas indifférente. Simplement, elle sait que ce sera aux Wallons (et aux Bruxellois s’ils le souhaitent) à faire le premier pas dans le cadre du droit des peuples à décider de leur sort. Simplement, elle ne peut intervenir dans les affaires intérieurs d’un Etat voisin, réputé allié et ami ( ?!) et resté créature de l’Angleterre. Imaginez, demain combien serait critiqué, vilipendé, le dirigeant français qui oserait une parole favorable à notre cause. Tous les dirigeants français doivent faire « comme si » ils croyaient encore en un avenir pour la Belgique. Nos journalistes le savent, et ils ne se privent pas de l’exploiter.
C’est que la France est et reste une puissance et un modèle pour le Monde. Un ministre français ne peut pas se permettre à l’étranger les propos, parfois irresponsables, d’un Louis Michel ou d’un De Gucht. La Belgique n’a que peu de poids moral dans le monde et donc ce qui est dit n’a évidemment que peu d’importance. Ce n’est pas le cas de la France.
Notre ami Patrick Heuschen m’a permis de publier la dédicace que lui a dédiée Dominique de Villepin, alors ministre, lors de la parution de son ouvrage consacré aux Cent-Jours en 2002. Patrick lui ayant demandé d’y mettre une allusion à la Wallonie, il lui fit le plaisir d'écrire ceci : « A Patrick, ce temps de l'épopée où la Wallonie respire. Très cordialement »
A quel moment est-il sincère ? Contrairement au reste du monde, se serait-il mis subitement à croire en la Belgique ? Comprendre la logique diplomatique c’est y répondre.
Dominique FRANCOIS 21/01/2008 22:03