D’aucuns vont encore dire que je m’acharne sur le PS. Mais, il est vrai que ce parti occupe une position particulièrement visible en Wallonie, que les remous qui le traversent ont, qu’on le veuille ou non, une influence non négligeable sur notre région et notre avenir. Il est vrai aussi que les autres partis traditionnels sont très silencieux, installés dans son sillage (son ombre ?) et ne présentent pas d’alternatives crédibles. Avec un MR, « banc de sable » d’opportunistes aux aspirations gestionnaires ayant renoué avec Adam Smith, Thatcher ou pire (souvenons nous du "libéralisme compassionnel" à la Charles Michel), un parti chrétien rebaptisé « humaniste » (Mot fourre-tout par excellence), centriste mou, un Ecolo faisant feu de tous bois pour exister et leur face cachée, un FN odieux, raciste et totalement infréquentable, nous vivons bel et bien dans un régime de parti unique où s’expriment des tendances aux programmes somme toute peu différents. Ils sont tous le nez sur le guidon, le regard braqué sur les sondages et la prochaine échéance électorale pendant que les Flamands, eux pensent à leur avenir et le construisent. Le royal-socialisme nous préparant discrètement à une « mini-Belgique sans la Flandre » est un des plus beaux exemples. L’Echo de la Bourse fait dire aujourd’hui à Robert Collignon que Di Rupo « est victime d'un mal actuel qui est le mal politique. On se demande ce que pensent les gens, sans perspectives. Il est influence par le court terme. En politique, on peut avoir raison tout seul. Il faut parfois avoir le courage d'aller à contre-courant de l'opinion. On ne gouverne pas avec des sondages.»
C’est à propos de cet article dans lequel Robert Collignon traite le « Plan Marshall » de « bla-bla », ajoutant que c’est un « copié collé sur le programme de Borloo en France, et c'est une idiotie en Wallonie ». Il estime que «pour sauver la Wallonie, il faut un choix wallon et pour y arriver, Il faut travailler l'identité wallonne», renchérit ce régionaliste convaincu qui se défend d'être un rattachiste «au sens "Gendebien" du terme» mais plutôt un réunionniste.
Curieux choix sémantique typiquement belge. Quoique, après tout, on a souvent utilisé dans le passé fédéralisme pour régionalisme et vice et versa, alors…
Derrière tout ça, il y a quelque chose de plus profond qui tient de la lutte pour le pouvoir au sein du PS. Je ne serais pas étonné d’assister dans quelques temps à un regroupement original d’une vieille garde composée de Dehousse, Happart(s), Van Cauwenberghe, Collignon et leurs fidèles qui (re)mettront à l’ordre du jour cette chimère dont toutes les analyses, y compris celles présentées récemment dans une émission de Defossé de la RTB(f), montrent que se serait une catastrophe pour la Wallonie.
Evidemment, leur objectif serait surtout de mettre en difficulté l’actuel président du PS qui sera prochainement empêtré dans ses choix monarchistes et unitaristissimes que récusent (et on ne peut pas leur donner tort) les Flamands.
Une Wallonie indépendante serait néfaste pour les Wallons. N’oublions pas que ce sont ces mêmes pseudo-ultra-régionalistes (au pouvoir avec le PSC- CDh) qui n’ont pas voulu éradiquer les vices de fonctionnement de l’ancienne, mais toujours si actuelle Belgique. Ils les ont reproduits, ils les ont amplifiés, ils les ont aggravés :
Citons simplement le lotissement partisan de la fonction publique (un tiers, deux tiers…), mais aussi des conseils d’administration de certaines sociétés privées, le clientélisme, le saupoudrage intense des crédits et des subventions, la confusion totale entre partis et administrations, la suprématie des présidents de partis sur les gouvernements. Enfin, n’oublions pas le désintérêt, voire la dérision, à l’égard de l’identité wallonne et de la politique culturelle.
Tout ça n’augure rien de bon. Le débat qui va s’ouvrir (uniquement du côté wallon et francophone, évidemment, les Flamands eux préparent autre chose) par médias interposés risque bien d’être focalisé dans un premier temps sur deux options : Minibel versus Etat wallon + District bruxellois. Quelle perte de temps !
Seule retombée potentiellement intéressante, l’option réunioniste s’y invitera, elle ne pourra pas être évitée… par simple bon sens !
Mon analyse sur le retour de l'option indépendantiste (avatar de la Belgique) se confirme. La RTB(f) a invité Van Cauwenberghe ce matin. Il plaide pour une option plus wallonne au PS. Mon ami Laurent Brogniet a immédiatement réagi : cliquez ici . Mais... à la lecture du Soir, Le même Van Cauwenberghe ajoute ceci : "Je prépare un document que je livrerai au parti. Le PS doit retrouver une réflexion wallonne et intrafrancophone. Cela implique notamment de réfléchir à l'avenir de la Communauté française. Elle est dépassée. Demain, il faudra un gouvernement commun tous les ministres wallons et bruxellois francophones et un parlement commun. Wallons et Bruxellois géreront en cogestion l'espace Wallonie-Bruxelles. Je pense aussi qu‚il nous faut un club de réflexion, une Warande wallonne." Belle récupération de la part du président du PS. Que ne doit-on pas faire pour revenir en odeur de sainteté ? Pauvre Van Cau va !
Et à propos, Qui disait que le groupe Warrande n'aurait que peu d'impact sur la réflexion politique ?