L’intérêt d’un exercice comme celui d’hier qui consiste à recomposer une chronologie cohérente consiste à se replonger dans les livres et à retrouver des informations ou des arguments auxquels on ne pense plus.
Il en va ainsi de l’ancienneté des relations difficiles entre les populations de parlers « thiois » et « romans ».
Pour beaucoup, les « problèmes linguistiques » sont récents et inventés par quelques extrémistes de chaque bord. Et pourtant, sans qu’il y ait eu de marquage physique ou administratif, une frontière linguistique existe depuis très longtemps. Quels que soient les régimes qui se sont succédés dans nos régions.
L’église, seule structure dominante et constante depuis la fin de l’Empire romain, en a toujours perçu l’ampleur et tenu compte en structurant son organisation pour éviter les tensions.
Ainsi que l’ont montré Maurice-A. Arnould et H. Hasquin, Philippe II, fils de Charles Quint, réorganise entre 1559 et 1561 les évêchés médiévaux qui auparavant « chevauchaient la frontière des langues ».
A la même époque, les collèges de Jésuites sont répartis en deux provinces « pour faciliter l’administration et pour assurer la concorde et l’union sacrée ». Les Carmes et les Récollets ont adopté le même principe au XVIIème siècle, les Capucins en 1712.
On retrouve cette même préoccupation en 1781, contre un projet d’édit sur les ordres contemplatifs qui prévoyait une assemblée unique et l’élection d’un « Visiteur général ». Le Grand Conseil de Malines - instance supérieure de justice des Pays-Bas – et les conseils de justice provinciaux qui souhaitaient éviter « des prépondérances des maisons des provinces flamands ou wallonnes, ce qui pouvait entraîner de murmures et des dissensions ».
(Sources : L’identité wallonne, par P. Destatte, Namur 1991 – Ouvrage publié par la présidence de l’Exécutif wallon)