Un pamphlet consacré à l’effet délétère des médias, surtout télévisuels, sur nos esprits est paru il y a quelques dizaines d’années – je n’arrive plus à le retrouver dans mes archives. L’auteur avait appelé cette entreprise « la crétinisation ».
A quoi d’autre, en effet, avons-nous assisté ces derniers jours ?
Sorti des louanges et des cris d’allégresse – Alléluia ! Noël ! Il est né le divin gouvernement. Sonnez hautbois, résonnez musettes… - le bricolage à durée déterminée, intérimaire, asymétrique, réduit, constitué sans programme mais avec des préséances et des chasses gardées n’a comme objectif que de mettre au frigo – pour trois mois, ce qui est fort long – les « faux problèmes » qui sont bien vrais et régler des problèmes urgents.
Et « on » veut nous faire croire que tout est réglé, que la crise est derrière nous ? Quel spectacle ! « On » n’a pas lésiné sur les moyens. Retransmission en direct du discours du premier sinistre. Annonce d’une menace terroriste – quel en serait l’intérêt, la Belgique est connue à l’étranger pour être la plaque tournante et le sanctuaire de ces terroristes « suicidaires mais pas cons pour autant ».
Et puis… Et puis… le discours ! Le point d’orgue !
Magnifique communication dans le style. Dormez braves gens, ou mieux, circulez, il n’y a rien à voir. Quoi de neuf ou d’important ? Apprenons à nous connaître mieux… parlons l'autre langue… bâtissons de grands projets mobilisateurs… esprit d’ouverture, de respect mutuel et de tolérance… dialogue constructif... écouter et à comprendre les sensibilités des uns et des autres et à progresser ensemble… Certes !
Et ça : « J’ai fondamentalement confiance dans l’avenir de notre pays parce que je crois aux ressources des Belges lorsqu’ils sont acculés. » Acculés ?Tu parles !
Plus curieux, et Luc Delfosse dans « Le Soir » l’a même remarqué : « L’effort de rapprochement nécessite une « forme de réconciliation entre communautés ». Dans notre histoire il y eut certainement des « injustices collectives ». Il importe de surmonter ces blessures. Belle langue de bois.
De quoi s’agit-il ? De quelles injustices parle-t-il ? Du génocide congolais ? De l’abdication de Léopold III ? De la prétendue domination des Wallons sur les Flamands en 1830 ? Du refus de l’amnistie des collabos ? Du détournement des moyens de l’Etat belge au profit de la Flandre ? Du lâchage des Fourrons ? Ou quoi ... ?
Enfin, comme le dit le titre du Soir, le roi est soulagé…. A preuve cette phrase qui clôturait son pensum : « il est nécessaire de lutter plus efficacement contre la pauvreté. En effet, celle-ci se développe sous des formes parfois nouvelles et préoccupantes, et nous devons renforcer et adapter nos moyens pour la combattre. »
Il va pouvoir partir en vacances, conscient de l'avoir échappé belle.
Joyeux Noël quand même à ceux qui le fêteront ! Noël ? Noël ? Tiens, ça me rappelle la phrase du regretté Pierre Desproges... Elle est de circonstance : "Noël au scanner, Paques au cimetière..."