4 août 2007
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Sans vouloir polémiquer à propos de la sortie de Jean-Luc Dehaene hier, il me paraît important de revenir sur cette question du bilinguisme qui aurait été refusé en 1932… et serait la cause de tous les malheurs. Ce bilinguisme aurait sans doute contribué à conforter plus rapidement l’emprise de la Flandre sur tout le pays. On peut comprendre les regrets de l’ancien premier ministre… Mais moins les acquiescements serviles des médias qui ne rappellent pas les circonstances de ce refus.
Il faut se rappeler que cette proposition était alors le fruit des revendications du Mouvement flamand. Dans un Etat dominé par une certaine élite francophone (et pas uniquement Wallonne, loin de là ! Les élites flamandes de l’époque s’exprimaient en français pour se différencier du « petit peuple » !), ce dernier a réclamé avant tout le bilinguisme en Flandre, obtenu par étapes à partir de 1883. Dans l'enseignement secondaire, d'abord, puis dans les universités. L'étape suivante consistait à obtenir l'égalité absolue des langues. Soit le bilinguisme dans toute la Belgique, soit l'unilinguisme régional.
Les Wallons et autres francophones estimèrent que le bilinguisme étendu à tout le pays représentait une concession trop importante. Et, en passant, notons que Dehaene reste ainsi dans la droite ligne des revendications historiques du mouvement flamand. Mais qui s’en souvient ?
Le 14 juillet 1932, une loi tranche: l'enseignement est unilingue. François Bovesse qui a mené le combat de résistance a alors déclaré : « Le bilinguisme est mort, personne ne le ressuscitera ». En Flandre, un régime transitoire est mis en place pour les citoyens d’expression française qui y étaient encore présents : « les classes de transmutation ».
La réalité, c’est que la loi linguistique de 1932, par laquelle le mouvement flamand obtenait l'imposition d'un régime linguistique unilingue dans les administrations en Flandre (jusque là, les communes restaient libres d'offrir à leurs habitants un régime administratif de bilinguisme), avait garanti en contrepartie une ultime zone de liberté à la minorité culturelle des francophones de Flandre - plus d'un demi million encore en 1947. Tous les dix ans, le Recensement de la population allait permettre à la commune flamande (ou wallonne) qui compterait plus de 30% d'habitants se déclarant de régime linguistique français (ou néerlandais), d'opter pour le bilinguisme, si elle le voulait. Ce système de référendum - il n'en portait pas le nom, mais c'en était bien un -, s'il anéantissait la citoyenneté culturelle des minorités francophones faiblement concentrées (à moins de 30%, elles n'existaient plus, le conseil communal ne pouvant pas même débattre de l'éventuel bilinguisme), avait le mérite de fixer une procédure démocratique pour relayer la volonté populaire, procédure conforme à la tradition des libertés communales héritée du moyen âge. On sait ce qu’il en est advenu lors du rejet du referendum de 1960. Vous en trouverez un résumé dans ce vieil article que j’avais publié en 2004.
La ténacité du Mouvement flamand ne se dément pas… à travers les générations.
Published by Claude Thayse
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Pour la petite histoire...
Yaya 08/08/2007 15:18
didier 06/08/2007 09:56
Francois 06/08/2007 08:15
Claude Thayse 06/08/2007 08:30
pierre duys 05/08/2007 12:59
Claude Thayse 06/08/2007 08:29
thomas 05/08/2007 01:05
Claude Thayse 05/08/2007 07:26