Voici ce que titrait hier le « vers l’Avenir » sous la plume de Catherine Ernens. Le titre exact aurait plutôt été : "les dirigeants des partis politiques wallons ont la tête dans le sable", mais passons. La journaliste interviewait Jules Gheude, collaborateur et ami de François Perin à propos de son dernier livre : « L’incurable mal belge »(*).
Depuis 40 ans, Jules Gheude observe l’évolution de la Belgique qu’il a accompagnée de ses écrits. Particulièrement celle du Mouvement wallon qui était, comme l’écrit fort justement la journaliste, « ce grand rassemblement qui portait les espoirs d’une Belgique meilleure ». Propos surprenants dans un journal qui nous a plutôt habitué à dénigrer ce combat ces dernières années. Signe de changement ?
Quelques extraits choisis :
« On vote le 10 juin et on ne dit rien aux gens »
« Je suis effrayé de voir que tous les partis construisent des programmes en oubliant qu’il faudra former un gouvernement »
« Les flamands sont lassés des compromis » (à rapprocher des déclarations de Vande Lanotte hier matin à la RTB(f) qui rappelait que les Flamands n’ont pas oublié les résultats de la négociation sur BHV…)
« Le docu-fiction de la RTB(f) annonçait la fin de la Belgique. On y est »
« L’impatience de la Flandre est devenue terrible, elle n’attendra plus 15 ans »
A propos des sondages : « Grattez. Aux sous-questions, les Flamands réclament massivement la fin des solidarités(…) Ils veulent en fait la fin du pays »
« (…) il y a les moins radicaux comme Verhofstadt. Mais que nous annonce-t-il ? Une grande réforme de l’Etat »
« Le moindre parti flamand faisant preuve de tiédeur communautaire sera laminé le 10 juin »
« Cette fois-ci la Nation flamande est mûre »
« Les présidents de partis francophones ne veulent rien voir. Ils jouent à l’autruche »
« Il y a une véritable crise de régime en Wallonie » A propos du Plan Marshall : « Il faudrait qu’il (Di Rupo) réussisse un changement profond des mœurs politiques, avant » A rapprocher de ce qu’écrit Jean-Yves Huwart attaché à la rédaction de l’hebdomadaire Trends-Tendances, dans un ouvrage intitulé "Le second déclin de la Wallonie".(**) « La Wallonie veut redevenir une des régions de pointe d’Europe d’ici dix ans. C’est jouable, mais il est grand temps de changer la méthode.» J’ajouterais : oui, c’est jouable, mais pas dans le cadre de l’Etat belge !
« Ce qui intéresse Di Rupo, c’est sa seule ambition. Il ne se bat pas pour la Wallonie. Il est devenu belgo-opportuniste »
« J’ai réellement cru au système fédéral »
« les bourgmestre de Hal-Vilvorde refusent d’organiser les élections. C’est un contexte révolutionnaire et personne ne bouge »
A propos de Leterme : « l’échelon fédéral ne l’intéresse que pour pouvoir décrocher d’avantage pour la Flandre .»
Bien vu. Nous ne disons rien d’autre.
Je préfère cet entretien à celui repris dans « Le Vif » de la semaine dernière où si je suis globalement assez d'accord avec Gendebien et Perin sur les causes du déclin wallon, celles des difficultés de son redressement et sur l’échec du fédéralisme, j'ai trouvé le ton assez dénigrant à l’égard de la Wallonie et des Wallons. Oubliant évidemment de préciser que ce n’est pas le Peuple wallon qui est responsable de la situation où il est, mais bien ses dirigeants qui n’ont rien vu venir et n'ont jamais écouté les éveilleurs de conscience désintéressés qu'étaient les membres du mouvement wallon. Le Vif a déjà été bien mieux inspiré.
Il est temps d'en finir avec les préjugés contre les Wallons. Et de relayer les critiques flamandes.
Nous n'avons pas à être honteux de nous-mêmes. Il est temps de préparer les Wallons à un autre destin.
Comme je l'ai dit dans mon discours de fin de mandat de président du RWF le 9 décembre dernier, "On ne peut pas aimer la France si on n'aime pas les Wallons ! Soyons fiers de ce que nous sommes !"
(*) Aux éditions Mols, 29 €
(**) Editions Racine